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GALLIFET — GALTIER


Gallifet, postulateur de la cause, avait bon espoir de voir triompher ses efforts. Déjà le Saint-Siège avait concédé plus de trois cents brefs d’indulgences perpétuelles à de florissantes confréries du Sacré-Cœur établies en France, en Allemagne, en Italie, en Pologne, en Bohême, en Lithuanie, dans les Pays-Bas, en Chine même et au Canada. Plusieurs évêques, comme Mgr de Belzunce, évêque de Marseille, pour la France, Mgr Constantin Sraniawski, évêque de Cracovie, pour la Pologne, le cardinal Belluga pour l’Espagne, sollicitaient la même faveur, et les agents diplomatiques de ces trois puissances insistaient dans ce but auprès du Saint-Siège, au nom de leurs gouvernements. Le cardinal Albani, rapporteur de la cause, le cardinal Marefoschi, vicaire de Rome, les cardinaux Belluga, Cienfuegos ne doutaient point du succès. La S. C. des Rites, dans sa séance du 12 juillet 1727, n’en repoussa pas moins la demande des postulateurs, avec la note Non proposita, ce qui signifie, observe Benoît XIV, qu’on donnait l’avis de ne plus présenter à l’avenir une instance qui impliquait de nombreuses difficultés et ouvrait la voie à une réponse négative. Lettre du P. de Gallifet à Mgr Languet, évêque de Soissons, 17 juillet 1727. Cf. E. Letierce, op. cit., p. 143. Sur le sens et la portée canoniques de cette note Non proposita, voir Nilles, De rationibus festorum utriusque Cordis Jesu et Mariée, t. i, p. 333. Le P. de Gallifet, loin de regarder la cause comme définitivement perdue, reprit la lutte avec une énergie nouvelle. Aux difficultés théologiques du cardinal Lambertini, promoteur de la foi, il répondit par des éclaircissements d’une rigoureuse précision et d’une invincible logique sur l’objet de la dévotion au SacréCœur et sur les données de la tradition relatives à la dévotion elle-même. Une décision de Rome, le 30 juillet 1729, fut encore négative. Le P. de Gallifet dut quitter Rome pour rentrer en France dans le courant de l’année suivante. Mais avant de partir, il avait fondé dans l'église de Saint-Théodore une confrérie du Sacré-Cœur, dite des 72 disciples, enrichie bientôt de nombreuses indulgences par les souverains pontifes Benoît XIII, Clément XII et Clément XIII et destinée essentiellement, semble-t-il, à hâter le moment où l'Église accorderait à la dévotion au Sacré-Cœur son approbation solennelle. Le 26 mars 1783, Clément XII accordait à cette pieuse confraternité le privilège de la fête du 1 er vendredi après l’octave du saint-sacrement. Clément XIII, qui s'était enrôlé dans la confrérie lorsqu’il n'était encore que minoré, se hâta, dès qu’il fut promu sur la chaire de saint Pierre, de confirmer cette concession et d’y ajouter de nouvelles faveurs. C’est à lui qu'était réservé l’honneur insigne de donner à la dévotion au Sacré-Cœur l’approbation solennelle de l'Église. Clément XIV étant cardinal s'était fait inscrire parmi les membres de la confrérie et donna lui-même la bénédiction du saintsacrement aux confrères. Élu pape, il leur accorda une indulgence plénière pour la fête du Sacré-Cœur. Enfin Benoît XIV voulut vénérer l’image du SacréCœur exposée dans l'église de Saint-Théodore, et en 1750 déclara l’autel privilégié. Il ne restait plus qu'à autoriser la messe et l’office du Sacré-Cœur ; c’est ce que fit Pie VI, le 19 janvier 1779. C’est à l'œuvre fondée parle P. de Gallifet qu’allaient toutes les faveurs de l'Église et par elle, bientôt, à tous les fidèles.

En 1743, le P. de Gallifet eut à défendre au point de vue dogmatique, contre les objections du cardinal Lambertini, devenu le pape Benoît XIV depuis 1740, le Mémoire de Sœur Marguerite-Marie Alacoque sur la vie et sur les communications divines relatives à la dévotion au Sacré-Cœur, h' Apologie rédigée par le P. de Gallifet, en ramenant lumineusement tout l’ensemble de la question aux principes mêmes de la théologie, ne laissa rien subsister des difficultés

spécieuses soulevées d’office par le promoteur de la foi et entra complètement dans les vues du souverain pontife.

Le P. de Gallifet a laissé en outre un petit traité théologique sur le culte du Cœur immaculé de Marie : De cultu immaculali Cordis Mariæ, inséré dans le Cursus theologise de Migne, t. viii, col. 1491 sq., et dans le De rationibus jestorum utriusque Cordis Jesu et Mariæ du P. Nilles, t. i, p. 427-437. Il travailla jusqu'à sa mort à des ouvrages de dévotion souvent réimprimés, même de nos jours, tels que les Sujets de méditation pour une retraite de huit jours, édités par le P. Ch. Siméon, Boulogne, 1891, d’après le texte de 1734 ; les Exercices des principales vertus de la religion chrétienne, Lyon, 1750 ; Paris, 1872, édition du P. M. Bouix, et une Instruction abrégée sur la dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, Lyon, 1750. Le P. de Gallifet mourut au collège de Lyon, le 1 er septembre 1749, heureux de voir s’affirmer partout les progrès merveilleux de la dévotion au Sacré-Cœur, dont il avait été tout à la fois le théologien et l’apôtre.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iii, col. 1124-1131 ; E. Léticrce, Le Sacré-Cœur et la C" de Jésus, p. 128 sq. ; Ilurter, Nomenclalnr, 1910, t. iv, col. 1659.

P. Bernard.

    1. GALLUZZO ou GALLUCCI (Gilles de)##


GALLUZZO ou GALLUCCI (Gilles de), dominicain italien, né à Bologne et dont Léandre Alberti fait mention, De viris illustribus ordinis prædicatorum, Bologne, 1517, fol. 104. Il y a lieu pourtant de distinguer deux personnages du même nom : l’un, évêque de Torcello, 1259-1288, Gams, Séries episcoporum, p. 772 ; l’autre, archevêque de Candie, dans l'île de Crète. Élu le. Il mai 1334, il serait mort le 6 décembre 1340. D’après Alberti, il serait mort à Bologne et aurait été enterré dans l'église Saint-Dominique de son ordre, où un tombeau lui fut érigé qui se voyait encore du temps de cet écrivain, devant le maître-autel de la basilique. Il est évident que l’archevêque de Candie est un personnage complètement différent de l'évêque de Torcello. D’après Rovetta, s’appuyant sur le témoignage de Vincent Rivalius, Gilles de Gallucci aurait laissé un certain nombre d’ouvrages, qui se conservaient dans la bibliothèque conventuelle de Bologne : 1° De Christi Domini et apostolorum paupertale ; 2° Adversus begardos et beguinos ; 3° Summa casuum conscienliæ ad jormam sacrorum canonum et juxta S. Thomze principia.

Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, Paris, 17191721, t. i, p. 597 ; Léandre Alberti, De viris illustribus ordinis prædicatorum, Bologne, 1517, fol. 104, 124 ; Fontana, Sacrum Iheatrum dominicanum, Rome, 1666, p. 310 ; il identifie à tort les deux personnages, il veut que Galluzzi ait été transféré à Candie, ce que la chronologie ne souffre pas ; Eubel, Hierarchia catholica, t. i, p. 223 ; Gams, Séries episcoporum, p. 401.

R. Coulon.

    1. GALTIER Bernard##


GALTIER Bernard, controversiste, né à Saintvffrique (Aveyron), admis dans la Compagnie de Jésus en 1584. Après avoir enseigné la rhétorique à Rodez, puis à Agen, il fut recteur du collège de cette ville et de celui de Bordeaux. Il prêcha pendant trente ans dans les principales villes de France et mourut à Poitiers le 6 avril 1629. Ses controverses avec les protestants du Poitou eurent un très grand retentissement. Il reste de lui, outre une réplique faite à une instruction de Pierre de la Vallade, pasteur de l'église de Fontenay, un important ouvrage sur les principes de la morale calviniste et leurs applications, sous ce litre : L’Apocalypse de la Réformation ou la révclaliondes mystères de la religion prétendue réformée. Œuvre divisée en xii discours qui montrent comme la doctrine qu’elle professe conduit â toute méchanceté, Poitiers, 1620. Cet ouvrage lui attira de vives attaques de la part de