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GALLICANISME — GALLIFET


Dans une société visible, comme est l'Église catholique, quiconque prétend gouverner exclusivement tout ce qui est extérieur, met la main sur les organes essentiels et sur tout leur exercice.

4° Les condamnations du gallicanisme des politiques. — En plus de la doctrine gallicane sur le mariage, dont il sera question ailleurs, voir Mariage, deux pratiques très usitées en France ont été spécialement réprouvées par les papes : l’appel comme d’abus, et le placet requis pour donner aux actes apostoliques et aux décrets des Congrégations romaines, non seulement valeur légale (au for civil), mais valeur obligatoire (au for de la conscience et au for externe de l'Église gallicane).

Le Syllabus rattache l’appel comme d’abus et Yexequatur (placet) à une doctrine sur la prérogative du pouvoir séculier en tant que tel (abstraction faite de la qualité de protecteur de l'Église que peut revendiquer un prince chrétien), et il frappe à la fois la doctrine et la pratique : « La puissance civile, même exercée par un infidèle, a une autorité indirecte et négative sur les choses sacrées, et par conséquent non seulement le droit à'exequatur, mais encore celui qu’on nomme appel comme d’abus. » Prop. 41e, Denzinger, n. 1741.

La condamnation spéciale du droit de placet a une portée beaucoup plus générale. Elle avait déjà été mentionnée dans la bulle In cœna Domini de Jules II (1510), a. 10 ; le concile du Vatican l’a renouvelée en des termes qui ne laisseraient aux gallicans, s’il en était encore, aucune échappatoire :

Damnamus et reprobamus Nous condamnons et ré illorum sententias qui hanc prouvons la théorie de supremi capitis cum pasquiconque affirme pouvoir litoribus et gregibus commucitement interrompre la comnicationem licite impedire munication entre le chef posse dicunt, aut eamdem suprême de l'Église, les reddunt s.-eculari potestati pasteurs et les troupeaux, obnoxiam, ita ut contenou la fait dépendre du poudant quse ab apostolica voir civil, prétendant enlesede ejus auctoritate ad rever aux actes du siège aposgiiiun Ecclesiae constituantolique ou |de ceux qui tur, vim ac valorem non agissent] par son autorité haherc nisi potestatis sa-- pour le gouvernement de eularis placito confirmenl'Église, toute force et toute tur. Const. Filins Dei, c. iii, valeur s’ils n’ont pas été Denzinger, n. 1829. confirmés par le placet de

la puissance séculière. M. Driii'.n i.. GALLIFET Joseph-François, théologien jésuite, un des plus savants et plus zélés apôtres de la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus. Né à Aix. le 3 mai 1663, d’une noble famille de Provence, il entra dans la Compagnie de Jésus, au noviciat d’Avignon, le 17 septembre 1078, et suivit pendant trois ans (1080-1683) les cours de philosophie du collège de la Trinité à Lyon, où le P. de la Colombière remplissait les fonctions de père spirituel. C’est aloi. écrit le P. de Galiifet, que j’eus mbeur de tomber sous la conduite spirituelle du R, P. de la Colombière, le directeur que Dieu avait donné à la Mire Marguerite-Marie, laquelle étail alors encore vivante. C’est de ce serviteur de Dieu que je reçus les premières instructions touchant la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, et je commençai dès lors à l’estimer et à m’y affectionner. « De l’excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus-Christ, Lyon, 17.'5.'î, p. 222.

Ordonné prêtre à Lyon pendant sa quatrième année de théologie, il suivait dans la maison de Saint-Josepb les c de la troisième probation, lorsqu’une

maladie L’ra c le réduisit en quelques jours à la dernière mité. La communauté venait de réciter auprès de lui les prii res des agonisants, quand un autre grand e du Sacré-Cœur, le P. Crolset, déjà vénéré de

tous comme un saint, se sentit inspiré de se rendre devant le saint-sacrement et d’y faire un vœu pour la guérison du malade déjà privé de tout sentiment. c II promit à Jésus-Christ que, s’il lui plaisait de me conserver la vie, je l’emploierais tout entière à la gloire de son Sacré-Cœur. Sa prière fut exaucée ; je guéris. J’ignorais le vœu qu’on avait fait à mon insu ; mais le danger passé, il me fut donné par écrit. Je le ratifiai de tout mon cœur ; et je me regardai dès lors comme un homme dévoué par un choix marqué de la providence au Cœur adorable de mon souverain Maître. Tout ce qui regardait sa gloire me devenait précieux et j’en fis l’objet de mon zèle. » Op. cil. Dès lors, la vie du P. de Galiifet est consacrée, sans réserve, à faire connaître et à promouvoir le culte du Sacré-Cœur : elle est liée tout entière à l’histoire de cette dévotion. Préfet des études, puis recteur au collège de Vesoul, ensuite recteur du collège de Grenoble, où il érige une chapelle au SacréCœur, qui devient bientôt le centre d’une congrégation florissante, recteur du collège de la Trinité à Lyon (1713), provincial (1719-1723), recteur du collège de Besançon, où il élève comme à Grenoble une élégante chapelle du Sacré-Cœur, assistant de France à Rome 1724-1730), le P. de Galiifet se montre partout, mais surtout à Rome, l’insigne apôtre du Sacré-Cœur, l’avocat universel de toutes les causes qui intéressent la dévotion nouvellement propagée. « Il semble, dit un document conservé au monastère de Paray et daté du 27 mars 1725, que le P. de Galiifet, assistant de France, ne soit à Rome que pour faire valoir cette dévotion, de même qu’il faisait à Lyon, n'étant que provincial. C’est dans ce temps que nous avons eu l’honneur de le voir ici, dans le cours de ses visites, et de connaître son rare mérite et sa rare vertu. » Cf. E. Lelierce, Le Sacré-Cœur et la Compagnie de Jésus, p. 134. Le P. de Galiifet déploya en effet, dans ce but, une activité prodigieuse. Il sollicita et obtint l'érection canonique d’un grand nombre de confréries soit pour les maisons de la Visitation à La Flèche, Grenoble, Seyssel, Chambéry, Montélimart, Paray-lc-Monial, Montargis, Marseille, Sisteron, Avallon, et bien d’autres, soit pour les églises de la Compagnie de Jésus à Sidan Blois, Grenoble. Sedan, Palma de Majorque, Ispahan, la Guadeloupe, Saint-Domingue, Léopol, Pondichéry, ete Mais l'œuvre la plus importante de sa vie fut assurément d’obtenir de Rome l’approbation d’un culte public et l’institution d’une fête solennelle en l’honneur du Sacré-Cœur. A deux reprises, en 1087 et en 1097, la S. C. des Rites avait refusé d’accéder à la supplique transmise par les religieuses de la Visitation à l’effet d’obtenir la concession de la fête, de la messe et de l’office du Sacré-Cœur. Une nouvelle supplique fut présentée par les religieuses de Paray, le juin 1725, au nom des plus grands monastères de France et de Lorraine. Le P. de Galiifet emploie toute son ardeur à faire triompher cette cause.. Il rédige un long et savant mémoire, qui est un véritable traité sur le culte du Sacré-Cœur, De cultu Sacrosancil Cordis Dei ac Domini noslri Jesu Christi in l’uriis clirisliani orbis provinciis jam propagaio, édité en 1720 aux frais du cardinal camerlingue Albani et destiné a lever les dernières difficultés de la S. C. des Hites. Le cardinal Prosper Lambertini, depuis Benoît XIV, déclara écritures parfaites sous tous les rapports. Cf. Dcsmolets, Continuation des Mémoires de littérature, t. III, p 160. Cet ouvrage, aussitôt traduit en italien, cil allemand, en espagnol, ne fut publié en français par l’auteur ((n’en 17.' » .' !, sous ce titre : Dr l’excellence de

la dévotion au Cœur adorable <ie Jésus christ, Lyon, 1733. 'tu ions se succédèrent rapidement, bientôt répandues dans toute la France. Vppuyé chaleureusement par le roi d’Espagne, Philippe V, pai le roi de Pologne, Au

gustellet parla reine de I -ranc -e.Mai ie I.eczinska, le P. de