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GENÈSE


celles de Jacob comprennent l’histoire de ses fils jusqu’à sa mort, l, 12, et la continuent jusqu’à la mort de Joseph, l, 25. La biographie de chaque patriarche est plus ou moins développée. Elle est réduite parfois à quelques mots, v, xi, ou à quelques phrases, xi, 28-31 ; elle est détaillée dans les notices de Noé, d’Abraham et de Jacob. Dans ce dernier cas, elle se termine d’une manière à peu près uniforme par l’indication de la durée totale de la vie et de la sépulture avec les ancêtres, ix, 29 ; xi, 32 ; xxv, 7 ; xxxv, 28 ; xlvii, 28. Le total des années des patriarches est aussi donné au c. v, mais il ne l’est pas au c. xi, 10-26.

Le plan adopté et la disposition des matériaux recueillis dénotent chez l’auteur de la Genèse un but déterminé. Qu’ils soient de Moïse comme l’admet l’enseignement traditionnel, ou du dernier rédacteur qui, selon les critiques rationalistes, les aurait empruntés au code sacerdotal, ils montrent, à tout le moins, l’unité actuelle du livre. La Genèse apparaît ainsi comme un vaste tableau généalogique, comprenant tous les détails connus de l’histoire primitive et de l’histoire patriarcale. Cf. P. Delattre, Plan de lu Genèse, dans la Revue des questions historiques, juillet 1876, t. xx, p. 5-43 ; Le plan de la Genèse et les générations du ciel et de la terre, dans la Science catholique du 15 octobre 1891, t. v, p. 978-989 ; P. de Broglie, Élude sur les généalogies bibliques, dans le Congrès scientifique international des catholiques de 1888, Paris, 1889, t. i, p. 94-101 ; P. Julian, Élude critique sur la composition de la Genèse, Paris, 1888, p. 232-250.

En ne tenant pas compte des dix sections et en ne considérant que le contenu du livre, les commentateurs ont proposé des divisions logiques en deux ou en huit parties. Selon les uns donc, la Genèse raconte : 1° l’histoire de la création, ou des commencements, ou l’histoire primitive, qui va jusqu’à la vocation d’Abraham, ii, 4-xi, 26 ; 2° l’histoire des pères, c’est-à-dire des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, ancêtres du peuple juif, par conséquent l’histoire primitive d’Israël, xi, 27-l, 25. Chacune de ces deux parties se subdiviserait en cinq sections, distinctes par le titre de tôledôt. Cf. R. Cornely, Introduclio specialis in hisloricos V. T. libros, Pari’s, 1887, l. ii, p. 8-10 ; M. Hetzenauer, Introduclio in librum Genesis, Graz et Vienne, 1910, p. 1-3. Beaucoup de critiques non catholiques acceptent cette division et séparent l’histoire primitive, i, 1-xi, 9, de l’histoire des patriarches, xi, 28-l, 25, reliée à la première par la généalogie de Sem, xi, 10-27. Mais d’autres distinguent huit parties : 1° la création du monde et de l’homme, i, 1 —i ri, 21 ; 2° l’histoire de l’humanité jusqu’au déluge et l’alliance conclue entre Dieu et Noé après ataclysme, IV, 1-ix, 17 ; 3° les trois lils de Noé, pères de l’humanité postdiluvienne, i. 18-x, 32 ; l " la séparation des hommes au point de vue des langues, la formai ion des nations et la généalogie de Sein, xi ;

.’. i l’histoire d’Abraham, ancêtre du peuple * i « la promesse, xii, 1-xxv. 11 ; 6° la généalogie d’Ismaël, XXV, 12-18, et l’histoire d’Isaac. xxv, 19-XXXV, 37. les deux fils d’Abraham ; 7° la généalogie d’Ésatt, xxxvi ; 8° l’histoire <i<— Jacob, xxxvir-i..

III. Théories m. s critiques. Comme pour I Exode, voir t. v, col. 17 17 sq., l’opinion aujourd’hui dominante parmi les rationalistes est que la Genèse, loin d’être l’œuvre de Moïse, est, dans ion étal actuel, une composition tardive, formée d’éléments disparates qu’un dernier rédacteur aurait empruntés A documents d’époque différente : l’élohiste, le

jéhoviste et le code sacerdotal.

1° Le document élohisle, t.. il est ainsi nommé parce que, dans la Genèse, il emploie constamment m. —in ivement le nom divin d’Elohim. Voli i. iv, col. 949. Comme on reconnaît dans le discours de

Josué, Jos., xxiv, le résumé de ce document, on en conclut qu’il ne remontait pas plus haut qu’Abraham, puisque ce discours commence à Tharé, le père d’Abraham. II n’aurait donc pas contenu d’histoire des origines et aurait débuté par l’histoire d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les ancêtres du peuple juif. Il n’en reste que des lambeaux et le début n’aurait pas été utilisé par les rédacteurs postérieurs. Abraham entre en scène, sans qu’on sache, par les fragments subsistants de l’élohiste, qui il était ni d’où il vient. L’épisode de son séjour chez Abimélech, roi de Gérare, xx, 1-17, est le premier morceau reconnu de l’élohiste. Viennent ensuite la naissance d’Isaac, l’expulsion d’Ismaël et d’Agar, l’alliance d’Abraham avec Abimélech. xxi, 6-32 a ; le sacrifice d’Isaac et le séjour d’Abraham à Bcrsabée, xxii, 1-14, 19 ; la vision de Jacob à Béthel, xxviii, 11, 12, 17, 18, 20-22 ; le séjour de Jacob chez Laban et le mariage de Lia et de Bachel, xxix, 1, 15-23, 25-28, 3(1 ; la naissance des enfants de Jacob, xxx, 1-3 a, 6, 8, 17-20 a, 21-23 ; le départ du patriarche et son alliance avec Laban, xxxi, 2, 4-18 a, 19-45, 47, 51-55 ; sa rencontre avec Ésaii et sa lutte avec l’ange, xxxii, 1-3, 14 6-22, 24 (xxxiii, 5, 10, 11) ; son séjour à Sichem, xxxiii, 18 6-20 ; la seconde vision de Dieu à Béthel et la naissance de Benjamin, xxxv, 1-8, 16-20 ; la jalousie des frères de Joseph, l’intervention de Buben, Joseph vendu, xxxvii, 2 b, 5-11 (14 rt-18 a), 22-24, 28-30 (32), 36 ; les songes de l’échanson, du panetier, du pharaon, l’élévation de Joseph, la famine et le premier voyage des frères de Joseph en Egypte, XL, 1-xlii, 37 ; le second voyage des fils de Jacob, Benjamin y compris, xliii, 14, 23 6 ; la reconnaissance de Joseph, xlv ; la venue de Jacob en Egypte, xiai, 1-5 ; les soins de Joseph pour l’entretien de ses frères, xlvii, 12 ; la bénédiction des fils de Joseph par Jacob, XLVIII, 1, 2, 8-22 ; les rapports de Joseph avec ses frères après la mort de leur père, L, 15-25.

Celle histoire des patriarches serait substantiellement la même quc celle du document jéhoviste. Elle était très objective et plus précise que le récit jéhoviste. Elle nomme les personnes : Eliézer, XV, 2 ; Débora, la nourrice de Bébecca, XXXV, 8 ; l’utiphar, xxxvii, 36 ; elle dit que Laban était araméen, xxviii, 5. Elle localise les événements, par exemple, à Beerséba ou Bcrsabée. au Moriah, xxi, 31 ; xxii, 2 ; à Béthel, xxviii, 18, 19 ; xxxi, 13 ; xxxv, 7 ; clic parle du champ d’Hémor, xxxiii, 19 ; du térébinthe de Sichem. xxxv, 1 ; de Dothaïn, xxxvii, 17 ; des tombeaux de Débora et defRachel, xxxv, 8, 19, 20. Elle donne l’étymologie des noms des fils de Jacob, xxx, et de ceux de Beerséba, xxxi, 31, de Mahanaim, xxxii, 3, et de Béthel, xxxv, 7. Elle fournil des données chronologiques : trois jours d’intervalle entre deux événements, xi„ 12, 19 ; xi. n. 17 ; la durée du séjour de Jacob chez Laban, xxxi. 3<S. Il ; la date de l’arrivée des lils de Jacob en Egypte, xi. v. (i. Elle Indique l’âge des personnages, xxxvii, 2 ; i., 25. Elle reproduit enfin deux mois égyptiens follement sémitisés, xli, 13, 15. Au point de Mie religieux, die dit que Laban était idolâtre, xxxi. 19 ; que Rachel avait enlevé les téraphims de

son prie. 30, 32, el que Jacob lit nier de sa maison les

dieux étrangers qui y étaient gardés, xxxv, 2. i.

Cf.. ! <>v. xxiv. 2. Abraham, Isaac et Jacob connaissent Dieu sous le nom d’Tlohiin : les lieux ou ils l’Iioiioieiil

sont exactement notés ci il b’j rattache un souvenir

religieux, conservé dans les traditions locales. Dieu apparaît BUXtOUt en Vision et en songe, xx. 3. (i ;

xi. 12, 17 : xxii. l sq. ; xxx m. xxi. ii, 24 ; xxxvii.

."i ; xi. xii. xi vi. 2. Sa providence se manifeste sous

un aspect particulier dans l’histoire de Joseph, xxv,

i, ’2(i ; elle laisse agir les hommes pour atteindre

i— >l elle dirige leurs acles a leur insu, et inclue