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sacrée Scripluræ, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 511519. C’est l’enseignement donné dans les grands séminaires, F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 74-75, et Léon XIII a garanti cet enseignement de sa haute autorité dans l’encyclique Providentissimus Deus, du 18 novembre 1893. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1947. Voir Inspiration. Mais au xviie siècle la nouveauté de ce langage était plus propre à irriter les adversaires de Galilée qu’à les convaincre. Sa théorie allait incontestablement à rencontre des idées reçues non seulement en matière de science, mais encore en matière d’exégèse. « Elle est contraire au sentiment commun de tous les théologiens scolastiques et de tous les saints Pères, » devait dire le P. Caccini dans sa déposition au procès de 1616. Cf. von Gebler, Die Acten des Galilcischen Processes, Stuttgart, 1877, p. 26 ; manuscrit du procès, fol. 354.

En attendant le procès, le P. Thomas Caccini dénonçait au public, du haut de la chaire (avent 1614), à Florence, la théorie copernicienne de Galilée et montrait qu’elle était incompatible avec le mot de Josué : « Soleil, arrête-toi, » Jos., x, 12, et par conséquent « quasi hérétique » . Manuscrit du procès, fol. 354 ; von Gebler, Die Aclen des Processes, p. 25. Le frère du prédicateur, Mathieu Caccini, qui résidait à Rome, et le supérieur des dominicains regrettèrent vivement cette incartade. Cf. lettre de Mathieu, du 2 janvier 1615, dans Antonio Ricci Ricardi, Galileo Galileie fra Tommaso Caccini, Florence, 1902, p. 69, et lettre du supérieur à Galilée dans Alberi, Le opère, t. viii, p. 337. Mais le coup était porté, et Galilée en sentait la gravité.

Il se tourna vers Rome, notamment vers le P. Griemberger, successeur du P. Clavius au Collège romain, vers Mgr Dini, éminent théologien, dont il s’était fait un disciple convaincu, et vers Bellarmin. Dans sa lettre a Mgr Dini, dans Favaro, Le opère, t. v, p. 289, il se demande comment on peut songer à faire condamner la théorie de Copernic, qui reçut un si bon accueil du pape Paul III, et il espère que ses amis empêcheront le Saint-Office de commettre une telle faute. Mgr Dini lui répond, au nom de Bellarmin, que la condamnation de Copernic n’est pas probable et au nom du P. Griemberger que, toute « plausible ? q’uellc soit, la théorie copernicienne n’est pas démontrée ; Copernic n’a pas eu l’intention de prouver que la terre tourne autour du soleil, mais il a simplement donné sa théorie comme une hypothèse mathématique. En tout cas, il est prudent de ne pas s’engager dans les querelles théologiques que peut déterminer la discussion des textes de l’Écriture. Favaro, Le opère, t. il, p. 15."). « Dire que Copernic s’exprime par manière d’hypothëse et non avec la conviction que sa théorie est conforme à la réalité, riposte Galilée, c’est ne l’avoir pu lu. » Quant au conseil qu’on lui donne d’abandonner l’Écriture aux exégètes ci aux théologiens de profession, il est prêt a le suivre. Mais il fait observer que Dieu peut éclairer l’intelligence des plus humbles Les questions qu’ils n’ont pas bien étudiées. En tout cas, il ne faut pas oublier que, pour entreprendre d’accorder ensemble l’Écriture sainte et les sciences naturelles, il est nécessaire de connaître celles-ci à fond, i Si j’ai tenté de le faire malgré mon peu d’expérience dans la sainic I.< riture, on excusera ma témérité, Attendu que je suis tout disposé à me soumettre au Jugement de mes mpi i nuis. Lettre du 23 mars 1615, iro, le opère, t. v, p. 297-300.

Vers le même temps, le carme FoscarioJ louti une opinion lemblable : Lellera dei il. /’. M. Paota Antonio Foscarini carmclilani <d Reverendluimo I’. Générale <itl su<> ordinc, Scbasliano Fantoni, supra

l’opinione dei Pigaloricie del Copernico, nella quale si accordano ed appaciano i luoghi délia sacra Scrittura e le proposizioni teologiche, che giammai polessero addursi conlro laie opinione, dans Alberi, Le opère di Galilei, t. v, p. 455-494. A l’en croire, le système de Ptolémée ne rendait pas compte des phénomènes observés dans l’ordre de l’astronomie ; seul le système copernicien en offrait une explication rationnelle. Foscarini considérait donc ce dernier système au moins comme vraisemblable et n’excluait pas la probabilité de le voir bientôt reconnu comme vrai.

Il en concluait qu’il fallait s’y rallier et mettre désormais de côté les vains scrupules qui pouvaient provenir d’une conception erronée de la sainte Écriture.

Bellarmin prit peur, et par une lettre en date du

12 avril 1615, publiée par Dominico Berti, Copernico e le vicende del sistema copernicano, Rome, 1873, Paravia, p. 121 sq. ; Favaro, Le opère di Galilei, t. xii, p. 171-172, il crut devoir rappeler à Foscarini quelle devait être, dans la question, l’attitude des théologiens prudents : « Je dis, mon Révérend Père, écrivait-il, que vous et le seigneur Galilée vous agiriez prudemment en vous contentant de parler ex supposilione et non d’une manière absolue, comme j’ai toujours cru que Copernic avait parlé ; car, dire qu’en supposant le mouvement de la terre et l’immobilité du soleil on sauve mieux toutes les apparences qu’avec les excentricités et les épicycles, c’est très bien dire, cela n’offre aucun danger, et cela suffit au mathématicien. Mais vouloir affirmer que réellement le soleil est au centre du monde et qu’il tourne seulement sur lui-même, sans aller de l’orient à l’occident, tandis que la terre est dans le troisième ciel, et tourne avec beaucoup de rapidité autour du soleil, c’est courir grand danger, non seulement d’irriter les philosophes et les théologiens scolastiques. mais de nuire à notre sainte foi, en accusant l’Écriture sainte d’erreur. Vous avez bien montré qu’il y a plusieurs manières d’expliquer la sainte Écriture, mais vous ne les avez pas appliquées en particulier, et certainement vous auriez trouvé de très grandes difficultés, si vous aviez voulu expliquer tous les passages que vous avez cités vous-même. « Je dis que, comme vous le savez, le concile défend d’interpréter l’Écriture contre le sentiment commun des saints Pères, et si vous voulez lire, je ne dis pas seulement les saints Pères, mais les commentaires modernes sur la Genèse, sur les Psaumes, sur l’Ecclésiaste, sur Josué, vous trouverez qu’ils s’accordent tous à expliquer, selon la lettre, que le soleil est dans le ciel et tourne autour de la terre avec une extrême vitesse, que la terre est très éloignée du ciel et reste immobile au centre du monde. Considérez maintenant, dans votre prudence, si l’Église peut tolérer qu’on donne aux Écritures un sens contraire aux saints Pères et à tous les interprètes grecs et latins. On ne peut pas répondre que ce n’est pas une matière de foi, parce que, si ce n’est pas une matière de foi ex parte objectt, c’est une matière de foi ex parte diceniis : de même ce serait une hérésie de dure qu’Abraham n’a pas eu deux fils et.Jacob douze, comme de dire que le Christ n’est pas né d’une vierge, parée que l’Esprit Saint a dit l’une et l’autre chose par la bouche des prophètes et des apôtres.

Je dis que, s’il avait une raie démonstration prouvant que le soleil est au centre du monde et la terre dans le troisième ciel, que le soleil ne tourne pal autour de la terre, mais la tem autour du soleil, alors il faudrait apporter beaucoup de circonspect ion dans l’explication des paSH M di l’Écriture qui paraissant contraires, et « lue. que nous ne les entendons pas, plutôt que de déclara taux ce qui est démontré. Mais je ne ai pas a l’existence d’une pareille