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GAIANITE (CONTROVERSE)

loi’rejoindre Eutychès, si on les prend à la lettre. Pour prouver à Apollinaire qu’attribuer au Christ une humanité complète n’aboutit pas à confesser deux fils. il écrit : « Si ce qui est mortel est devenu immortel par son union avec l’immortel ; si également ce qui est corruptible est devenu incorruptible, si, en un mot, toute l’humanité a été changée en l’impassible et le divin, quelle raison peuvent faire valoir ceux qui divisent l’unique en deux’? » Contra Apollinarem, ii, P. G., t. xlv, col. 1273 sq. Cf. Petau, De incarnaiione, 1. X, c. i, 5-8.

A un endroit de ses Stromates, VI, c. ix, P. G., t. ix, col. 292, Clément d’Alexandrie semble bien soutenir l’opinion émise par certains julianistes, entre autres par Justinien dans son son édit de 564, à savoir que la nourriture prise par Jésus-Christ avant sa résurrection ne produisait pas sur son corps les mêmes effets que produit sur le nôtre la digestion des aliments : « II mangeait, dit-il, non pour soutenir son corps, qu’une vertu sainte maintenait, mais pour que son entourage ne conçût pas de lui des idées fausses, comme cela arriva dans la suite à quelques-uns, qui le prirent pour un fantôme. Clément va même plus loin : il déclare que Jésus-Christ était absolument impassible, incapable d’éprouver le moindre mouvement passionnel, aussi bien le^plaisir que la douleur, auto ; 8k àrafat-Àti ; à-air, ; r)V, s ç ov ouSèv —apsiioûcToc. x(v7)|xa —aOïjTixdv, oStt îjSovrf, oïïte l-j-r r Nous °vons vu que Julien et ges disciples n’allaient pas jusque-là et qu’ils admettaient qu’en fait le Christ avait éprouvé les —âOr,

Saint Hilaire de Poitiers, De Trinilale, 1. X, 23, /’. /.., t. x, col. 361 sq., a aussi un passage fort obscur, qui a reçu bien des interprétations et dont on peut dire que, s’il ne nie pas la réalité des souffrances du Sauveur, il exprime au moins la conception julianiste : Homo Jésus Christus, Unigenitus Dcus, per carnem et Verbum ut hominis filius ilu et Dci Filius, liominem verum secundum simililudincm nostri hominis, non deficiens a se Dco, sumpsit ; in quo quamvis mit ictus incideret (tut vulnus descenderet aut nodi concurrerent aul suspensio elcvarcl, afferrent quidem hsec impelum passionis, non (amen dolorem passionis inferrent : ut telum aliquod aut aquam perforons aul ignem compungens oui aéra vulnrrans. amnrs quidem lias passiones naturir tua inferl, ut foret, ut compungit, ut vulnerei, sed naturam suam in Ivre, passio Mata non relinel, dum in natiwa non est vel aquam formi vel pungi ignem net aerem vulnerari, quamvis naturæ teli sil et vulnerare ri eompungere ri forare. Passas quidem est Dominas Jésus, dum ceeditur, dum suspenditur, dum moritur ; sed in mil, us Domini irrnrns passio nrc non fuit passio nrr tamen naturam passionis exseruit, dum ri pœnali ministirin desœvil, <-i virlus corporis sine smsu punir in se lui. Saint Hilaire paraît bien affirmer que Jésus Christ n’éprouvait pas la sensation de la douleur, lorsqu’on le frappait. Claudien Mamert, De ttalu animée, l. II. c. ix, /’. L., t. lui, col. 752, n’hésitait

i interpréter le texte dans ce sens, mais il axait raison d’ajouter que l’évêque de Poitiers avait rétracté <’tic erreur. On trouve, en effet, dans son commentaire

Psaumes des affirmations très orthodoxes, qui contredisent celles du De Trinilale, par exemple, celleci : il absolulissimum humililatis esset exemplum, omnia quo— liominam sunt ri oravit ri passas est. Et ex commun i n ira inprmitate salulem sibi est deprecatus a Paire, al nattvltalem nostram cum ipsis inflrmilalis nosini iniissr intelligeretur officiis. Hinc illud est quod

< ii, silivit, dormivil, lassa/us fuit, impiorum coetus

(agit, mœslus fuit ri flrvil ri passas ri marinas fait.

in. i.p. /… t. ix, col. 341. Petau, De incarna tlone, *J, .. v, est de l’avis de Claudien Mamert,

tandis qui d’autres entendent le passage du lu Trini lale de l’impassibilité du Verbe considéré dans sa nature divine.

Un théologien du moyen âge, Philippe de Harveng, dont nous aurons bientôt à reparler, entendait le texte de saint Hilaire exactement dans le sens de la thèse julianiste. Il basait son interprétation sur ces paroles du saint docteur, qui font suite au passage déjà cité : Domini corpus doloris nostri naturam, si corpus noslrum id naturæ habet ut calccl undas, et super /Inclus cal, et non degravetur ingressu, neque aquse insistenlis vesligiis cédant, penrtrrl etiam solida nec clausæ domus obslaculis arceatur. At vero si dominici corporis sola isla natura sit, ut sua virtute, sua anima feratur in humidis et insistai in liquidis, et extrada Iranscurrat, quid per naturam humani corporis concepta ex Spirilu Sancto caro judicatur ?… Et homo Me de Deo est, habens ad paliendum quidem corpus, et passus est, sed naturam non habens ad dolendum. Naturx enim proprise ac suæ corpus illud est quod in cœlestem gloriam Iransformatur in monte, quod allaclu suo fin/ il febres, quod de sputo suo oculos format. Ibid., col. 363. Saint Hilaire ne nierait pas que le Sauveur a éprouvé en fait la douleur sensible, mais il voudrait dire que. s’il a souffert, ça été par une dérogation aux lois de son humanité, devenue impassible en vertu de son union avec le Verbe. Cette interprétation ne nous paraît pas dénuée de toute probabilité.

Léonce de Byzance nous a appris que la doctrine julianiste avait rencontré un accueil favorable dans certains milieux orthodoxes. Il semble que cette faveur ait duré assez longtemps. Un contemporain de saint Jean Damascène, Théodore Aboucara, se rapproche, en effet, de Julien par sa manière d’expliquer la passibilité du corps du Sauveur. D’après lui, Jésus-Christ n’était soumis en aucune manière par nécessité de nature aux infirmités humaines, mais lorsqu’il voulait tes éprouver, elles lui arrivaient comme à nous, selon les lois naturelles. Opusculum, IV, P. G., t. xc.vn, col. 1517. Ces mots : lorsqu’il voulait 1rs éprouver, semblent insinuer que le Christ ne se soumettait pas d’une manière constante et habituelle aux —i.Ur l 181â6Xr)Ta. La même conclusion ressort de la manière dont Théodore explique dans le Sauveur le phénomène, de la faim : « Lorsque le Fils éternel de Dieu voulait avoir faim, dit-il, il permettait à sa chair de ressentir l’influence de l’air ambiant… C’était par sa volonté libre et non par une nécessité naturelle qu’il avait faim, comme on le voit manifestement par son jeûne de quarante jours, après lequel il eut faim. Si l’atmosphère avait exercé sur sa chair l’influence qu’elle exerce sur la nôtre, il n’aurait pas passé un seul jour, ou deux, ou trois sans avoir faim, c’est lorsqu’il voulait, qu’il permettait à sa chair île produire ses opérations propres. Ibid., col. 1520. Théodore ajoute que sans doute Jésus-Christ laissait son corps se comporter a la manière du mitre, a cause de l’œuvre rédemptrice et pour échapper au regard du diable mais qu’en fait, dés le premier moment de l’union hypostalique, ce corps avait été parfaitement déilié, sans qu’il y eût confusion, et qu’il portait cachée en lui la gloire de la résurrection glorieuse, gloire qu’il manifesta un jour sur le Thabor pour bien montrer qu’elle ne lui vint pas du dehors après sa résurrection d’entre les morts. Ibid.. col. 1521. I.a différence entre Julien et Théodore consiste en ce que le premier affirmait que la chair du Sauveur avait subi, des le moment de l’union hypostatique. une sorte de transformation qui la rendait impassible naturellement et dans sa constitution

Intime, tandis que le second attribue cette impassibilité : ’nue action du Verbe, acl ion qui était souvent

suspendue pour laisser la chair > s ; i passibilité naturelle.

III. La DOC1 iiim. OAIANI1 un ie débat qui avait mi. aux piises.au début « lu