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GEORGIE


domination s’étendit sur toute l’Asie Mineure et qui envoyèrent des colonies jusqu’en Europe. D’après I lérodote, ils étaient également apparentés aux Moschi, aux Tibareni, aux Macroni et aux Colchi dont on retrouve les descendants parmi les habitants du Caucase. Ils furent très souvent en guerre contre l’empire assyrien, du xiie au viie siècle avant Jésus-Christ. Ils survécurent même à cet empire, mais, affaiblis par les invasions des Scythes et des Cimmôriens au viie siècle, et aussi par leur fractionnement en de multiples tribus rivales, ils reculèrent petit à petit vers le nord devant les Arméniens envahisseurs. Vers 540, Cyrus le Grand soumit la Géorgie qui forma avec l’Albanie, contrée voisine, la 18e satrapie sous Darius (521-485).

Depuis longtemps, la Géorgie était en relations avec la Grèce. C’est en Colchide (la Mingrélie actuelle) que les Argonautes allèrent, d’après la légende, chercher la Toison d’or, sous la conduite de Jason. Les Grecs continuèrent à y venir pour faire du commerce et ils y établirent même des colonies. Un des lieutenants d’Alexandre, nommé Azon, soumit le pays et s’en attribua le gouvernement à la mort du héros macédonien. Les exactions auxquelles il se livra amenèrent une révolte et il fut renversé par un chef indigène, Pharnavaz, qui se proclama roi. C’est Pharnavaz qui aurait inventé l’alphabet géorgien. Quelques auteurs lui attribuent l’introduction du culte perse d’Ahoura-Mazdâh ou Ormuz, auquel une idole fut élevée à Mtskhéta sous le nom d’Armaz. Nous verrons un peu plus loin que tous les historiens n’expliquent pas de la même façon l’attitude de ce roi en face du mazdéisme. Les Romains tentèrent à plusieurs reprises de conquérir les riches provinces du Caucase, mais ils n’y réussirent qu’en 63 avant Jésus-Christ, sous la conduite de Pompée. Les rois indigènes conservèrent leur trône à la condition de reconnaître la suprématie de Rome.

Pharnavaz I er avait fondé au ive siècle avant Jésus-Christ la dynastie des Pharnavazides, remplacée momentanément par celle des Archakides en la personne du roi arménien Archak (i cr siècle avant Jésus-Christ). Les guerres entre les représentants de ces deux dynasties furent opiniâtres et durèrent jusqu’au règne de Mirian, qui fonda la troisième dynastie, celle des Sassanides, à la fin du m° siècle de notre ère. Les Pharnavazides étaient soutenus par les Perses et les Archakides par les Arméniens.

III. Religion primitive.

La religion primitive des Géorgiens n’a encore été étudiée que d’une façon très sommaire. On ne la connaît du reste que par ce qui en persiste dans les contes et chants populaires. Jusqu’ici, en effet, il a été impossible de découvrir aucun monument ancien ni aucun document écrit permettant de faire là-dessus un peu de lumière. Force nous sera donc de nous en tenir aux détails que nous fournissent les légendes populaires. Nous le ferons d’après ce qu’en dit le très érudit professeur A. Khakhanachvili, dans son Histoire de lu littérature’léorgienne, Tiflis, 1904 (en géorgien). On verra par cette étude qu’il a eu probablement superposition île plusieurs religions ou du moins influence des religions étrangères sur celle de la Géorgie. Mais il est malaise de reconnaît rc les croyances piimitivi milieu des apports qui sont venus les enrichir ou les déformer dans la suile des temps.

i Les divinité » . On peut admettre que les premiers Géorgiens liaient monothéistes, comme la

plupart des peuples primitifs. Il semble qu’ils ont plus tard Identifié Dieu avec le soleil et avec la voûte

te, ainsi que le firent les Aryens et les iranien’,

l.e ZOroastrisme exerça dans la suile une influence

dérable sur les croyances des Géorgiens. On pourra facilement s’en rendre compte par certains

détails qui vont suivre. A une époque indéterminée, ils admirent la dualité dans la divinité. Il y eut le Dieu bon, identifié avec le soleil, auteur du bien et créateur de l’homme, et le dieu mauvais, Arimani, ennemi de la lumière (soleil) et de l’homme. Le soleil, ou le dieu bon, était constamment en guerre contre le dieu mauvais et ne cessait de répandre sur les mortels la lumière et la chaleur. Il avait ses fêtes, ses autels et ses ministres. Le peuple célébrait avec de grandes réjouissances sa victoire sur le froid glacial de l’hiver, quand il rajeunit au printemps la nature tout entière. Bien que le christianisme ait pénétré de bonne heure en Géorgie, la croyance au soleil a laissé des traces manifestes. Même aujourd’hui, on retrouve des réminiscences de la religion primitive mêlées et confondues avec des épisodes de l’Évangile..Non seulement on personnifiait et on adorait le soleil, mais on lui offrait des sacrifices et on lui rendait des actions de grâces pour le grand bienfait qu’il procurait à la terre par son apparition brillante. Voici une prière antique qu’on a encore l’habitude de réciter quand il pleut : « Soleil, soleil, lève-toi, je t’immolerai une brebis grasse, je te la cuirai, je te la salerai et je te l’offrirai sur un plateau. » Il existe aussi une ronde qui se dansait jadis en l’honneur du soleil et dont le mouvement en rond rappelle probablement la rotation de cet astre. Les danseurs chantaient : Delà, delà, matin, matin, en signe de la joie et de la vénération que leur inspirait la vue des premiers rayons du soleil. La ronde est toujours en honneur. De plus, cette coutume est tellement passée dans les mœurs que toutes les chansons populaires, doivent, aujourd’hui encore, renfermer le mot delà, répété au moins deux fois. Primitivement, le soleil n’était pas représenté sous une figure humaine. Ce n’est que plus tard, sous l’influence à peu près certaine du mazdéisme, qu’on lui érigea une idole appelée Armaz (comparez avec l’Ahoura-Mazdâh des Perses, en parsi Ormazd). Cette transformation introduisit le culte du feu, au moins autant que dura la domination des Perses sur la Géorgie. D’après les ailleurs géorgiens, Pharnavaz, roi de Géorgie a la lin du ive siècle avant Jésus-Christ, voulut soustraire son royaume à l’influence perse en faisant disparaître le culte du feu importé par les Perses. Il ne se contenta pas de détruire les temples et de chasser les mages, il inventa encore un nouvel alphabet, le khoutsouri ou sacerdotal, pour achever la destruction du culte proscrit. Telle est du moins la thèse des auteurs géorgiens.

Armaze avait un héros mortel, Aniirani. le Prométhée géorgien, qui est le sujet de légendes typiques encore très répandues dans les renions du Caucase D’après les contes populaires, le dieu mauvais s’appe lail Arimani, que les Géorgiens avaient identifié avec le dieu des Perses, probablement en souvenir des persécutions qu’ils eurent ù souffrir de la part de ce peuple. Arimani. ennemi de la lumière et de l’homme, avait lui aussi son héros, le Dragon, et des démons a

son service, les daivis. Dragon ci daivts persécutaient avec acharnement les hommes que protégeait Amirani, le héros du dieu bon. l.e i fragon joue un rôle Important dans l’enlèvement de la Toison d’or. Virgile l’a fort

bien représente dans l’épisode de l.aocoon. Enéide, II.

199 233. l.e dragon vaincu par saint Georges de Cap padoce est probablement une réminiscence de ce

monstre, i.es dumis de la tradition géorgienne ne ressemblent pas tout a tait aux daivat de Zoroastre,

l)iin qu’ils aient probablement une origine commune. Ce ne sont pas île purs esprits ; ils mènent une le bonde au milieu des fruits et des rochers, cherchant

toujours à nuire à l’homme, partout où ils le rencontrent.

On haïr attribue parfois plusieurs tête*. « Miellé qui soit la tonne qu Un leur prête, ils sont tOUJOUl