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GENÈSE


xxviii, 14. L’écrivain jéhoviste fait un emploi fréquent des anthropomorphismes. Dieu apparaît à Abraham et à Jacob sous une forme humaine ; il agit comme un homme agirait : il a créé l’homme avec de la terre, ii, 7 ; il a planté le jardin d’Éden, 8 ; il a formé la femme avec une côte d’Adam, 21, 22 ; il s’est promené dans le jardin, iii, 8 ; il s’est entretenu avec Caïn et a mis sur lui un signe, iv, 9-15 ; il a fermé la porte de l’arche, vu, 16 ; il est descendu sur terre pour voir les bâtisseurs de la tour et pour confondre leur langage, xi, 5, 7. Il éprouve les mêmes sentiments que les hommes : il se repent, vi, 6, 7 ; il fait des serments, xxiv, 7. En morale comme en dogme, le jéhoviste reproduit les idées des prophètes. Il traite le problème de l’origine du mal et il raconte la chute d’Adam et d’Eve. Il montre le progrès du mal et du péché dans l’humanité. Caïn et sa race sont maudits. La civilisation, œuvre des Caïnites, serl à étendre et à augmenter le crime. Des anges eux-mêmes se pervertissent et leur union avec les filles des hommes donne naissance à une race de géants, fameux par leurs excès encore plus que par leur taille. Le cœur de l’homme déchu est porté au mal, vi, 5, et le déluge est nécessaire pour purifier la terre. Après le déluge, Dieu constate encore les inclinations perverses de l’humanité, viii, 21. Aussi le jéhoviste signale-t-il l’immoralité de Cham, ix, 22 ; la division des hommes, xi, 1-9 ; le crime de Sodome et la conduite des filles de Lot, xix. Il est donc pessimiste. Mais par des interventions continues Dieu s’oppose à la corruption grandissante, en punissant les coupables, surtout en se préparant dans la lignée d’Abraham son peuple saint, qui conservera dans le monde son culte et sera plus tard la bénédiction de toutes les nations. D’autres vues prophétiques sur l’avenir et sur les desseins miséricordieux de Dieu sur les hommes coupables se lisent, iii, 15 ; v, 29 ; xvin, 18 ; xxviii, 14. L’écrivain jéhoviste insiste sur la foi en Dieu, qu’il loue en Abraham et qui a été pour ce patriarche la cause des bienfaits divins et de in sainteté, xv, G. Caïn, Abel, Noé, Abraham et Jacob offrent des sacrifices en n’importe quel lieu, et les localités où ils ont immolé des victimes à Jahvé deviennent des lieux saints.

Au point de vue littéraire, l’auteur a des expressions spéciales, dont la principale est l’emploi constant du nom de Jahvé ; Jacob est appelé Israël à partir de xxxii, 29. Les habitants de la Palestine sont nommés Chananéens » . Les noms de peuples sont au singulier : ainsi le peuple de Dieu est appelé Israël. Le jéhoviste passe pour le meilleur narrateur de tout l’Ancien Testament. Ses récits sont clairs et vivants. Il excelle à dépeindre le caractère îles personnages et il décrit les événements en quelques traits bien frappés, il aime la mise en scène, il multiplie les dialogues et il nuance les sentiments. Les plus belles narrations de la Genèse sont sorties de sa plume. Il cite des chants antiques et il a du SOUffle poétique.

On en a fait un habitant du royaume de Juda, parce que sis récits ont souvent pour théâtre I léhron

et ses environs. Beaucoup de critiques ont prétendu distinguer dans son ouvre deux mains différentes .J et.) 2. Voir Kuenen, Histoire critique des livres de l’A. T., trad. franc., Paris, 1866, t. i. p. 151 162-l(i : î ; Budde, Die btblische Urgeschichte, Giessen, 1883, p..".’il 531 ; Cornill, Etnleilang in fins A. T.. 4 » édlt., Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1896, p. 13 16 ; c. Bruston, i.es deux jéhoviste » , Montauban, 1885 ; Bacon, The Genesis <>j Gênais, Harford, 1893 ; Bail, Thebookof Genesis, 1896 ; GunkeL Genesis, Ga ttingue, 1902, p. i.xmm-i.xxiv, etc. On fixe communément

la composition du document Jéhoviste au i— siècle.

vers.S.VI ; mais Cette date ni— convient, selon quelques

uns. qu’à l’. les couches lecondatres étant pin

récentes. Généralement, on le tient pour postérieur à l’élohiste. Cf. E. Mangenot, op. cit., p. 76-95.

3° Le code sacevdolal, P. — Sur son nom, voir t. v, col. 1748. Ce document aurait fourni au dernier rédacteur du Pentateuque le cadre du livre entier, et notamment la division de la Genèse en tableaux généalogiques ou tôledôt. Voici la part qu’on lui attribue dans ce livre : l n les tôledôt du ciel et de la terre, ou le premier récit de la création, i, 1-n, 4 a : 2° les tôledôt d’Adam, v, 1-28, 30-32 ; 3 « les tôledôt de Noé, vi, ’9-22" ; vu, 6, 11, 13-16 a, 18-21, 24 ; viii, 1, 2 a, 3 6-5, 13 a, 14-19 ; ix, 1-17, 28, 29 ; 4° les tôledôt des fils de Noé, x, 1-7, 20, 22, 23, 31, 32 ; 5° les tôledôt’de Sem, xi, 10-26 ; 6° les tôledôt de Tharé, xi, 27, 31, 32, avec des parties de l’histoire d’Abraham, xii, 4 6, 5 ; xiii, 6,. Il b, 12 a ; xvi, la, 3, 15, 16 ; xvii, 1-27 : xix, 29 ; xxi, 1 b. 2 b-5 ; xxiii, 1-20 ; xxv, 7. Il a : 7° les tôledôt d’Ismaël, xxv, 12-17 ; 8° les tôledôt d’Isaac, xxv, 19, 20, 26 b ; xxvi, 34, 35 ; xxvii, ’46-xxviii, 9 : xxix, 21, 29 ; xxxi. 18 /> ; xxxiii, 18 a ; xxxiv, 1, 2 a, 4, 6, 8-10, 13-18, 20-24, 27-29 ; xxxv, 9-13, 15, 22 6-29 ; il" les tôledôt d’Ésati, xxxvi, 1-43 ; 10° les tôledôt de Jacob, xxxvii, 1. 2 a ; xlvi, 5 6-27 ; xlvii, 7-11, 27 6, 28 ; xlviii, 3-7 ; xi.ix, 1 a, 28 6-33 ; L, 12, 13.

L’auteur, qui veut principalement introduire une législation, se propose, en écrivant l’histoire d’Israël, d’exposer l’origine des institutions religieuses de son pays. C’est pourquoi il remonte à l’histoire primitive et aux débuts du peuple théoeratique. Le récit de la création, l’histoire des patriarches antédiluviens, du déluge et des ancêtres immédiats d’Israël préparent et amènent l’histoire de l’institution du peuple saint, après la sortie d’Egypte, Voir t. v, col. 1747-1748. Les événements capitaux de cette préparation sont longuement racontés, notamment les alliances de Dieu avec Noé et Abraham. Les faits intermédiaires sont exposés d’une façon très succincte, par tableaux généalogiques. Les grandes époques sont caractérisées par une révélation et une alliance de Dieu et elles s’échelonnent pour préparer progressivement le régime théoeratique. La première, qui va d’Adam à Noé, se termine par une apparition à’Élohim a Noé et par une alliance dont le signe est l’arc-en-ciel cl dont l’obligation est [’abstention du sang. La deuxième s’étend de Noé à Abraham ; elle comprend la révélation de Dieu à Abraham sous le nom d’Êl Sadilaï, Voir l. iv, col. 953. et une alliance dont le signe est la circoncision. La troisième, d’Abraham à Moïse, est caractérisée par la révélation du nom de Jahvé, voir t. iv, col. 954 sq., et par l’alliance qui aboutit à l’institution du sabbat. Ces trois périodes, jointes à l’histoire de Moïse, divisent en quatre périodes historiques le code sacerdotal, que Wellhausen avait par suite nommé Vierbundesbach, « le livre des quatre alliances. » L’alliance du Sinaï n’est donc que l’accomplissement des promesses faites à Abraham : aussi Moïse est-il directement rattaché à ce patriarche. Celui-ci descend de Noé par ordre de primogéniture, et Noé est le chef de la branche aînée de la famille humaine. Il descend d’Adam, qui est en réalité le premier.luif. Les tableaux généalogiques ont donc été dressés pour établir la

filiation de l’humanité, L’auteur Indique les noms.

la date île la naissance et l’âge de tous les chefs de famille qui se sont BUCCédé de père en tils depuis Adam, le premier homme. Jusqu’à Moïse, le premier

législateur. Dans le récit de la création, Dieu apparat !

tout puissant et sage ; toutes ses enivres sont lionnes, très bonnes : l’homme est fait à son image. Les

patriarches son ! présentés comme des hommes justes

et intègres. Vt, 9 : w it. I.

point de Mie lit I ei aire, le Code saierdotal a sa

terminologie propre, il nomme Duo t lohlm. Jacob

n’est jamais nommé Israël : niais le peuple est toujours