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GALATES (ÉPITRE AUX)


ensuite la parole de Dieu dans la province d’Asie. Défense leur en étant faite par l’Esprit-Saint, ils parcoururent du sud au nord la Phrygie et la Galatie et se trouvèrent aux confins de la Mysie. L’Esprit de Jésus ne leur permet pas d’aller en Bithynie et ils se rendent à Troas en traversant la Mysie. Dans la troisième mission, Paul, parti d’Antioche de Syrie, se rend à Éphèse par la région galatique et la Phrygie. Ce n’est sans doute pas le chemin le plus court pour se rendre à Éphèse ; mais les Actes nous disent précisément qu’en traversant ces régions ex online, Paul voulait confirmer dans la foi les disciples recrutés en Galatie et en Phrygie lors du second voyage. Au contraire, l’hypothèse d’après laquelle les Actes ne raconteraient quel’évangélisationdusud de la province romaine de Galatie, présente de graves inconvénients pour l’intelligence du deuxième voyage. On fait dire à l’auteur des Actes que Paul et Silas ont parcouru la région phrygio-galatique avant d’avoir reçu la défense de prêcher en Asie. Or le texte semble bien indiquer que c’est cette défense même qui a déterminé les prédicateurs à se diriger du côté de la Phrygie et de la Galatie : A’.V-Oov Bè tt, ’/ î’p’jytav xa ;. raXaTixrjv yoipav, /.(oÀuOév-e ; ùr.ô tou àyiou rvs’juaTo ; XaXf^on tov Xoyov lv t/j’Aaîa (le participe aoriste indique ordinairement une action faite avant celle du verbe principal). De plus, on est forcé d’admettre que les missionnaires ont cependant traversé l’Asie, bien qu’il leur fût interdit d’y prêcher, pour se rendre en Mysie. Or, il est certainement plus conforme au texte de dire, qu’en cette occasion, Paul et Silas ne pénétrèrent même pas en Asie. Nous tenons, par conséquent, que les Actes tles apôtres racontent la prédication de l’Évangile non seulement dans la partie méridionale de la province romaine de Galatie, mais aussi dans la Galatie proprement dite. La question des destinataires de l’Épîtrc aux Galates reste ouverte, après l’examen des Actes ; peut-on la résoudre par les indications que nous fournit l’Épître elle-même ?

Les lecteurs de l’Épîtrc aux Galates.

Cette

question ne fut guère agitée avant le xix c siècle. Les Pères et les interprètes anciens pensaient tout naturellement aux Galates proprement dits. Plusieurs des villes évangélisées par saint Paul au cours de sa première mission furent peu de temps après détachées de la province dont elles relevaient d’abord, pour être favorisées du titre de colonies romaines. Ignorant sans doute qu’elles eussent jamais appartenu à la province le Galatie, les commentateurs ne pouvaient chercher dans ces villes les destinataires de l’Kpître aux Galates. lui 1825, Mynster, guidé par certaines indications de Schmidt, soutint que les lecteurs de l’Épître se lion valent non seulement dans la Galatie proprement dite, mais aussi dans la partie méridionale de la province romaine de Galatie. Ce serait exclusivement dans cette

n qu’il faudrait les situer d’après l’crrot. Renan, Le Camus, Cornely, Weber, Belser, Eiausrath, Weiz

i. ii Pfleiderer, O. Holtzmann, Zahn, Ramsay, Sanday, Round, etc. 1.’ancienne hypothèse de la (ialalic du nord a encore cependant des partisans nombreux, Wieseler, Grimm, I lolsten, Sieffeii. Jttlicher, II. Holtzmann, Hilgenfeld, Schilrer, Godet, Lightfoot, Chase, Schâfer, Steinmann, etc. ; clic paraît même

ner aujourd’hui le terrain perdu pendant les dernières années du xix° siècle. l’rat, Bludau, Chapman, Knabenbauer s’y sont ralliés. La théorie mixte propoi 6e pai M] nster et autrefois défendue par Zahn (il l’a abandonnée depuis dans son Introduction t dans’-'m commentaire), d’après laquelle Paul écrlrall a la fois aux Galates du nord et aux Galates

du sud, ne peut guère se soutenir : ces h’glises ont été fond époques différentes et dans des circon

tances très diverses, tandis que la lettre aux Galates

vise manifestement des fidèles convertis en même temps et se trouvant tous dans la même situation. II ne reste donc que deux explications en présence. Pour ne pas nous étendre trop longuement sur ces questions littéraires, importantes sans doute, mais non indispensables à l’intelligence générale de l’Épître. nous nous contenterons d’indiquer sommairement les arguments apportés de part et d’autre.

1. En faveur de la Galatie du nord.

a) Les tenants de cette contrée font remarquer que Paul ne s’est pas fait une loi de négliger les anciennes dénominations géographiques pour adopter les nouvelles dénominations politiques (Gal., i, 21, et ICor., xvi, 15, 1e prouvent). L’emploi de ces dernières n’autorise d’ailleurs aucune conclusion touchant la Galatie. Les provinces de Cilicie et de Macédoine correspondaient essentiellement aux anciennes circonscriptions ; l’usage de désigner toute la Palestine par la Judée, l’Asie Mineure occidentale par l’Asie, toute la Grèce par l’Achaïe, était introduit depuis longtemps. Il n’en est pas de même pour l’emploi du mot Galatie au sens large : cette nouvelle acception était encore rare du temps de saint Paul et ne se rencontrait pas dans le langage courant. Il est invraisemblable que l’apôtre ait appelé Galates les chrétiens de Pisidie et de Lycaonie. C’eût été un manque total de goût et d’habileté de s’écrier en s’adressant aux fidèles d’Antioche ou d’Iconium : O vos insensati Galatæ !

Ces considérations ont assurément leur valeur. 11 est certain que, si Paul s’est réellement adressé aux Galates du nord, il n’a pas pu leur donner d’autre appellation que celle de Galates, et si d’autres éléments ne venaient compliquer le problème des destinataires de cette Épitre, personne ne penserait aux Galates du sud. Mais il est certain aussi que, si saint Paul voulait écrire aux chrétiens de Phrygie, de Pisidie et de Lycaonie, il pouvait les comprendre sous le nom collectif de Galates. Depuis quatre-vingts ans, ces contrées avaient été incorporées à la Galatie, souj le règne d’Amyntas d’abord, sous l’administration romaine ensuite ; l’usage du mot Galatie au sens large devait donc être assez répandu pour que saint Paul, qui ailleurs emploie les termes de la division administrative, ait pu s’y conformer.

b) On fait remarquer encore que l’hypothèse de la Galatie du sud ne s’accommode pas aux circonstances historiques dans lesquelles s’est faite l’évangélisation des Églises visées par l’Épître aux Galates. Saint Paul y prêcha une première fois le Christ à cause d’une infirmité de la chair, 6V àsGivuav -r, ; (japxo ;. Gal., iv, 13. Or, la prédication aux Églises méridionales, racontée aux c. xiii et xiv des Ai les. se lit île propos délibéré, et non à cause d’une maladie quelconque, tandis que l’évangélisation de la Calai ie propreinenldile que Paul s’était proposé d’abord de traverser pour aller en Bithynie, a pu très bien être motivée par la maladie à laquelle l’apôtre fait encore allusion. Il Cor., xii, 7. Mais comment prouvera Ion l’intention première de Paul de traverser seulement la Galatie ".an.

j pu cher ? Les Actes. xvi, 6, 7. n’insinuent nullement que Paul, contrarié dans ses desseins, ail été forcé par la maladie de s’arrêter en (ialalic plus longtemps qu’il ne le pensait. Comment prouvera i on que Bi’>-/ doit nécessairement se traduire par a cause d’une Infirmité i et non. à la suite de Chrj sosioinc, Théodore

de MODSUeste et Théophylacte, par pendant une

Infirmité’.' SI l’expression est susceptible de ce sens.

(die peut très bien faire allusion a l’état de santé de

l’apôtre après les mauvais traitements subis â Vntioche,

i i. iii, ou. a [contum, xii. t.. a Lystres, i. 19.

Ce serait encore a UtlOIU que se reporterait

saint Paul en écrivant BUX Galates, VI, 17 : stiqmafn

Domtnt h su in corpore meo porto.