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GALATES (ÉPITRE AUX)


Évangile. Il faut admettre une mission commune entreprise chez les païens, c’est la première mission de Paul et Barnabe.

Paul dit qu’il monta à Jérusalem avec Barnabe et Tite, à la suite d’une révélation ; Luc rapporte que Paul et Barnabe et quelques-uns des leurs furent officiellement députés par les frères d’Antioche à Jérusalem, à la suite d’une vive discussion avec les judaïsants. Act., xv, 2. Les deux motifs ne s’excluent nullement. Peut-être Paul, tout désigné d’ailleurs par sa situation prépondérante et par le rôle qu’il venait de jouer dans la conversion des gentils, s’offrit-il spontanément. Une révélation lui enjoignait d’aller plaider lui-même sa cause.

On accusait Paul d’être en opposition avec les Douze, avec les colonnes de l’Église, les apôtres par excellence, comme on les nommait pour le rabaisser. Il voulut leur soumettre son Évangile afin qu’ils vissent s’il avait couru en vain (n, 2, (A7J retoç ;  ; xsvôv, la réponse négative est sous-entendue, Paul ne doute nullement de la vérité de son Évangile) et les colonnes de l’Église, quelle que pût être ailleurs leur autorité, ne lui ont rien conféré, ne lui ont rien donné qu’il n’eût déjà (oùSÈv jipoaavÉ8svTO èuoi duꝟ. 7 paraît répondre à iÙtoïç àvïOiar, ’/ du v. 2 : Je leur exposai, ils ne m’ajoutèrent rien). Ce langage de saint Paul s’accommodet-il des réserves indiquées dans le décret de la conférence de Jérusalem, xv, 28, 29 ? Le silence de l’Épître aux Galates touchant ces prescriptions ne prouvet-il pas qu’elle n’entend pas parler de la même réunion ? Remarquons encore une fois qu’il serait tout à fait invraisemblable d’admettre vers la même époque, au même endroit, dans les mêmes circonstances, deux réunions distinctes portant sur le même objet et formulant essentiellement les mêmes conclusions. Le silence de Paul, fût-il inexplicable, ne prouverait pas contre l’identité. Mais les raisons plausibles de l’omission ne manquent pas. Il n’est nullement nécessaire, pour la justifier, d’identifier le voyage de Gal., ii, avec celui du c. xi des Actes (Weber), ou de dire que le voyage de l’Épître aux Galates n’a nulle part son correspondant dans les Actes (Ramsay), ou de nier que le décret mentionnât les quatre défenses relatées dans les Actes (Schurer), ou de placer le décret dix ans plus tard vers le temps où saint Paul achevait sa troisième mission (Harnack, Lukas der Arzl, 1906, p. 91 sq.), ou <le se prononcer pour l’authenticité du texte occidental du décret (Harnack qui a modifié sa première opinion dans Die Aposlelgeschirhtr, 1908, p. 190). Mais on peut rappeler que saint Paul avait déjà eu l’occasion, au cours de sa seconde mission, de communiquer, aux Églises de Galatie, l’essence même du

t de Jérusalem. S’il revient, dans l’Épître aux < îalates, sur cette réunion conciliaire, c’est uniquement pour montrer. a rencontre de judaïsants qui en dénaturaient peut-être les résultats, que son Évangile a reçu l’approbation des principaux des Douze, aussi bien dans des conférences particulières qu’en assemblée publique Observons aussi que le décret de Jérusalem ne vise formellement que les communautés d’Antioche, de Syrie et de Cilicie où l’élément Judéotien était important, Act., xv, 23 ; Paul n’avait pas à en mentionner explicitement les prescription ! positives i des Pyhses d’une condition tout autre. vu le petit nombre de juifs qui s’y trouvaient. Enfin, maluré les restric-Uons’in décret, Paul pouvait dire en toute vérité que les apôtres ne lui axaient rien ajouté : Ces quatre prohibitions, ou du moins trois d’entre elles, étaient

indications concrètes de principes qu’il admettail également, et la quatrième, appartenant a l’enseignement explicite de l’Évangile, était prèchée pari ont

l’Évangile. L’accord entre 1< ipdtres léi osaient était parfait sur les principes et rien n’empêche de

croire que Paul ait volontiers reconnu les applications proposées par Jacques d’après l’auteur des Actes, là où les circonstances les rendaient opportunes. » Coppieters, Le décret des apôtres, dans la Revue biblique, 1907, p. 234-235.

Du reste, nous ne songeons nullement à méconnaître l’allure différente des deux récits, Act., xv ; Gal., n. La narration des Actes est tranquille et reposée ; elle juge les débats de loin, et ne s’intéresse qu’aux conférences publiques. L’Épître aux Galates est écrite dans le feu de la discussion renaissante, c’est l’œuvre d’un polémiste et d’un combattant. Paul faisant son apologie rapporte ce qui va droit à son but, il s’attache de préférence aux réunions privées. Cependant, ainsi que Renan le reconnaissait déjà, Saint Paul. p. Ni, note, le récit de Paul n’exclut pas la possibilité d’assemblées ; au contraire, il y fait allusion : ’Av ; 01 ; j17, v aJTOÏ ; to EjayYÉÀ’.ov, où aJTO ? ; ne peut se rapporter qu’à l’Église entière. Gal., ii, 2. Tite ne fut pas obligé de se faire circoncire, ii, 3, ce fait semble avoir été la mise en pratique immédiate des décisions de l’assemblée. Cf. J. Thomas, L’Église ci les judaïsanls à l’âge apostolique, dans Mélanges d’histoire et de littérature religieuses, Paris, 1899.

c) Triomphe de l’Évangile de Paul à Anlioche. — A Jérusalem, Paul fit approuver son Évangile par Jacques, Jean et Pierre. En refusant aux judaïsanls la circoncision de Tite. ils sanctionnèrent la liberté des gentils vis-à-vis de la loi. A Antioche, lors d’un incident mémorable dont l’Épître aux Galates seule a conservé le souvenir, le point de vue de Jérusalem fut même dépassé et Paul amena le prince des apôtres à reconnaître pratiquement et complètement la liberté chrétienne. Gal., ii, 11-21.

D’après l’Épître aux Galates. le débat d’Antioche eut lieu après l’assemblée de Jérusalem. Nulle raison d’intervertir cet ordre chronologique. Le décret de Jérusalem avait défini la situation des païens convertis, il n’avait pas parlé des juifs, il n’avait pas prévu les cas de conscience que devait faire naître le commerce des judéo et des clhnico chrétiens. Les chrétiens d’origine juive devaient-ils continuer à observer la loi mosaïque en s’abstenant de manger avec des nonjuifs ? Telle est la question qui se pose aussitôt à Antioche, dès avant la seconde mission de Paul. En ce moment Barnabe est encore avec Paul, ce qui ne se vérifie plus après la seconde mission. D’autre part, Paul et Barnabe ne firent pas un long séjour à Antioche après le retour de Jérusalem. Act., xv, 35-36. Nous ne nous arrêterons pas à prouver que le différend d’Antioche fut véritable et non simulé, ni que le personnage nommé Céphas, auquel s’en prend saint Paul, est bien l’apôtre Pierre, mais en quoi celui-ci était-il répréhensible ? En principe, Pierre pensait comme Paul, touchant la liberté du chrétien, même juif, vis de la loi. Il l’avait affirmé, au moins d’une façon générale, en posant le fondement du salut chrétien, au concile de Jérusalem : C’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauves de la même manière qu’eux aussi. Ad.. x. ii, et l’aul ne manque pas de lui rappeler cette déclaration : Pour nous. juifs de naissance et non pécheurs d’entre les païens… nous avons cru en Jésus pour être jusliliés par cette

i"i Gal., ii. 15, 1<>. Pratiquement, Pierre s’affranchissait sans scrupule de certaines observ ances légales : avant l’arrivée des tuais de Jérusalem, il axait coutume

de manger avec les gentils, n. 12. et Paul a soin de lui rappeler celle manière d’agir : I "i qui es juif, tu vis a la façon des grecs et non comme les juifs,

ii, i f. et de qualifier son changement de conduite de dissimulation (faôxptait), c’est i dire d’attitude en

opposition avec les convictions intimes. A lai

des Familiers de Jacques, Pierre, par peut