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<leux autres légats, Morone et Seripando, à Trente, le petit traité que Bullinger venait de publier contre la convocation du concile, sous le titre De conciliis. Hosius demandait aux légats d’y faire une réponse. Morone proposa d’utiliser à cette fin un traité posthume de Reginald Pôle, QuestiuncuUe de concilio, dont il retrouva le manuscrit dans ses papiers. On l’envoj’a à Rome, qui approuva le projet. Mais le manuscrit ne fit retour que le 1°' août. Hosius arrivait alors à Trente. On ajouta au petit traité une courte Vila du cardinal Pôle, œuvre de l’imprimeur Paul Manuce, des notes de Seripando. et une préface des trois légats, qui semble bien être de la plume de Hosius. Le tout parut à Rome, en 1562, sous le titre : De concilio liber Rcqinaldi Poli cardinalis. Ce fut la première publication de l’imprimerie fondée par le pape sous la direction de Paul Manuce, en vue des travaux que le concile allait provoquer. Une lettre de Seripando à cette occasion nous apprend que Hosius composait alors un ouvrage sur les conciles sous forme de lettres, et qu’il voulait le publier à Cologne. Cet ouvrage n’a pas vu le jour.

La nomination de Hosius comme légat avait excité ses adversaires. Quelques semaines après son arrivée à Trente, paraissait à cette occasion une nouvelle attaque de son vieil ennemi Vergerio, Comparution Ira’l concilio Basiliensee il Tridentino. L’auteur y demandait au roi de Pologne d'écarter Hosius comme représentant au concile et il le dissuadait d’y envoyer des membres du clergé polonais. Hosius n’en fut pas moins désigné pour cette charge. Du reste, en raison de sa science théologique, les deux autres légats lui réservèrent plus spécialement la direction des discussions dogmatiques. De Rome même, au début de 1562, on le charge d’examiner un ouvrage de Bucer, probablement le De regno Christi. En avril, il a mission de faire un rapport sur les raisons pour lesquelles l’archevêque de Prague demandait au concile la permission d’ordonner des prêtres utraquistes. Il prenait position dans la question, alors vivement débattue, de l’institution des évêques. Les Espagnols et les Français voulaient la faire déclarer de jure divino. Hosius blâmait cette attitude. C'était, selon lui. vouloir énerver l’autorité de l'Église et lier les mains du jiape. En juin, il obtint de l’archevêque de Prague l’abandon des propositions de réforme que celui-ci déclarait apporter au nom de l’empereur. Un peu plus tard, il traitait avec l’ambassadeur de Ferdinand la question du calice.

Mais il s’intéressait surtout à la doctrine. Ici non plus les difficultés ne manquaient pas. En juillet 1562, il dirige la rédaction du décret concernant la sainte messe. Une grande discussion s'était élevée entre les théologiens pour savoir si Notre-Seigneur, à la dernière Cène, avait offert le saint sacrifice. Hosius l’avait soutenu dans ses ouvrages antérieurs. Il était appuyé sur ce point par les deux théologiens qui avaient soulevé la question, et pour lesquels il avait beaucoup d’estime, Salmeron et Torrès. Aussi ne cachait-il point au cardinal Borromée son désir de voir modifier en ce sens la rédaction du décret..Mais il se heurtait sur ce point à l’opinion des deux autres légats, en particulier de Seripando, qui s’exprimait là-dessus avec une extrême vivacité. Hosius avait du reste pour lui la grande majorité des Pères et l’appui de Rome. Le décret tut prorogé. Mais, en fin de compte, ce fut lui qui remporla dans le vote définitif du 17 septembre 1562.

La question de l’institution des évêques revint en octobre, à l’occasion riu décret sur le sacrement rie l’orrirc. L’archevêque de Grenade réclamait instamment l’insertion de la formule dr. jure divino. Hosius fit remarquer que les protestants n’avaient pas nié cette

doctrine et que, même, la Confession d’Augsbourg l’admettait expressément. Il concluait qu’il n'était aucunement nécessaire d’en faire mention. Un peu plus tard, comrie les Espagnols devenaient pressants sur ce point, Hosius conseilla à Rome d’admettre le droit divin des évêques, mais quoad ordinem tantum. Le conseil fut du reste inutile. En février 1563, le cardinal de Lorraine avait présenté, au nom de la France, tout un programme de réformes. Hosius fit remarquer que les demandes de l’empereur étaient de beaucoup antérieures. C'était un moyen de les écarter. Il fut chargé des négociations sur ce sujet avec le cardinal de Lorraine. En avril, il intervint encore à son propos. Dans la discussion du décret concernant les abus du sacrement de l’ordre, le cardinal de Lorraine avait introduit de sa propre autorité quatre nouveaux canons qu’il avait soumis à la commission des théologiens. Hosius réclama et fit écarter, non sans peine, ces canons subreptices. Mais ces interventions le fatiguaient visiblement. Il avait été gravement souffrant à plusieurs reprises. Il demanda à Pie IV de le relever de sa charge. Le pape lui fit répondre que sa présence était nécessaire à Trente jusqu'à la fin du concile. Il ne quitta la ville en effet que le 14 décembre 1563.

Alalgré le fardeau qu’il avait à porter comme légat, Hosius n’oubliait pas la Pologne et la Prusse orientale. En mai 1561, deux dominicains qui exerçaient leur ministère en Pologne demandaient aux légats une délégation du saint-siège pour recevoir le ; abjurations, non pas solennellement, comme il était prescrit, mais en secret. Le pape accorda cette faculté et chargea le nonce en Pologne, Bongiovanni. évêque de Camerino, d’accorder ce pouvoir à qui lui paraîtrait digne. Les dominicains eussent préféré que la substitution se fît en faveur de l’archevèque-primat de dnesen, Przerembski. Hosius, qu’on avait chargé de toute cette affaire, refusa de les suivre et le nonce garda seul ce pouvoir. Vers la même époque, Bongiovanni insistait au synode de Varsovie, jiour que le clergé polonais fût dignement représenté au concile. Devant la difficulté d’envoyer des évêques, on décida de déléguer l’abbé mitre de Sulejow, Faleiicl<i, que l’archevêque de Gnesen demandait en même temps comme coadjuteur. Celui-ci se présenta à 'freite avec le titre de procurateur des abbés polonais et réclama le droit de vote. Il lui fut refusé. Mais Hosius insista auprès de Sigismond-Auguste pour que la Pologne fût plus dignement représentée au concile. Il n’eut gain de cause qu’un an plus tard.

Ces tergiversations ne refroidissaient pas son zèle.

Le 23 mars 1562, il adressait une longue lettre au duc I lenri de Brunswick, beau-frère de Sigismondvuguste, pour le presser d’envoyer des représentants au concile. Cette lettre, qui fut publiée aussitôt, lui valut une nouvelle attaque de Vergerio, qui publia un petit pamphlet sous le titre : Di un epistola lalina (Ici cardinal Osio, scrilla ail' illiisirissimo signor duca di lirnnsvico nclla causa del concilio. Le duc Albert de Bavière prit soin de faire répondre à ce libelle par son théologien Staphylus. Hosius l’en remercia dans une longue lettre, où il justifiait son attitude. Cette polémique mit un terme aux espérances que, de Rome même, on avait caressées, à propos d’une participation des protestants wurtembergeois et strasbourgeois, sinon au concile, du moins à un colloque préparatoire à l’union. En effet, Vergerio était, avecSturm et Zanrhl, le iiorte-parole de ce groupe réformé qui avait pour chefs Christophe de Wurtemberg et le duc rie Deux-Ponts. Au commencement de 1563, Bongiovanni était rappelé de Pologne, llosius riemanda aussitôt à Rome de le remplacer par (lommenrione, plus ferme et plus riécirié. Il obtint cette nomination malgré l’opposition de Bongiovanni lui-même. Il