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GEORGES LE MÉTOCHITE — GÉORGIE

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de Georges Métochite. Ils sont reproduits dans Migne, t. cxli, col. 1405-1424, d’après V Auctarium novum de Combefis, t. ii, p. 1017, et d’après plusieurs citations faites dans les ouvrages d’Allatius. Allatius, De F.cclesiæ occidentalis atque orienlalis perpétua consensione, 1. II, c. xv, § 9, Cologne, 1648, col. 773, fait grand cas du fond dans l’œuvre littéraire de Georges le Métochite, mais il se plaint de la dureté de son style : Dictio in omnibus dura, composilio aspera, nullo fuco, nullo lenocinio demollita : ubique tamen piclatem redolct. Sententiæ graves, argumenta ad probandum id quod voluil flrma, sed elocutione et compositione nominum horrida et conjragosa. lndignus tamen auctor qui tamdiu cum tincis luctetur sibique soli sapiat. Au demeurant, l’éloge n’est point banal sous la plume d’un critique aussi franc et aussi compétent. Que n’a-t-il suffi à susciter un éditeur qui, continuant l’œuvre d’Allatius, eût arraché le reste des œuvres manuscrites de Georges le Métochite à leur lutte séculaire contre les mites des bibliothèques I Mentionnons entre autres manuscrits qui les contiennent, le cod. Marcian. Class. 2, 8, du xiiie siècle, le cod. Paris. 1260, du xv<e siècle, et le cod. Paris. 2751, de l’année 1541. Krumbacher, Geschichte der byzanlinischen Litcratur, 2e édit., Munich, 1897, p. 98.

Allatius, Diatriba de Georgiis eorumque scriptis, n. 137, Paris, 1651, p. 345-348, reproduit dans Fabricius, Bibliotheca grœca, Hambourg, 1737, t. x, p. 670-677 ; 2e édit. par Harles, t. xii, p. 44 sq. ; voir aussi Allatius, De Ecclesiæ occidentalis atque orientalis perpétua consensione, Cologne, 1648, col. 769-773 ; Cave, Scriplorum ecclesiasticorum historia literaria, Bâle. 1745, t. ii, p. 320-324 ; Krumbacher, Geschichte der bgiantinischen Literatur, 2e édit., Munich, 1897, p. 98, 550 ; Maimbourg, Histoire du schisme des grecs, Paris, 1677, p. 413, 481 ; M. Treu, Maximi monachi Planudis epislulæ, Brestau, 1890, p. 194, 211, 212.

S. Salaville.

    1. GEORGIE##


GEORGIE. — I. La Géorgie et les Géorgiens. II. Époque primitive. III. Religion primitive. IV. Conversion de la Géorgie. V. Entre Arméniens et Géorgiens. VI. Organisation de l’Église. Autonomie. VII. Histoire politique du ve au xiiie siècle. VIII. L’Église géorgienne du vi° au xin° siècle. IX. La vie religieuse en Géorgie. X. Les Géorgiens dans l’empire byzantin. XI. Histoire politique du xiiie au xix c siècle. XII. L’Église géorgienne du xiiie au xix c siècle. XIII. La Géorgie occidentale. XIV. Organisati m de l’Église géorgienne. Liste des évêchés. XV. Le régime russe en Géorgie. L’exarchat. XVI. Situation actuelle. XVII. Liste des catholicos et des exarques. XVIII. Le rite gréco-géorgien. XIX. Hagiographie. XX. Langue et littérature géorgiennes. XXI. Les missions latines du xiiie au xviie siècle. XXII. Mission des Pères théatins (1626-1700). XXIII. Mission des Pères capucins (1661-1845). XXIV. Les catholiques géorgiens de 1845 à nos jours.

I. La Géorgie et les Géorgiens.

La Géorgie (en russe Grousia, en persan Gourdjistan, en géorgien Karthvélie ou Karthïie) est la partie de la Transcaucasie russe connue des anciens sous le nom d’Ibérie. Elle comprend les bassins de l’Ingour, du Rion (le Phasis des Grecs), du Tchorokh et du Kour (Cyrus) jusqu’au confluent de ce fleuve avec l’Alazane. Ses limites sont au nord-est le Daghestan, au nord le Caucase, au sud et au sud-ouest l’Arménie et les provinces turques d’Asie Mineure. La Géorgie est divisée géographiquement, par les contreforts qui réunissent le Caucase à l’Anticaucase et au massif arménien, en trois régions bien différentes : à l’ouest, le bassin du Tchorokh, au centre, ceux de l’Ingour et du Rion, tous trois ouverts du côté de la mer Noire, qui jouissent d’un climat humide et chaud et dont le sol est merveilleusement fertile ; à l’est, le bassin du Kour orienté vers la mer Caspienne, dont le climat continental est

plus sec et plus froid en hiver. Les cultures les plus diverses, coton, maïs, riz, blé, millet, vigne, arbuste à thé, olivier, figuier, grenadier, etc., se rencontrent partout dans les plaines ; l’élevage fait la fortuni régions montagneuses du nord et du sud. Parm richesses minérales citons la houille, le manganèse, le naphte, les mines d’argent, de cuivre, de fer et de nombreuses sources d’eaux minérales et thermales.

Les habitants, les Géorgiens ou Ibères, se donnent le nom générique de Karthvels, mais ils sont loin de former un peuple complètement homogène. Les barrières naturelles qui séparent les diverses régions de la Géorgie ont amené Ja constitution de groupements distincts, dont les destinées ont été souvent fort diilérentes. On distingue principalement, à l’est, les Karthvels, qui ont donné leur nom à la race tout entière, et les Kakhètes ; à l’ouest, les Mingréliens, les Imérétiens, les Gouriens et les Lazes ; dans les montagnes vivent les Svanètes ou Svanes, les Khevsours, les Pchaves et les Thouches. Les provinces qu’habitent ces différentes tribus sont la Karthïie, la Kakhétie, lTmérétie, la Mingrélie, la Gourie, l’Adjarie, la Lazie. la Meskhétie, la Svanétie, la Pchavie, la Thouchétie et la Khevsourie, qui correspondent aux provinces russes actuelles de Grousie, capitale Tiflis, de Koutaïs et de Ratoum, ainsi qu’à une partie du vilayet turc de Trébizonde, la Lazie ou Lazistan. A part les Lazes et quelques autres tribus, qui ont embrassé l’islamisme, tous les Géorgiens sont chrétiens et appartiennent en presque totalité à l’Église russe officielle qui les a incorporés de force au xixe siècle. Les ethnographes ne sont point d’accord pour ranger cette race dans une catégorie déterminée. Elle est certainement indœuropéenne, mais elle semble former avec certaines autres qui habitent le Caucase une catégorie à part que les savants ont fini par désigner sous l’épithète purement géographique de races caucasiennes.

II. Époque primitive.

Les légendes indigènes font remonter les origines du peuple géorgien à Karthlos, descendant de Japhet, qui s’établit sur les rives du Kour, à son confluent avec l’Aragvi. Il y fonda la ville de Karthli, qui donna plus tard son nom à toute la province. Un autre groupe s’installa à Mtskhet, au bord du Kour ; la fondation de cette ville, qui fut pendant longtemps la capitale de la Géorgie, est généralement attribuée à Mtskhétos, fils de Karthlos. Rrosset, Histoire de la Géorgie, Saint-Pétersbourg, 1849, t. i, p. 15-23.

Quoi qu’il en soit de ces légendes, l’histoire et l’archéologie s’accordent à constater, dès la plus haute antiquité, la présence des Géorgiens dans les régions qu’ils habitent encore aujourd’hui. Ils s’étendaient même plus à l’ouest et surtout au sud, dans le massif arménien. La plupart des orientalistes sont, en effet, d’avis qu’il faut les identifier avec les fameux Alarodiens du royaume d’Ourartou, dont le centre était la ville de Van et qui ont laissé des inscriptions cunéiformes très intéressantes. F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, Paris, 1882, t. iv, p. 245 sq. Si les Géorgiens ne sont pas les vrais descendants des Alarodiens, ils sont du moins certainement apparentés avec eux. Il est donc impossible d’admettre les prétentions des Arméniens à se poser en légitimes successeurs ! des Ourartiens. F. Lenormant, Maspero, Th. Reinach, Robert et d’autres ont, en effet, prouvé que les Arméniens ou Haïgs n’ont quitté la Phrygie où ils étaient campés que vers la fin du viie siècle et que par des migrations successives ils sont arrivés dans les régions qu’ils habitent encore, vers la fin du vi e. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1905, p. 764 sq. Les Alarodiens (d’Alarud pour Ararud, Ararat) formaient probablement une fraction importante des Khétas ou Hittites dont la