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HOSPITALIERS


qui eurent aussi une grande vogue, se ressentent d’une influence dominicaine. Les franciscains eurent la leur dans d’autres contrées. Il veut en somme une extraordinaire variété. Les évoques abandonnèrent aux chanoines l’administration de l’hôtel-Dieu voisin de la cathédrale ; ils se déchargeaient volontiers de la direction des autres sur leurs archidiacres. Ils chargèrent parfois un visiteur spécial de l’inspection et de la correction de ces établisscTnents et du contrôle financier. Ces services hospitaliers donnèrent satisfaction durant la paix et la prospérité du moyen âge. Mais ils ne purent pas plus résister que les autres institutions aux effets désastreux de la désorganisation qui suivit la guerre de Cent ans. Les abus se multiplièrent alors comme partout ailleurs.

Les maladrerics ou léproseries étaient à la fois des maisons de charité et des lieux de séquestration ; elles remontent au xiiie siècle et elles furent très nombreuses. Il y en avait au moins une cinquantaine dans ! c feul diocèse de Paris. On leur doit la disparition de la lèpre. Les seigneurs hauts-justiciers des communautés d’habitants contribuaient àîeur fondation ; celles-ci pouvaient s’associer pour en avoir une. Les évéciues avaient la direction de ces établissements charitables dans l'étendue de leurs diocèses. Ils décidaient par eux-mêmes ou par l’archidiacre ou l’official des malades qui devaient être enfermés, en prenant l’avis des médecins. La réclusion prenait un caractère religieux, elle se faisait avec un cérémonial liturgique. Les soins étaient donnés par un personnel religieux, semblable à celui des maisons-Dieu, et sujet comme lui au contrôle de lévêque et à la visite de ses délégués. Les léproseries disparurent toutes pendant la guene de Cent ans et il ne fut plus question de ! e> rétablir.

4° Temps modernes. - Durant les premiers siècles et pendant tout !e moyen àsre, l’hospitalité fut donc exclusivement ecclésiastique. Les autorités civiles s’y intéressèrent, mais elles ne cherchaient pas à la diriger. Leur attitude changea dans le ; temps modernes. Les rois avaient déjà rattaché à la (irande Aumônerie la direction des établissements charitables de fondation royale. L’insuffisanre des hôpitaux et les désordres de leur gestion amenèrent au xvi'e siècle les interventions de l'État et des municipalités. La législation cherch ; it à restreindre la mendicité. La police se mêlait de l’assistance ; on marchaiters la charité légale. Auxvipsiècle, l'élan de la foi retarda la laïcisation de l’assistance par ses fondations multip’es. Louis XIV imposa aux paroisses la charge de leurs pauvres et il institua dans les villes les hôpitaux généraux, où l’on réunissait le ; l)auvres sans domicile. Il y eut un effort du gouvernement pour soumettre !e régime hospilaMer à une réglementation uniforme. La gestion temporelle des hôpitaux fut exercée au nom de l'État et sous sa direction par des laïques. Les religieux et rcligicu es garrlaient le soin des malades et l'Église avait la direction spirituelle de la charité ofliciclle. L’initiative privée ne perdit point ses dnoits ; elle multiplia les fondations. On remar(, ue un progrès sur les périodes antérieures : l’assistance se spécialise en raison des besoins. Dans cette voie, l'Église continue à rendre les plus grands services. La Révolution entreprit d’unil ! er par l’extension des droits de l'État et de laïciser les services intérieurs. Il y eut en France pendant le xix » siècle une réaction contre ce régime, qui a été repris depuis ]>ar le gouvernement de la Hépublique.

Les anciens ordres hospitaliers continuèrent leurs services, mais il s’en fonda un grand nombre, la plupart avec un but très spécial. Ils se rattachent volontiers à la règle de saint Augustin. Q)uclques-uns s’agrègent aux tiers-ordres de saint François ou de saint Dominique. Beaucoup se donnent des statuts originaux. Les congrégations de femmes l’emportent sur celles des

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honuncs par le nombre et l’imporiance. L’initiative charitable n'était jamais allée aussi loin. Elle s’est encore accrue au xix » siècle, où on l’a vue organiser avec succès l’assistance à domicile. Il n’y a plus une misère qui ne trouve dans la société chrétienne une institution religieuse et charitable vouée à son soulagement. Ne pouvant énumérer ici toutes ces congrégations, nous nommerons les plus connues, en commençant par les hommes.

1. Congrégations d’hommes.

Frères de la Charité. fondés par saint Jean de Dieu, en 1537 ou 1540, à Grenade, approuvés par saint Pie V (1571), se propagent rapidement en Espagne, en Portugal, en Italie, en.Allemagne et en France, où ils eurent trente-huit maisons à la veille de la Révolution. — Ministres des infirmes, fondés par saint Camille de Lellis (1582) autour de l’hôpital de Saint-Jacques, à Rome, avec le quatrième vœu d’assister les moribonds même en temps de peste, approuvés par Sixte V et répandus en Italie, en Hongrie et en France. — Somasques, fondés par saint Jérôme Émilien (1528), pour recevoir et éduquer les orphelins à Venise, érigés en congrégation par Paul III (1540), se propagèrent en Italie, en Allemagne, en Suisse et en France. — Frères de la Chariti de Saint-Hippolijte. fondés à Mexico par Bernardin Alvarez, en 1585, eurent leurs hôpitaux dans l’Amérique latine. — Obregons ou Frères hospitaliers ou du tiers-ordre de Saint-François, fondés à Tolède par Bernardin d’Obregon (1569), se propagèrent en Espagne et dans les Pays-Bas. — Bons fleux, tertiaires de Saint-François, fondés à Armentières (1615), eurent le soin des malades dans les hôpitaux de Dunkerque. Bcrgues et Ypres. — Frères gris de la Charité, fondés à Naples, en 1859, par Ludovic de Casaria pour le soin des incurables. — Cloneettini ou Fils de l’Immaculée, fondés en 1854 pour le soin des malades. — Frères de Notre-Dame de la Miséricorde, fondés à Malincs par le chanoine Schepers (1839) pour l'éducation des enfants, le soin des malades et des aliénés, sont nombreux en Belgique.

2. Congrégations de femmes.

Notre-Dame dti Rejuge, fondée à Nancy (1624) par la mère Elisabeth de la Croix-de-Jésus pour arracher à la débauche quelques-unes de ses victimes, eut des maisons < Nancy, Avignon, Arles, Toulouse. Lyon, Montpellier, etc. — Le Père Eudes fonda dans un but semblable les Soeurs du Bon-Pasteur à Cæn, en 1644. — Marie Le Pelletier forma avec la maison d’Angers une congrégation distincte (1835), qui a pris une extension considérable dans le monde entier. — Le P. Mole, capucin, avait instituédans le mêmebut (1618)lesMaf/e ?onnc//r'î. qui curent des maisons à Paris, Rouen et Bordeaux. — D’autres associations religieuses existaient déjà ou furent fondées sous le vocable de sainte Madeleine à cette même fin. -- Mme Polaillon assigna ce même but aux Filles de la Providence de Dieu, qu’elle avait fondées en 1643. — Hospitalières de la Charité-h’otreDame, fondées par Françoise de la Croix, à Paris, on 1624, s’occupaient spécialement des femm.-s malades et eurent des hôpitaux à Paris, Toulouse, Béziers, Bourg, Albi, etc. — Les Filles de la Charité, fondées par Mme Le Gras (1633), sous la direction de saint Vincent de Paul, se répandirent rapidement dans les hôpitaux et les diverses œuvres d’assistance. On les appela en Espagne et en Italie. Elles sont devenues plus nombreuses encore après la Révolution. Leur chiffre approche de 10 000 et on les trouve dans le monde entier. — Sœurs de Sninl-Charles de Nancy, fondées en 1629 dans cette ville, d’où elles se répandiren' en Lorraine et dans les pays voisins. - Sœurs de SaintThomas de Villencuoe, fondées par le 1'. Prout, augustin, en 1679, à Lamballe, eurent de nombreux établissement.'et se reconstituèrent après la Révolution. Saurs

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