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CALATES (ÉPITRE AUX)


juifs contre Paul à Damas, l’cthnarque d’Arétas I gouvernait la ville, Ait., i., ’23-25 ; II Cor., xi, 32 ; il semble donc qu’on doive placer cette persécution lors du second séjour de Paul à Damas ; elle n’aura pas déterminé le voyage en Arabie, mais le départ pour Jérusalem. Nous ne possédons aucun renseignement touchant le séjour de saint Paul en Arabie. Il est peu probable qu’il y soit allé prêcher l’Evangile aux païens ou aux juifs établis dans ces régions. Il y aura médité le grand fait de sa conversion. Selon A. Resch, Der Paalinismus und die Logia Jesu in ihrem gegenseitii/en Verhàllnis untcrsuchl, 1904, l’apôtre a étudié à fond l’Évangile primitif durant les trois années de son séjour en Arabie, et c’est par ce travail exégétique qu’il se prépara à son rôle d’apôtre des nations. Nous ignorons la durée exacte de cette retraite, mais avec le second séjour à Damas elle demande trois ans. Gal., i, 18. L’auteur des Actes la passe sous silence ; il ne s’est pas proposé de narrer tous les gestes de Paul et, d’ailleurs, le cadre qu’il trace, ix, 19-25, est assez large pour comprendre les événements racontés par l’Épître aux Galates. Il y a même deux indications chronologiques qui pourraient se rapporter aux deux séjours de Paul à Damas, 19 : Saul resta quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas, et 23 : Des jours nombreux se passèrent.

La première visite que Paul fit à Jérusalem après sa conversion est racontée dans les Actes, ix, 26-30, sous un jour un peu différent. Il n’y est pas dit qu’elle n’eut lieu que trois ans après la conversion et que Paul ne vit que Pierre et Jacques, mais que Saul tâcha de se mettre en rapport avec les disciples et que Barnabe le conduisit aux apôtres. L’Épître aux Galates veut prouver l’autonomie et l’indépendance de la doctrine de Paul ; les Actes s’efforcent de montrer que Paul dès après sa conversion fut apôtre à Damas et à Jérusalem, que dans cette dernière ville il fut présenté à la communauté et comme officiellement reconnu. Les préoccupations sont différentes, mais il n’y a pas de contradiction. Peut-on conclure de la manière de parler des Actes, ix, 27, et de l’Épître aux Galates, i, 19, que Jacques frère du Seigneur était du nombre des Douze ? Il est indéniable que, dans le cas où la thèse de l’apostolat de Jacques serait solidement prouvée par ailleurs, ces textes ne pourraient que la confirmer, mais ils paraissent impuissants à l’établir par eux-mêmes hors de conteste. Saint Luc parle en historien, d’une façon générale, se préoccupant plus de la qualité des personnes que de leur nombre. En disant que Barnabe conduisit Paul aux apôtres, il n’entend pas plus insinuer que Jacques, à qui Paul rendit visite comme à Pierre, était du nombre des Douze, qu’il ne prétend signifier que Paul fut de fait présenté à tous les apôtres. Quant à l’affirmation de Paul : erspov oi Tôiv àjroŒTOÀtov ou/ eioov, si [xr]’Iâxcoëov tov àBsÀçov to5 x-jptou, elle mettrait certainement Jacques au nombre des apôtres, s’il était prouvé que la conjonction si |j.r] a bien le sens exceptif et non le sens adversatif : je n’ai vu aucun autre apôtre, mais j’ai vu Jacques ; que l’adjectif sT£po ; ne désigne pas ici un personnage d’un autre ordre et d’une autre dignité que les Douze : J’ai vu Pierre, je n’ai vu aucun apôtre d’un autre ordre, si ce n’est Jacques. Le frère du Seigneur serait apôtre, mais ne serait pas compté parmi les Douze. Voir, en faveur de cette interprétation, Mader, Biblische Zeilschrift, 1908, p. 393-406 ; en sens contraire, Steinmann, Kritische Bemerkungen in einer neuen Auslegung von Gal., i, 19, dans Der Katholik, 1909, p. 207-210. L’appartenance de saint Jacques au collège apostolique paraît plutôt affirmée par ce passage où saint Paul revendique son autonomie relativement aux apôtres.

b) Approbation de l’Évangile de Paul à Jérusalem, r ii,

1-10. — Paul, apôtre indépendant, appelé et instruit directement par Jésus-Cbrist, en dehors du collège des Douze, est cependant en communion de doctrine avec l’Église-mère et il a reçu l’approbation officielle des grands apôtres. Il leur exposa en particulier l’Evangile qu’il prêche aux gentils et dont le premier article est l’exemption de la loi mosaïque. Il fut approuvé et on ne l’obligea pas à circoncire Tite. Bien plus, les colonnes de l’Eglise, Jacques, Pierre et Jean, reconnurent expressément sa mission, lui tendirent la main en signe d’alliance et partagèrent avec lui le champ de l’apostolat, en lui recommandant seulement les pauvres de Jérusalem.

Nous croyons avec la grande majorité des critiques et des exégètes (à rencontre de Calvin, Weber, Belser, Le Camus, Ramsay, etc.) que la réunion de Jérusalem, que saint Paul décrit ici, est identique à l’assemblée des apôtres dont parle le c. xv des Actes. D’une part, les points de contact sont trop nombreux et trop minutieux pour admettre une autre explication, et d’autre part, les divergences s’expliquent suffisamment par la diversité d’auteurs et de points de vue. Les mêmes personnages apparaissent des deux côtés et jouent le même rôle (Paul mentionne en plus Tite et Jean) ; les adversaires sont les mêmes et l’objet du débat est identique ; le dénouement est le même et les circonstances de lieu et de temps concordent parfaitement. Selon les Actes, la réunion de Jérusalem eut lieu entre la première mission de Paul qui commença après la mort d’Hérode en 44 et se termina vers 49, et la seconde mission caractérisée par la rencontre à Corinthe de Paul et de Gallion (en 52-53, ainsi qu’on peut le déduire de l’inscription de Delphes publiée par Bourguet, De rébus Delphicis imperatoriæ setatis capita duo, Montpellier, 1905), c’est-à-dire entre 49 et 51. D’après saint Paul, la réunion de Jérusalem eut lieu dix-sept ans, ou peut-être quatorze ans (Gal., ii, 1, comparé à i, 18) après sa conversion, qu’on ne peut placer avant 34, c’est-à-dire encore une fois vers 49-51. Enfin, l’on ne peut songer à identifier le voyage de Gal., ii, 1, avec celui dont parlent les Actes, xi, 30 ; xii, 25 : ces deux voyages n’ont en commun que ceci : l’engagement de subvenir aux pauvres de Jérusalem, Gal., ii, 10, qui rappelle le but principal de la mission des Actes, xi, 30.

Les difficultés soulevées contre l’identification de Gal., ii, avec Act., xv, ne sont pas très considérables. Si Paul, dit-on, parle de la visite qu’il fit à Jérusalem, à l’occasion du concile, il omet de mentionner le second voyage en 43-44 à l’occasion de la famine, Act., xi, xii, et le voyage du concile est en réalité le troisième qu’il fit à Jérusalem depuis sa conversion. Mais Paul n’avait aucun motif de rappeler le voyage de l’an 43, il ne prétend pas faire un récit logique des événements de sa vie. Au c. i, il établit qu’il n’a pas appris son Évangile des hommes, mais qu’il le tient de Jésus-Christ : au c. ii, il montre que son Évangile a été sanctionné par les principaux des Douze et c’est à ce propos qu’il est amené à parler de l’assemblée de Jérusalem et de l’affaire d’Antioche. Saint Paul garde de même le silence touchant la première mission apostolique entreprise avant le concile de Jérusalem, et il ne mentionne que le voyage en Syrie et en Cilicie, i, 21. Peut-on en conclure que le voyage du c. n n’eut pas lieu à l’occasion du concile (ou ce qui serait plus extraordinaire encore, que la première mission a suivi le concile) ? Mais pourquoi saint Paul aurait-il dû mentionner explicitement cette mission ? Il y fait d’ailleurs allusion, car, quand il se rend à Jérusalem, il a déjà prêché l’Évangile aux gentils, ce qu’il fit surtout au cours de la première mission ; il prend avec lui Barnabe : c’est que les deux apôtres ont le même intérêt à la solution qui sera donnée, il s’agit de la vérité de leur