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GALILEE


n’ai jamais soutenu dans mon for intérieur l’opinion de Copernic depuis que j’ai reçu l’ordre de l’abandonner. Du reste, je suis entre vos mains, faites ce qu’il vous plaira. — Dites la vérité, sinon on en viendra à la torture. — Je suis ici pour obéir ; après la décision de l’Index, je n’ai pas tenu cette opinion (pour vraie), je l’ai déjà dit. » Comme on ne pouvait rien obtenir de plus, on le renvoya à sa place, après lui avoir fait signer sa déposition. Favaro, Galileoe V Inquisizionc, p. 100-101 ; von Gebler, Die Aclen, p. 112-114 ; ms. du procès, fol. 452-453. De torture proprement dite, il ne fut pas question. Cf., sur ce point, Vacandard, La condamnation de Galilée, loc. cit., p. 331, note ; Garzend, Si Galilée pouvait légalement être torturé, dans la Revue des questions historiques, octobre 1911 et janvier 1912.

Cette douloureuse séance, où l’attitude de l’accusé étonne et afflige autant que l’insistance des juges, ne remplissait encore qu'à moitié les intentions et les ordres du souverain pontife. Il restait à condamner Galilée à la prison, après l’avoir fait abjurer. On le conduisit le lendemain dans la grande salle du couvent des dominicains de Santa Maria sopra Minerva. La sentence fut prononcée au nom du Saint-Office. Galilée en écouta le lecture, debout et la tête découverte. Ce jugement, rédigé en italien, débutait par les noms et les titres des dix cardinaux qui composaient le tribunal du Saint-Office, puis résumait, assez longuement d’ailleurs, l’historique du procès, en remontant jusqu'à l’année 1615. Nous ne donnerons ici que la sentence proprement dite :

Nous prononçons, jugeons et déclarons que toi, Galilée, tu l’es rendu véhémentement suspect d’hérésie, à ce SaintOfvce, comme ayant cru et tenu une doctrine fausse et contraire aux saintes et divines Écritures, à savoir : que le soleil est le centre de l’univers, qu’il ne se meut pas d’orient en occident, que la terre se meut et n’est pas le centre du monde ; et qu’on peut tenir et défendre une opinion comme probable, après qu’elle a été déclarée et définie contraire à l'Écriture sainte : en conséquence, tu as encouru toutes les censures et peines établies et promulguées par les sacrés canons et les autres constitutions générales et particulières contre les fautes de ce genre. Il nous plaît de t’en absoudre, pourvu qu’auparavant, d’un cœur sincère et avec une foi non simulée, tu abjures en notre présence, tu maudisses et tu détestes les erreurs et hérésies susdites et toute autre erreur et hérésie contraire à l'Église catholique et apostolique romaine, selon la formule que nous te présenterons.

Mais afin que ta grave et pernicieuse erreuretta désobéissance ne restent pas absolument impunies, afin que tu sois à l’avenir plus réservé et que tu serves d’exemple aux autres, pour qu’ils évitent ces sortes de fautes, nous ordonnons que le livre des Dialogues de Galileo Galilei soit prohibé par un décret public ; nous te condamnons à la prison Ordinaire de ce Saint-Office pour un temps que nous déterminerons à notre discrétion, et à titre de pénitence salutaire nous t’imposons de dire pendant trois ans, une fois par semaine, les sept psaumes de la pénitence, nous réservant la fænlté de modérer, de changer, de remettre tout ou partie des peines et pénitences ci-dessus. Favaro, Le opère, t. i, p. 105-406 ; Galileoe V Inquisizione, p. 146.

Le texte de la condamnation porte les signatures de sept cardinaux : les trois autres membres du Saint-Office dont les noms manquent n’assistaient vraisemblablement pas à la séance, mais nous savons par Niccolini, d’après une déclaration du pape, Favaro, Le opère, t. xv, p. 160, que l’unanimité (nemine disculpante) était complète parmi les membres du tribunal. itenci n i tail d’ailleurs que l’exécution de l’ordre donné par Urbain VIII dans la séance du l<i juin.

la lecture du jugement achevée, « .alliée reçut une formule d’abjuration écrite en italien ; et, à genoux, la main.mis Évangiles, il lut :

i. Galileo Galilei, Mis <i<- feu Vincent Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans…, je jure que j’ai toujours ciii,

que je crois maintenant, et qu’avec l’aide de Dieu je croirai à l’avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la sainte Église catholique et apostolique romaine.

Mais parce que, après que ce Saint-Office m’avait juridiquement intimé l’ordre d’abandonner absolument la fausse opinion que le soleil est le centre du monde et immobile, que la terre n’est pas le centre et se meut, et la défense de tenir, de défendre et d’enseigner cette fausse doctrine d’aucune manière, de vive voix ou par écrit ; et comme, après qu’il m’avait été notifié que cette doctrine est contraire à l'Écriture sainte, j’ai écrit et fait imprimer un livre dans lequel je traite cette doctrine déjà condamnée et j’apporte des arguments très efficaces en sa faveur, sans donner aucune solution, j’ai été jugé véhémentement suspect d’hérésie par ce Saint-Office, à savoir, d’avoir tenu et cru que le soleil est le centre du monde et immobile, et que la terre n’est pas le centre et se meut.

Voulant donc faire disparaître de l’esprit de Vos Éminences et de tout chrétien ce véhément soupçon qui a été justement formé contre moi, j’abjure, je maudis et je déteste les susdites erreurs et hérésies, et généralement toute autre erreur quelconque et secte contraire à la sainte Église. Et je jure qu'à l’avenir je ne dirai plus et n’assurerai plus, de vive voix ni par écrit, aucune chose qui puisse donner de moi un tel soupçon ; si je connais quelque hérétique ou quelqu’un qui soit suspect d’hérésie, je le dénoncerai à ce Saint-Office, ou à l’inquisiteur et à l’ordinaire du lieu où je me trouverai. Je jure encore et promets d’accomplir et d’observer entièrement toutes les pénitences qui m’ont été ou me seront imposées par ce Saint-Office. — Il signa ensuite de sa propre main : « Je, Galileo Galilei, ai abjuré comme ci-dessus. » Favaro, Le opère, t. xix, p. 402-407 ; Galileoe V Inquisizione, p. 146 ; Vacandard, La condamnation de Galilée, loc. cit., p. 389-393. Outre le texte italien, le P. GriSar, op. cit., p. 131-137, donne un texte latin en regard. Le texte latin est tiré du P. Riccioli, Almagestum novuw, Bologne, 1653, t. ii, p. 497 sq.

VI. Fin de Galilée.

La peine de Galilée fut commuée par le pape, le jour même de sa condamnation. Au lieu de la prison du Saint-Olfice, on lui assigna pour demeure le palais du grand-duc de Toscane, ou plutôt la villa Médicis. Cf. Favaro. Le opère, t. xix, p. 283-284 ; Quale il domicilio di Galileo in Roma durante il secondo processo, loc. cit. Sur la demande de ses amis, il put même, quelques jours plus tard (la permission du pape est du 30 juin), prendre, le 6 juillet, le chemin de Sienne, von Gebler, Die Aclen, p. 414 ; ms. du procès, fol. lô.'î, OÙ l’archevêque Piccolomini lui offrit une somptueuse hospitalité.

C'était toujours l’exil. Le condamné avait la nostalgie des bords de l’Arno. Urbain VIII, averti de son désir, lui accorda l’autorisation de se retirer à sa villa d’Arcetri, près Florence, à la condition d’y vivre seul et de n’y appeler ni recevoir personne. La permission est du 1 er décembre 1633. Von Gebler. Die Aclen, p. 164 ; ms. du procès, fol. 534.

Cette réserve devait d’ailleurs s’entendre dans un sens large ; les visites des parents et des amis n'étaient pas défendues, pourvu qu’elles ne portassent pas ombrage, disait le pape lui-même à Niccolini en lui communiquant cette décision. Albert, Le opère, l. i, p. 407.

Des amis maladroits changèrent malheureusement ces b Mimes dispositions de la cour de Rome pour Galilée. Ils continuèrent de vanter son génie et ses découvertes. On le dénonça au Saint-Office pour avoir répandu, pendant son léJOUI a Sienne. des opinions peu catholiques. » Von Gebler, Die Aclen, p, 172 ; ms. du procès, fol. 547. Galilée s aperçut bientôt de

l’impression produite par ces dilations tournoi Comme il sollicitait la permission de se rendre à Florence pour se faire soigner par les médecins de cette Ule, on la lui refusa net, l 'ar une coïncidence fâcheuse, la défense de quitter Arcetrl lui lut signifiée le jour même..u ii apprenait 'i 1 "' sa M||< '- religieuse en un monastère voisin, était dans un ctat désespén