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s’agissait surtout de la défense des privilèges et des biens ecdésiastiques, qui étaient alors très menacés en Pologne par les progrès de la Réforme et que Sigismond-Auguste, selon Hosius, ne défendait pas avec assez de vigueur.

lin efl’et, à la diète de Varsovie, en mai 1563, le parti protestant avait pu contester ouvertement au concile de Trente le caractère d'œcuménicité. Par une ironie singulière, Modrzewski avait été le seul à le défendre. Ce fut l’occasion d’une intervention nouvelle de Hosius. Elle lui fut offerte expressément par une lettre que lui adressa l’un des esprits les plus curieux de la Pologne au xvie siècle, Stanislas Orzechowski =^ Orechovius. Cf. L. Kubala, Slanislaw Orzechowski, s. 1. n. d. Dans une lettre datée de Przemysl, 23 mai 1563, il reconnaissait expressément le pape comme la tête « et la bouche » de tous les ministres de l'Église de Dieu. ^Nlais en même temps, comme Ruthène, il réclamait au nom des patriarcats orientaux qui n'étaient pas représentés à Trente, et sans lesquels aucun concile œcuménique ne s'était jamais tenu. Hosius lui répondit, le 30 août, par le traité De locn et audorilate romani pontificis in Ecdesia Chrisii et conciliis. Il démontrait avec une grande érudition quelle avait toujours été l’attitude de Rome vis-à-vis des Églises orientales dans la question des conciles et assurait Orzechowski que les rites de l'Église ruthène et de l'Éghse arménienne ne couraient aucun risque à Trente. La démonstration de Hosius ne paraît pas avoir absolument convaincu Orzechowski. Du moins resta-t-il l’adversaire décidé de tous les sectaires qui jetaient alors la confusion dans l'Église polonaise, à commencer par Modrzewski.

Parti de Trente le 14 décembre 1563, Hosius arrivait à Frauenbourg en février 1564. Il fit dès lors sa résidence habituelle du château épiscopal de Heilsberg, près de cette ville. La situation religieuse s'était aggravée et dans son diocèse de l’Ermland et dans toute la Pologne. A Elbing en particulier, son action et le compte rendu qu’il en avait donné lui avaient valu, dès 1556, une Responsio ad cahimnias Slanislai Hosii in quitus ium Elbingenscs. lum omnes alios, qui Augustanam Cvn/essionem amplcctuntar, defeciionis ab Ecdesia et hæreseos accusât. L’auteur en était un pasteur luthérien, qui allait devenir superintendant en Saxe, Jérôme Menzel, En 1562, le même adversaire publiait deux dissertations, l’une déjà ancienne — elle datait de 1545 — d’un docteur en théologie de Kœnigsberg, Stanislas Rapagelanus, De Ecdesia, l’autre. De conjugio sacerdolum, qui était son œuvre, et qu’il dirigeait contre l'évêque de l’Ermland. Enfm, l’année suivante, il y ajoutait un Epiiome blasphemiaTum et alrocissimarum criminationum ex duobus ejusdemOsiUibdlis, fidditer cxccrpla, cum brevi refulalione. Le tout était dédié au protecteur des protestants en Pologne, le palatin de Vilna, Nicolas Radziwill. Toutes ces polémiques, les prédications de quelques pasteurs et les intrigues de Vergerio causaient de grands troubles dans la ville, ainsi qu'à Braunsberg. L'évêque s’empressa de mettre ordre à toutes ces menées. Il commença par Braunsberg et fit publier les décrets du concile de Trente dans son diocèse, enlevant ainsi tout prétexte légal à ses adversaires. En même temps, il donnait un grand essor au collège que les jésuites y avaient fondé. Il continua par Elbing. Mais la ^nUe ne dépendait pas immédiatement de lui. Il fallut recourir au roi. Sigismond-Auguste écrivit bien au sénat et aux consuls de la ville. Mais il s’en tint, comme d’ordinaire, aux paroles. Hosius rendit compte de sa conduite dans une nouvelle série A' Acla publiée en 1564 et 1565. Il y répondait en particulier aux attaques de Menzel. C’est à cette occasion probablement qu’il composa le recueil de textes où il revendiquait

pour les évoques le droit et le rôle de juges de la foi : Loca excerpta quibus oslenditur ad episcopos judicium de fidei religiunisque controversiis pertinere.

Son diocèse n'était pas seul à lui causer des soucis. Pendant son absence, la Pologne tout entière avait été littéralement envahie par des sectaires chassés du reste de l’Europe, catholique ou protestante, auxquels elle ollrait un asile assuré. Ochino et, après lui. tout un groupe d’Italiens fugitifs, que Genève et Zurich avaient successivement rejetés, s'étaient réunis autour de l’ancien confesseur de la reine Bonne, veuve de Sigismond l’Ancien, le moine apostat Lismanin. Grâce à la décision de la diète de Varsovie, qui, en 1563, avait autorisé les nobles polonais à pratiquer librement, dans leurs domaines, la prédication de l'Évangile, ils répandaient à leur aise les doctrines antitrinil aires. C’est en face de ce chaos que se trouvait Hosius. Précisément les théologiens de Zurich, poussés par Bullinger, et, avec eux, les théologiens de Heidelberg, venaient de publier contre ces sectaires un manifeste très vif, Judicium et censura minislrorum Tigurinorum et Heiddbergensium de adoranda Trinitatc. Ils y attaquaient les disciples d’Ochino, protégés de Lismanin, en particulier Blandrata et Gentile, puis un de leurs adversaires, qui, du reste, ne différait d’eux que par des nuances, Stancaro. Ils les dénonçaient au bras séculier, soutenant que la décision de la diète de Varsovie excluait formellement les doctrines antitriniaires. Le Judicium avait eu une édition à Craco-ie. Un coreligionnaire de Bullinger, que Hosius ne nomme point — symmistes quidam vester — en avait fait le sujet de sermons polonais qui avaient été imprimés et répandus dans le peuple. Hosius saisit l’occasion. II publia, en 1564, sous le titre de Judicium et censura île fudicio et censura minislrorum Tigurinorum et Heiddbergensium de adoranda Trinitate, un ouvrage dans lequel il montrait comment les hérésies sont solidaires les unes des autres, et comment les protestants se condamnaient eux-mêmes en exigeant la condamnation des antitrinitaires. Cet écrit eut un grand retentissement. Bullinger se crut obligé d’y répondre. Il le fit dans une longue préface publiée en tête du traité de son disciple Josias Simler, De selerno Dei Filio, dirigé contre les doctrines d’Ochino. Cette préface est datée du mois d’août 1568.

Les difficultés qu’il éprouvait sans son diocèse de l’Ermland provenaient en grande partie de la situation politique de la Prusse orientale. Cette province, en effet, ne tenait à la Pologne que par une union personnelle. De là une grande indépendance des villes et de leurs conseils 'is-à-vis du gouvernement du roi. Cette situation favorisait au plus haut point la diffusion des idées nouvelles. Hosius, comme évêque de l’Ermland, était de droit président des États de Prusse. D s’efforça donc de transformer cette union personnelle en union réelle, afin de pouvoir agir jilus vigoureusement en faveur du catholicisme. Il ne se cachait point du reste des sentiments qui l’inspiraient et déclarait expressément qu’il n’avait qu’un seul souci, le bien de la religion. Ses efforts aboutirent à la diète de Lublin, le 16 mai’s 1569. Les représentants des États prussiens voulaient s’y engager solennellement à repousser toute volonté du roi qui blesserait leurs privilèges. Hosius intervint personnellement. Son influence détermina les députés à repousser le projet et, à accepter les termes du célèbre édit de Lublin qui rendait plus étroits les liens entre la Pologne et la Prusse orientale. En même temps, il secondait de son autorité et de sa plume les efforts des jésuites du collège de Braunsberg. C’est à l’occasion d’une conversion faite par eux qu’il écrivit en 1567 les PalinodiiS sive revocationes Fabiani Quadranlini, cum