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GENÈSE


Messie, puisqu’il n’a pas encore nommé le Messie. Cependant cette inimitié, Dieu l'établira aussi entre la descendance du serpent et celle de la femme. Comme cette inimitié est d’ordre moral, il faut exclure la postérité de l’animal, dont le serpent tentateur a pris les apparences. Appliquée au démon, l’expression « descendance » est nécessairement métaphorique. Les anciens commentateurs l’ont entendue, ou bien des hommes mauvais comme le démon, ou bien des mauvaises pensées que le démon suggère aux hommes. Procope de Gaza, In Genesim, P. G., t. lxxxvii, col. 205 ; S. Isidore de Séville, Quevsf. in Gcn., c. v, n. 5, P. L., t. lxxxiii, col. 221 ; Angelomme, Comment, in Gcn., P. L., t. cxv, col. 141 ; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, P. L., t. cxiii, col. 95 ; S. Bruno d’Asti, Exposilio in Genesim, P. L :, t. clxiv, col. 169. Raban Maur, Comment, in Genesim, 1. I, c. xviii, P. L., t. evu, col. 495, et Hugues de SaintVictor, Adnotationes clucidatoriw in Genesim, P. L., t. clxxv, col. 42, ont reconnu dans la descendance du serpent les dénions. AJcuin y avait vu le péché originel, Inierrogalion.es et respunsioncs in Genesim, int. lxxvi. P. L., t. c, col. 524, et Rémi d’Auxcrre l’entendait des œuvres d’iniquité, commises par les hommes. Comment, in Gen., P. L. y t. cxxxi, col. G6. En vertu du parallélisme rigoureux qui existe entre la descendance du serpent et celle de la femme, tous ces commentateurs ont donné à celle-ci une signification collective et l’ont entendue soit du genre humain tout entier, qui descend directement d’Eve (Aleuin, Raban Maur, Angelomme, Hugues de Saint-Victor), soit des élus ou des chrétiens (Raban Maur, S. Bruno d’Asti), soit des bonnes œuvres produites par l’esprit (S. Isidore de Séville, Rémi d’Auxerre), soit des institutions divines, les saintes disciplines (Procope de Gaza). Cette inimitié aboutira à une lutte, que le texte hébreu décrit autrement que ne le fait la Vulgatc. La version latine, après les Septante, attribue la victoire à la femme : Ipsa conlerel capul tuum ; le texte original la rapporte à la descendance de la femme. Or, tons les manuscrits hébreux, sauf trois, les autres versions anciennes, tous les Pères grecs et la plupart des latins ont un pronom masculin : ipse. Le premier verbe hébreu est d’ailleurs à la troisième personne du masculin, et le pronom sullixe du second verbe est aussi du masculin. J.e pronom HVt se rapporte donc à "~ï et non pas à ~-n. Le leçon latine est donc fautive, et on l’explique généralement par une erreur de copiste. D’autre part, dans le texte hébreu, la lutte est exprimée par le même verbe "*'-', répété dans les deux membres de la phrase, l.a signification de ce verbe a été discutée. En dehors de ce passage, il ne se rencontre dans la Bible que deux autres fois..lob, ix, 7 ; Ps. cxxxix, 11. Son emploi dans Job permet de lui donner le sens de briser ; cependant on lui donne plus généralement i' il d’oi erver pour tendre des embûches. Cette dernière signification a été adoptée par les Septante, par les Pi qui les ont cités et par Onkelos.

' luoique saint Jérôme, Liber quaul. hebraic. in Genesim /'. /… 1. xxii, col. 943, préférât la signification : conlerere, il a traduit le second verbe par tnstdtaberts. Si on prend les deux verbes dans ce dernier sens, les combattants s’observent, s'épient et s’apprêtent a l’attaquer conformément a leur nature, l.a race

de la femme, qui al laque le serpent, car c’est lui.

el non pas sa raie, qui est al laqué, cherche à lui

'i la li le. la pallie du corps par laquelle les

hommes cherchent a tuer le serpent : mal

qui rampe sur la hue. vise le talon de l’homme el

cherche < le mordre, l.a race de la femme bi donc un joui la tête du serpent. L’expression, appliquée au démon, est évidemment métaphorique. Ôr, don

l'Écriture, briser la tête de quelqu’un, c’est briser ses forces, sa puissance, le rendre incapable de nuire, le vaincre. Amos, ii, 7 ; Ps. lxvii, 22 ; cix, 6. La postérité de la femme brisera donc la puissance de Satan, soit en détruisant les suggestions mauvaises qu’il suggère, lorsqu’on est attentif et sur ses gardes, en y résistant dès le début de la tentation, Procope de Gaza, loc. cit., col. 208 ; S. Isidore de Séville, loc. cit. ; Aleuin, inter. lxxvii ; S. Bruno d’Asti, loc. cit. ; Jacques de Saroug, In Genesim, dans les Opéra syriacc et latine de S. Éphrem, t. i, p. 141, soit, par la résistance que l'Église fait aux embûches du démon (Raban Maur, Rémi d’Auxerre). De son côté, le démon, écrasé sous le talon de son adversaire, l’attaque au seul endroit du corps qu’il puisse atteindre encore, en le mordant au talon. Plusieurs des commentateurs cités ont vu dans le talon des hommes, attaqué par le diable, la fin de leur vie, quand le démon redouble d’attaques et d’embûches pour les perdre et les empêcher de persévérer dans le bien jusqu’au boni. mais dont ils triompheront, s’ils sont attentifs et s’ils veillent (Aleuin. Angelomme, Rémi d’Auxerre Hugues de Saint-Victor). Le diable, en marchant de travers, cherche à mordre l'Église au talon, pour la faire tomber. S. Bruno d’Asti, lue. cil. Dans celle interprétation, la signification messianique du protévangile est très atténuée. Dieu, en punissant le serpent tentateur, lui prédit que les hommes triompheront de ses embûches et finalement remporteront la victoire sur lui. Sa tête sera écrasée sous leur talon, qui, tout au plus, aura été mordu par cet adversaire de leur salut. Saint Augustin, De Genesi contra manichseos, 1. 11, c. xvi ii, P. L.. t. xxxiv, col. 210, et saint Grégoire le Grand, Moral, in Job, 1. I, c. xxxvi. n. 53, P. L., t. i.xxv, col. 552, oui aussi entendu cette promesse divine de la lutte des hommes avec le serpent infernal et de leur triomphe par leurs bonnes œuvres sur les perverses suggestions de Satan.

Cependant, d’autres commentateurs ont accentué davantage, quoique à des degrés différents, le caractère messianique de ce passage de la Genèse. Les targums d’OnkelOS et de Jérusalem en axaient reconnu la signification messianique générale. Clément d’Alexandrie y avait vu seulement l’annonce prophétique du salut de l’humanité. Cohorlatto ad gentes, i, /'. G., t. VIII, col. 64. Dans un sens 1res précis, plusieurs Pères oui reconnu dans la femme, figurée par Eve, la mère du Messie, qui écrasera de son talon la tête du serpent infernal. S. Justin, Dialogus ciim Tryphone, 100, /'. G., t. vi, col. 709-712 ; s. [renée, Conl, hier., I. III. c. xxiii, n. 7 ; I. V, c. xix. n. 1 ; c. xxi. n. I. /'. <" ;.. I. vu. col. 964, 1175-1 176, 1 179 : S. C.vpricn. Testim. adversus Judœos, 1. II, c ix, /'. /… t. iv, col. 7nl : s. Épiphane, Heer., lxxvii, 18, 19. /'. », .. I. xi ii, col. 729 : pseudo-Jérôme, Episl., vi, ad amicum devolum <l<- viro perfecto, I'. /… t. xxx, col. N’j-.s.-, ; s. Léon le Grand, Serm., xxii, /'. L., I. liv, col.

729 ; S. Isidore de l'éhlse, Epist., I. I, episl. CC( CXXVI,

/'. (, .. i. i.wviii. col. 117 ; pseudo-Bède, Qiuesttones super Genesim, I'. !.. t. xciii, col. 282 ; s. Fulbert de Chartres, Serm. iv. de nallvtlale II. Vtrgints, /'. /.. t. ( xi. i. coi. :  ; _ ! < 321 : s. Bernard, //>/ » //.. n. supei Mtssus est, ii. l. /'. /.. l- clxxxiii, col. 63. Saint Isidore de Séville ajoute celle interprétation a celle que nous avons rapportée plus haut. Qua si. in Genesim.

c. v. n. 6, 7. /'. /… i. lxxxiii, col. 221. Raban Maui la signale comme soutenue par quelques nus. Loc. cit. Ingelomme termine l’Interprétation précédente par

ces mois : PotUt ilimn et de luala Maint l’in/mr.

ii qua nains est Dominas, non incongrue accipi. i

ni. Sa.nl Jérôme reconnaît dans la descendance de

la femme a la fois les hommes qui marchent sut le serpents et Domtnut content Salanam sub pedtbus