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GEORGES DE CHYPRE —— GEORGES DE TRÉBIZONDE

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destiné à des disciples, prouve l’intérêt que prenait Grégoire de Chypre à la formation de la jeunesse. Il composa même à son intention divers manuels qui sont restés inédits. Voir Krumbacher-Sotériadès, op. cit., t. ii, p. 140.

Georges cultiva aussi un genre de littérature fort goûté des Byzantins, l’hagiographie, et il eut ici encore l’honneur de faire en quelque sorte école et d’avoir des imitateurs. Krumbacher-Sotériadès, op. cit., t. i, p. 410. A en juger par la Vie de saint Georges, éditée, P. G., t. cxlii, col. 299-346, sous le titre : Ao’yo ; eîç tov ôcyiov y.al [j.sYaÂo ; j.âp-upa xaî Tporcatoço’pov rsfipy.ov, il faut chercher dans cette sorte de compositions tout autre chose que la certitude historique. Un panégyrique de saint Euthyme de Madytos a été édité par B. Antoniadès, AeÀxîov Tr, ç tiTopiy.7Jç xaî èOvoXoyixfîç èxaipïaç xrj ; ’EXXâSo ;, t. iv, p. 387-422. Plusieurs autres sont conservés dans des manuscrits de Paris ou du Vatican.

La correspondance de Georges de Chypre est assez volumineuse. Elle comprend plus de 200 lettres, dont on trouve la liste, P. G., t. cxlii, col. 421-431. Elles ont enfin trouvé un éditeur dans la personne de Mgr Sophrone Eustratiadès, qui les a fait paraître dans P’ExxXiqataaTixôç <î>âpoç. d’Alexandrie, 19081910. Une longue notice, 1908, t. i, p. 77-106, sert d’introduction à cette intéressante publication, où se peint à merveille et le caractère de l’auteur et la société dont il était membre.

Outre l’Autobiographie de Georges de Chypre, P. G., t. cxlii, col. 19-30, et les Notes historiques de M. de Rubeis sur cette Vie, ainsi que les dissertations historiques et dogmatiques du même auteur, ibid., col. 31-219, les sources principales sont les œuvres de Pachymère et de Grégoras. Voir aussi Allatius, De Georgiis, 73, P. G., t. cxlii, 9-16 ; Banduri, Imperium orientale, t. II, p. 939 ; ibid., col. 227-234 ; Lambecius, Bibl. Vindob. (1679), t. viii, p. 510522 ; Fabricius, Bibliotheca græca (1708-1721), t. iii, p. 285286 ; t. vi, p. 579-581 ; Demetracopoulos, ’OpÔoSoEoç’EXXaç, 1782, p. 64-65 ; M. Gédéon, Ilarpiap^ixai mvaxeç, 1890, p. 398-402 ; Krumbacher-Sotériadès, ’Ioropîa tt, i ; BuÇav-Tr, vf| ;).oyoTEXVtaç, t. I, p. 190 ; t. ii, p. 138 ; J. Sokolov, art. dans la Bogoslovskaia entsiclopedia, Saint-Pétersbourg, 1903. On trouvera d’autres références dans U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, 1905, col. 1861.

F. Cayré.

    1. GEORGES DE TREBIZONDE##


4. GEORGES DE TREBIZONDE, humaniste du xve siècle (4 avril 1396-1485 ou 1486). Bien qu’il soit né à Candie en Crète, Georges est connu sous le nom de Georges de Trébizonde parce que sa famille était originaire de cette ville. Après d’assez bonnes études faites en Crète, il vint en Italie en 1428, à la prière du sénateur Francesco Barbaro, et apprit le latin sous la direction de deux maîtres renommés, Vittorino de Feltre et Guarino de Vérone. Georges enseigna d’abord le grec à Vicence, puis il obtint la même chaire à Venise où il prit la succession de Filelfe. Ses succès furent tels que le pape Eugène IV (1431-1447) l’appela à Rome et en fit son secrétaire en même temps qu’il lui confiait les chaires de philologie et de philosophie. L’enseignement du nouveau professeur était si brillant qu’on vit bientôt accourir auprès de lui une jeunesse nombreuse venue non seulement d’Italie, mais aussi de France, d’Allemagne et d’Espagne. La mort d’Eugène IV, son protecteur, n’amoindrit pas la faveur dont il jouissait. Nicolas IV (1447-1455) lui conserva le titre de secrétaire et lui confia la traduction d’un certain nombre d’ouvrages grecs en latin.

Malheureusement pour lui, Georges de Trébizonde s’engagea dans de violentes polémiques dont il ne tarda pas à devenir la victime. La lutte commença en 1450 à propos de Quintilien qu’il avait diffamé. Valla réhabilita le vieil auteur méconnu et Georges répondit en termes violents et injurieux. Puis ce fut

la querelle qu’il suscita aux platoniciens, surtout à Pléthon et à Bessarion qui avaient alors remis en honneur la philosophie de l’Académie. Georges de Trébizonde s’attaqua vivement à eux dans un parallèle tendancieux qu’il fit en faveur de la philosophie scolastique entre Aristote et Platon. La violence de ses propos fut telle qu’il alla jusqu’à déclarer les platoniciens coupables de crime. Bessarion lui répondit par son Adversus calumnialorem Platonis qui ne fit qu’envenimer la querelle. Georges s’en prit encore à son ancien maître Guarino de Vérone et à Gaza. Ces disputes causèrent sa perte. Il dut d’abord suspendre ses cours publics, puis s’enfuir précipitamment de Rome, quand on eut découvert que les traductions que lui avait confiées Nicolas V étaient tout à fait infidèles. Soit manque de temps, soit appât du gain, il avait, en effet, accompli son travail à la hâte, omis des passages entiers et traduit le reste d’une manière très imparfaite. Le mécontentement du pape l’obligea à quitter Rome en 1453. Il se réfugia à Naples, où il aurait vécu dans une pauvreté voisine de la misère, selon les uns, dans la faveur d’Alphonse d’Aragon, selon les autres. Son ami, Francesco Filelfe, intercéda pour lui auprès du pape et lui fit rendre son ancienne charge. En 1464, Georges de Trébizonde fit un voyage en Crète et à Constantinople, au cours duquel il faillit périr victime d’une tempête. A son retour, il écrivit le martyre de saint André de Chio qui l’avait sauvé du danger. Il mourut à Rome en 1485 ou 1486. On grava sur son tombeau cette épitaphe qui rappelle ses polémiques et l’âpreté de son ton :

Hac urna Trapezuntii quiescunt

Georgii ossa parum diis amici

Quod acri et nimirum procaci lingua Platonem superis parem petivit.

Au témoignage de ses contemporains, Georges de Trébizonde avait une science très vaste, beaucoup de facilité et de brillant. Malheureusement ses œuvres furent écrites avec trop de hâte et de laisser-aller. Ces défauts apparaissent surtout dans les traductions que le pape Nicolas V lui demanda de faire. Amis et ennemis s’entendaient pour lui reprocher le ton violent, injurieux et parfois grossier qu’il employa constamment dans ses polémiques. Il a laissé de nombreux ouvrages en grec et en latin et un certain nombre de traductions. En voici la liste : 1° Œuvres latines : Rhetorica, libri V, Venise, 1478 ; Lyon, 1527 ; De octo partibus oralionis ex Prisciano compendium, Milan, 1470 ; Turin, 1537 ; Dialeclica, Strasbourg, 1509 ; Acta beati Andrese Chiensis, dans Surius, De probalis sanctorum vilis, 1618, Acta sanctorum, t. vu ; P. G., t. clxi, col. 883-890 ; Comparatio Platonis et Aristotclis, Venise, 1516 ; De antisciis, in quorum rationem fala sua rejicil ; cur astrologorum judicia plcrumque jalluntur, Venise, 1525 ; Expositio illius loci Ioannis : Si eum volo manere donec veniam, Bâle, 1543 ; P. G., t. clxi, col. 867-882 ; Quatenus credendum sit astrologis, Cologne, 1544 ; In Claudii Ptolomœi centum sententîas, seu cenliloquium commentarium ; Commentaria in plerasque Ciceronis oraliones et præcipue Philippicas ; De artificio Ciceronianæ oralionis pro Q. Ligario, Venise, 1477 ; Oralio in funeris Michælis Veneti, ad Turcarum imperalorem ; Exhortalio de recuperanda Terra Sancta ; Contra Theodorum Gazam ; Ad Leonardum Estensem et responsio in invectivant Guarini ; Oratio pro Q. Ligario, Venise, 1522 ; Dialogus de fide ; De divina substantia secundum Aristolelem ; De veritate fldei christianæ ; Epislolæ in ps. XLIV ; Epistola ad Eugenium IV summum ponlificem, de unione Ecclesiarum, P. G., t. clxi, col. 889-894 ; Carmina ; Oraiiones ; Epistolæ. — 2° Traductions latines : Cgrilli commentaria in Evangelium Ioan-