Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/582

Cette page n’a pas encore été corrigée
1145
1146
GANDULPHE DE BOLOGNE


Ce qu’on peut affirmer, à en juger par les multiples citations de l'époque, c’est qu’en plusieurs points Gandulphe apparaît comme un initiateur, notamment dans la question de la validité des sacrements et du pouvoir de l’ordre ; dans un certain nombre de doctrines, il est présenté comme un chef d'école : Gandulplius et quidam alii, Gandulphus et qui cum scquuntur, etc. Ms. de Cambrai 612 et de Leipzig 986 ; von Schulte, Die Summa Decretorum, dans les Sitzungsbcrichle de Vienne, 1871, t. lxviii, p. 43 ; Saltet, Les réordinalions, p. 316 ; J. de Ghellinck, op. cit., p. 225226. Ses conceptions neuves et originales, parfois jusque dans l’expression, sont énoncées plus d’une fois avec grande liberté.

II. Son œuvre canonique. — Malheureusement, l’oeuvre canonique de Gandulphe, qui pourrait nous renseigner avec plus de précision, nous échappe presque complètement ; nous n’en avons plus que ce {[lie nous en ont conservé les glossateurs qui le suivent, surtout la Summa Lipsiensis et Huguccio. Il résulte de ces extraits que Gandulphe a fait des gloses sur tout l’ensemble du Décret de Gratien. Ces gloses intéressent évidemment le droit canon avant tout. Mais la part qu’elles font à la théologie, surtout dans le De consecratione, nous empêche de les passer ici complètement sous silence. Gandulphe, du reste, est en cela fidèle à la tradition canonique du xiie siècle : les deux sciences sont souvent mélangées dans les collections canoniques dès le xi c siècle, et après Gratien, les glossateurs font une large part à la dogmatique. Nous avons déjà fait allusion à l’avis de Gandulphe sur le pouvoir de l’ordre : le sacrement vaut malgré l’indignité du ministre simoniaque, car l’imposilio manus ambulatoria est, ordo usque in infinitum ambulalorius est, etc. Voir les extraits de la Summa Lipsiensis, ms. de Leipzig 086, et de l'œuvre anonyme de Bamberg, ms. P. II. 4, dans Saltet, op. cit., p. 316, 320, 322. Ajoutons-y des gloses sur l’intention du ministre ou du sujet dans le baptême, sur diverses questions relatives à l’eucharistie, sur l’inspiration des docteurs pour faire connaître — même à l'Église grecque — une doctrine jusque-là peu éclaircie : verisimile tamen videtur quod ulicui doctorum eorum revelatum jucril (à propos du pain azyme chez -iecs). Voir les anciennes éditions du Corpus /////s, t. i, Dccrcliim, par exemple, l'édition de Lyon, 1671, p. 1913, De consecratione, dist. III, can. ' !.

I ne partie de ces gloses a été reproduite dans la / ordinaria de Jean le Teuton avant le concile de l.atran (121.' » ) ; von Schulte en a donné un relevé. Die Glosse zum Dckrcl Gratians von iliren Anfângen bis auf die jùngsten Ausgabc, dans les Denkschriflen drr /.. Akademie der Wissenscha/len, Philos, histor. , Vienne, 1872, t. xxi, p. 54-55. Mais beaucoup de citations sonl encore inédites dans les manuscrits, rand nombre de gloses, qui dépasse de beaucoup la Vingtaine conservée par la Summa ordinaria, est fourni par la Summa super Decretum, autrement dil la Summa Lipsiensis, qui cite Gandulphe une centaine de t"is. Von Schulte, Die Summa Lipsiensis, dans les Sitzungsberichle de Vienne, Vienne, 1871, t. lxviii, p. 27 54 ; /'" Geschichle der Quellen, p. 132, note 8 ; il annoncé de i le r de Bonn, sur la même œuvre, le même moment, Huguccio qu’on a voulu faire iduiphe, comme on l’a VU [tins haut. cite le maille bolonais plus de trente fois, J. de Ghellinck, op. cit., p. 225 ; tra.iii de Gillmann et édition Huguccio, par le même, en préparation ; d’autres nis ou mentions de Gandulphe sonl contenus divers manuscrits canoniques des bibliothèques de Bambci. Durham, l.cii J. de Ghellinck,

tUon sur la Summa

Lipsiensis ; Saltet, op. cit., p. 318-321. Ce qui complique beaucoup le relevé de ces fragments, c’est la confusion toujours possible entre les sigles, comme on l’a vu plus haut à propos de Gérard Pucelle (mort évêque de Coventry en 1184), désigné par le même sigle G., et l'état fautif de beaucoup de manuscrits. C’est ainsi que, de trois manuscrits de Huguccio, un seul, celui du Vatican, parle des baptisés dormientes ; ceux de Cambrai et de Bamberg n’en disent mot. J. de Ghellinck, La diffusion des œuvres de Gandulphe au moyen âge, dans la Revue bénédictine, 1910, t. xxvii, p. 387, note 4 ; Gillmann, Zur Geschichte des Gebrauchs der Ausdrùcke « irrcgularis » und « irregularilas » , Erweiteier Séparaivbdruek aus Archiv fur katholisches Kirchenrecht, 1911, t. xci, p. 24, note 4 du tirage à part. Les éditions d’un certain nombre de glossateurs, actuellement en préparation, faciliteront et développeront, sans nul doute, la connaissance que nous avons des idées de Gandulphe conservées dans ses gloses canoniques.

III. Son œuvre tukologique. — C’est en 1885 que l’existence de l'œuvre théologique de Gandulphe est arrivée à la connaissance des théologiens et des historiens, grâce aux remarquables travaux de Déni lie sur l'école théologique d’Abélard, Die Senlenzen A billards und die Bearbeilungen seiner Theologia vor Mittedes XII Jahrhunderts, dans Archiv fur Lileratur und Kirchengeschichte des Mitlclallers, 1885, t. i, p. 62162 1 ; ce même travail de Denitle examinait rapidement la question des rapports entre Gandulphe et Pierre Lombard et orientait la réponse dans un sens favorable à l’antériorité de Gandulphe. Outre un résumé des Sententise, intitulé : Flores Sententiarum magislri Gandulfl (ms. de la bibliothèque de Bamberg, II. IV, 29, pl. 126 v -142 r), trois manuscrits de la bibliothèque royale de Turin étaient indiqués par Déni fie comme contenant les Sententiæ, et dont deux portaient le nom de Gandulphe ou son initiale (I. VI. 3 ; I. IV. 33 ; 1. iv. 34 ; anc.Pasin. CXXXV, CL X XI, CXCV) ; malheureusement l’incendie de 1901 détruisit ces témoins du texte, et l’on avait peu d’espoir de retrouver autre chose de Gandulphe. voir Saltet, Les réordinations, p. 317, lorsque trois nouveaux manuscrits, tous trois anonymes, furent signalés au public : deux du même fonds de Turin (I). IV. 36 et I). /II. 31 ; anc. Pasin. C. XXVI et CXLI) par J. de Ghellinck, Le traité de Pierre Lombard sur les sept ordres ecclésiastiques, ses sources et ses copistes, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1909, I. x, p. 293, noie ; i. et un de l’abbaye cistercienne de Heiligenkreuz en Stvric (ms. 242), par M. Grabmann. Eine neu-entdeckle Gandulphushandschrift. dans Hislorisches Jahrbuch, 1910, t. xxxi, p. 73 : une édition des Sententise, sur la base de ces divers manuscrits, est en préparation, par le professeur P. von Waltcr, de Brestau.

i - L’authenticité des Sententis. Celle authenticité n’a pas été contestée depuis les premières révélations de Denifle ; mais cela ne veul pas dire que les témoignages sur lesquels elle s’appuie soient bien nombreux ou parfaitement contemporains. L’originalité et la libcrié d’expression que dénotent plusieurs des gloses canoniques de Gandulphe ne s’harmonisent pas tout à (ail non plus, à première vue, avec l’idée d’un simple travail de résumé ou de compilation, comme sont les Sententise. Toutefois, il n’j a pas lieu, croyons-nous, de révoquer en don le cette authenticité ; la publication

<lu lexle complet « I les recherches dans les anciens

recueils de gloses canoniques faciliteront quelque jour le contrôle des arguments Invoqués. Comme témoignages extrinsèques, vient en première indu ation de quelques manuscrits ; si les manuscrits actuellement existants sont ions anonymes (Heiligenkreuz, f<f « , Turin, A. tf, Turin, I f 75), deux