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GAIANITE (CONTROVERSE)


incomiptib dilate et impassibilitale, lune enimocro adversus te insurgenles algue exclamantes audies omnes illos verorum mysteriorum magislros. Ibid., p. 187.

Les disciples de Julien furent en général fidèles à sa doctrine. Nous le savons par Léonce de Byzance, l’auteur du De sectis, Anastase le Sinaïte et saint Jean Damascène. Dans le dialogue qu’il a composé entre un orthodoxe et un aphthartodocète, Contra nestorianos et culuchianos. ii, P. G., t. lxxxvi, col. 13151358, Léonce de Byzance donne un bon résumé de l’argumentation julianiste. La principale raison mise en avant par les gaianites est d’ordre christologique. Il faut accorder au Christ quelque chose de plus qu’à nous, col. 1352. Ce n’est pas par sa nature propre que le corps du Christ a été doué d’impassibilité et d’incorruptibilité. Ce privilège est un don du Verbe à son humanité, mais un don qui s’impose, car comment concevoir que la chair prise de la Vierge n’ait pas déposé sa corruptibilité dès l’instant de son union avec le Verbe incorruptible, col. 1325, 1328-1329. L’aphthartodocète avoue cependant à son interlocuteur orthodoxe que certains de son parti ne concèdent pas que le corps du Christ n’ait été impassible qu’en vertu de l’union hypostatique ; ils veulent qu’il ait possédé cette qualité par sa nature même, la chair de la Vierge d’où il a été pris ayant subi une transformation préalable qui lui a conféré l’incorruptibilité, col. 1325.

Il y a une autre convenance à considérer de la part du Verbe : celui-ci ne pouvait être assujetti par son humanité comme malgré lui à la souffrance et à la mort. Or c’est ce qui serait arrivé si le corps du Christ, une fois l’union réalisée, avait été passible par sa constitution même. Il faut que les souffrances du Verbe incarné soient de tout point volontaires. Le théologien julianiste pose toujours le dilemme suivant : Ou le corps du Christ a été incorruptible, ou le Christ a subi les souffrances humaines par nécessité de nature, col. 132 !). Cf. col. 1340.

L’aphthartodocète de Léonce tire un troisième argument du titre de nouvel Adam donné à Jésus-Christ : pour mériter ce nom, Jésus a dû avoir un corps semblable à celui d’Adam avant son péché. D’ailleurs n’a-t-i ! pas été tout à fait impeccable ? Pourquoi aurait-il pris la chair de l’homme pécheur ? col. 1348.

fauteur dvTDe sectis formule d’une manière très claire la thèse gaianite : Les gaiantes, dit-il, confessent que Dieu le Verbe s’est véritablement incarné de la Vierge, qu’il est devenu homme parfait ; mais ils déclarent que son corps a été incorruptible dès le moment de l’union. Ils reconnaissent bien qu’il a rapporté toutes les infirmités humaines : la faim, la soit, la fatigue, mais ce n’a pas été de la même manière que nous. Nous autres, disent ils. nous éprouvons la faim et la soif par nécessité naturelle ; niais le Christ a tout supporté volontairement. Car il n’était pus l’esclave des lois de la nature : les souffrances pour nous sont involontaires ; il serait inconvenant de dire qu’elles oui mi ce caractère pour le Christ. » De sectis, . ! ’. (, ., t. lxxxvi, col. 1260. A l’objection que leur font les orthodoxes : « Si le corps du Christ a été Incorruptible, il n’a donc pas été consubstantiel au corruptible, » les gaianites répondent :

l)i même que vous, dyophysites, vous confessez que h corps du Christ a été consubstantiel au nôtre après l.i résurrection, de même nous, en le proclamant Incorruptible avant la résurrection, nous confessons qu’il a ité consubstantiel au nôtre. Anastase le Sinaïte, liodrgus, c. xxiii, /’. a., t. i.xxxix. col. 295804, 1 1 s ; iint Jean Damascène, De hstresibus, 84, /’. <., iv, col. 756, nous donnent une idée semblable de la doi trlne gaianite.

Ii prêtre Timothée, dans son De receptione hatretlrnriim. /’’.lis wi. col 1 1. distingue trois sortes

de gaianites : les uns disent que le corps du Christ était incorruptible de toute manière, /.y.-’x —âvia too’-ov àsOapTov sïva ;  ; ils doivent être identiques à ceux dont parle Léonce de Byzance, qui admettaient que le corps de Marie avait été rendu incorruptible avant l’incarnation afin de pouvoir fournir au Verbe une chair incorruptible. Les autres disent que le corps du Christ était passible en puissance, mais que le Verbe l’a toujours maintenu incorruptible, Suvâaei iaèv œôaptov, fj.7j80X(D£ 8s çOaofjvai —9 Èjtixpax£É « ~o3 Àdfou ; c’est la thèse gaianite primitive affirmant que l’incorruptibilité du corps du Christ dérive non de sa nature même, mais de l’union hypostatique. Quant à la troisième catégorie de gaianites dont parle Timothée, c’est plutôt une secte eutychienne proprement dite. Ses partisans reçurent le nom d’actislètes, parce qu’ils enseignaient que le corps du Christ avait été non seulement incorruptible, mais encore incréé, ôcxtiotov. Sur les aclistètes, voir Eutychès et eutychianisme, t. v, col. 1607.

Si le résumé que donne Évagre de l’édit de Justinien promulguant comme règle de foi l’aphthartodocétisme est exact, il semble qu’il n’exprimait pas la pure doctrine julianiste, mais une conception beaucoup plus loin de l’orthodoxie, allant jusqu’à nier la réalité des souffrances du Verbe incarné. On y lit, en effet, que le corps du Christ ne pouvait éprouver les souffrances naturelles et les passions irrépréhensibles, que la nourriture que prenait le Christ avant sa passion produisait sur son corps le même effet que la nourriture prise après sa résurrection ; que ce corps n’avait subi aucun changement, aucune altération, dès l’instant de sa formation dans le sein de la Vierge, même par les souffrances phvsiques et volontaires. H. E., I. IV, c. xxxix, P. G., t. lxxxvi, col. 2781. Il est probable cependant que ce résumé, d’où toute contradiction n’est pas absente, ne rend pas clairement la vraie pensée de Justinien, qui avait sans doute adopté telle quelle la thèse julianiste.

Celle-ci avait quelque chose de spécieux et de séduisant, et il n’est pas étonnant qu’elle ait rencontré de la faveur dans certains milieux catholiques, comme nous l’apprend Léonce de Byzance, op. ci !., col. 1317. Le mot d’incorruptibilité, iip6ap<rt<z, exerçait comme un charme magique sur certains esprits, col. 1317 ; cf. col. 1349 : e ; ç tojto Ôt] T7, ç àxontaç tô |jLÉy=00 : to xopuj/ôv’jaà ; ~’f, i afSapaîaç à-rVaysv avoua. Certains faits évangéliques, comme la naissance virginale de .Jésus, sa marche sur les eaux, sa transfiguration, voire même son jeûne de quarante jours au désert, pouvaient donner à la thèse quelque apparence de vérité, et certains Pères semblaient la favoriser par leurs écrits.

On voit, après cet exposé, dans quelle mesure sont fondés les reproches de docél isme. de manichéisme et d’eutychianisme qu’on a formulés contre Julien et ses disciples. Nous saxons que l’évcque d’I lalicarnasse réfuta dans un ouvrage spécial les cul vehianistese ! les manichéens, Lebon, op. cit., p. 174, ci qu’il repoussa dans dix anathématismes certaines erreurs qu’on lui attribuait à tort. Gieseler, op. cit. Sévère fut le premier à l’accuser de manichéisme et de docétisme : Julien cachait les Impiétés de Manès sous le mot d’incorruptibilité comme sous une peau de brebis. Cet homme Insensé ne confessait les souffrances du Christ que du

bout des lèvres. Ahicns et Knmer. op. cit.. p. 201 (.elle accusation a été répétée non seulement par les écrivains sévcriciis et jaiobiles. mais encore pat plusieurs orthodoxes, il faut reconnaître que le point de vue de Julien était si subtil, son langage parfois si équivoque, que ses adversaires et dent naturellement

amenés a le soupçonner de docétisme. On ne conçoit

ps in bien, en effet, comment un corps Impassible