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GALATES (ÉPITRE AUX)


d’un judéo-chrétien ordinaire, qui, sans miracle, aurait abandonné la loi pour adhérer au Christ.

Au verset 10, Paul a mentionné un effet de sa mort avec le Christ dans le baptême : la fin de la loi, mais il ne peut s’empêcher d’indiquer en même temps le côté positif du baptême. Le baptême n’est pas seulement une mort, il est aussi une résurrection et une vie ; s’il est une mort à la loi, il est aussi une vie pour Dieu. Désormais, tout en étant encore dans la chair, Paul ne vit plus selon la chair, il vit pour Dieu, il vit dans la foi du Fils de Dieu, plein de reconnaissance pour le don de Dieu, sans aucune attache avec la loi. Et cette vie de foi, il a le devoir de la vivre, car depuis le baptême, le Christ habite et vit en lui, 20.

2. Vérité intrinsèque de l’Évangile de Paul (m-iv). — Dans son discours d’Antioche, Paul a déduit la liberté du chrétien, vis-à-vis de la loi, de l’impuissance de celle-ci à nous rendre justes devant Dieu. C’est cette impuissance que l’apôtre va faire ressortir davantage dans la seconde partie de l’Épître, en montrant par de multiples arguments la vérité de son système de la justification par la foi, et en esquissant en même temps le véritable rôle de la loi dans le plan divin du salut. Quand saint Paul oppose la loi à la foi, comme c’est souvent le cas dans l’Épître aux Galates, il entend par loi la loi mosaïque en général, dans son ensemble, et non seulement la loi cérémonielle, et par foi, l’ensemble de la révélation chrétienne, l’Évangile : ce sont deux économies qu’il compare. Quand il dénie à l’ancienne économie le pouvoir de justifier, il veut dire que, par les œuvres qui appartiennent à la loi mosaïque, personne ne peut acquérir la qualité de juste devant Dieu, cette qualité qui donne accès au royaume messianique ; quand il attribue ce pouvoir à la foi, il signifie que la justice s’obtient moyennant lacté de foi par lequel l’homme tout entier adhère à lÉvangile, c’est-à-dire à l’économie du salut instaurée par Jésus-Christ. L’ancienne économie est caractérisée par les œuvres, la nouvelle économie par la foi. Celte nouvelle économie a aussi ses œuvres, mais elles procèdent de la foi, sont postérieures à la justification, et n’entrent pas en ligne de compte ici. Quand saint Paul dit que l’homme est justifié par la foi, il n’identifie pas la justice et la foi. la foi ne produit pas psychologiquement la justice, mais en retour de la foi qui est elle même un don de Dieu, Dieu donne libéralement la justice, il impute la foi à justice, comme dans l’exemple d’Abraham. Enfin, saint Paul attribue Indifféremment Ions les elfets salvifiques à la foi et au baptême, et ; i bon droit : chez l’adulte, le baptême suppose la foi et la foi appelle le baptême. Ces deux causes de la justice, loin de s’exclure, se rejoignent ; le baptême appartient a l’économie de la foi, et l’acte de foi ne jusiitic que parce qu’il tend essentiellement au baptême où s’opère notre union avec le Christ, cause formelle de notre justifical Ion.

Après ces éclaircissements, nous pourrons rapidement exposer les arguments de saint Paul, en faveur île la justification par la foi sans les œuvres de la loi.

a) L’expérience des Galates, m. 1-5. — Les Galates’;  ! reçul’Esprit Saint dont la présence s’est manifestée

par des charismes et des pi I’effusion abondante « tes dons de l’Esprit était considérée comme une

iractéristiques des temps messianiques. Act., n.

I es temps messianiques sont donc ouverts

pour eux et ils j ont accès, car l’Esprit reçu est un

de justification. Or les Galates, convertis de la

gentilité, n’avaient jamais observé la loi de Moïse, ce

n’est donc pas l’observation île la loi qui leur a valu

le don île l’Esprit, mais bien la prédication de l’Évan quel moment les Calâtes ont ils reçu l’Esprit.’i lorsqu’ils oui cru.i l’Évangile prêché, i

lorsqu’il oui reçu le baptême’Paul ne nous le dit

pas et les Actes nous offrent des exemples pour les deux cas. L’Esprit-Saint descend sur la famille du centurion Corneille avant le baptême, x, 44-48 ; saint Pierre promet le don de l’Esprit aux convertis du jour de la Pentecôte, après leur baptême, ii, 38. C’est alors aussi que les disciples d’Éphèse le reçoivent, xix, G.

b)Le têmoignagedel’Écriture, nï, G-lS. — a.En faveur de la justification par la foi, 6-9. — Les Galates ont reçu l’Esprit par le moyen de la foi. Ce mode de justification n’est pas un fait isolé, c’est celui-là même qui a été employé lors de la justification du grand patriarche Abraham. L’Écriture dit, en effet, qu’Abraham crut à Dieu et que cela lui fut imputé à justice. Gen., xv, 6. Il est probable que les judaisanls s’étaient vantés auprès des Galates d’être seuls les fils d’Abraham, qu’ils avaient insisté sur la nécessité pour les gentils de devenir juifs par la circoncision et l’observation de la loi pour avoir part aux bénédictions promises à Abraham et à sa race. C’était un principe admis de tous qu’Abraham était le père des justes et leur modèle, qu’il fallait être fils d’Abraham pour avoir part aux promesses messianiques que Dieu lui avait faites. Mais qui sont les fils d’Abraham ? En justifiant Abraham et en lui confiant les promesses en retour de sa foi, sans autre condition, avant la circoncision et les œuvres, Dieu montra suffisamment que, pour être fils d’Abraham et être bénis avec lui, une seule chose était requise, imiter sa foi : gui ex fuie sunt, ii sunt fdii Abraha ; 7. Saint Paul reprendra cette preuve plus longuement dans l’Épître aux Romains, IV. De plus, l’Écriture a annoncé ce mode de justification des gentils par la foi ; elle a en effet prédit à Abraham que toutes les nations seraient bénies en lui. Gen., xii, 3. Ce ne sont pas les juifs seulement, mais tous les gentils ; or. entre Abraham et les gentils comme tels, il ne peut exister d’autre lien que celui de la foi. Ce sont donc les fils de la foi qui seront bénis avec le fidèle Abraham, 9.

b. Contre la justification ]>nr la loi, 10-18. — Saint Paul vient de montrer par l’Écriture que ceux qui se réclament de la foi seront justifiés et bénis avec Abraham ; il va prouver maintenant, et toujours par l’Écriture, qu’il en va tout autrement avec ceux qui se réclament de la loi : —. Ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la menace d’une malédiction et non pas sous la promesse d’une bénédiction, car la loi déclare maudit quiconque n’observe pas tous ses préceptes, 10 ; or, de l’aveu de tous, personne ne peut porter un tel fardeau. Cf. Cal.. VI, 13. Il est si vrai que ceux qui se placent sous la loi se placent souslamalédiction que, pour que les juifs puissent avoir part eux-mêmes à la bénédiction d’Abraham (dont les gentils n’auront le bénéfice qu’après que les juifs seront aptes à la recevoir), le Christ a dû intervenir pour lever cette malédiction qui pesait sm eux. 13, M.

, . Personne ne peut obtenir la qualité de juste devant

Dieu, par le moyen de la loi. car l’Écriture a Indiqué elle-même une autre voie pour arriver a la justice. La justice est requise en vue de la vie dans le royaume messianique, bien plus, elle est déjà elle-même cette

vie dans son stade Initial, Or d’après le texte d’Hab

il, 4, le juste vivra a raison de sa foi. el s il vit à raison île la foi c’est qu’il : irrie a la justice aussi par le moyen de la foi. D’autre part, on ne peut arriver à la justire et a la vie, simull anément par le moyen de la fol et pu le moyen de la loi ; ce sont la deux systèmes différents, Incompatibles ; la loi ne repose

pas snrle principe de la loi, mais sureeluides ŒUVreS,

lie promet la vie comme un salaire ; i ii loi qui gardera ses préceptes, Lev., xviii, ’>. tandis quc

la foi attend la justire et la vie comme un don de Dieu, le rôle de la loi n’est pas de Justin, i i