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GAIANITES


parmi lesquels ses adversaires s’efforçaient de le ranger. Lebon, op. cit., p. 174. Gieseler, Commentai io qua monophijsilarum veterum errores ex eorum scriplis recens edilis præserlim illustrantur, IIe partie, Gœttingue, 1838, p. 5, a publié dix anathématismes de Julien par lesquels celui-ci repousse les erreurs qu’on lui a faussement attribuées.

C’est entre les années 523 et 528 que la querelle entre Julien et Sévère battit son plein, puisque, dès 528, les principales pièces de la controverse étaient traduites en syriaque, à Édesse, par les soins de Paul de Callinice ; mais la dispute se prolongea entre les partisans des deux adversaires durant tout le patriarcat de Timothée IV (518-536), qui se montra plutôt favorable à la thèse sévérienne. Liberatus, op. cit., col. 1034. L’Église monophysite d’Alexandrie fut véritablement scindée en deux fractions rivales. Si Sévère eut pour lui la portion la plus éclairée de la population représentée par le clergé et la noblesse, Julien trouva lus chauds partisans dans les milieux monastiques et populaires, qui adoptaient d’instinct la thèse qui paraissait être davantage à l’honneur du Sauveur. Aussi, quand Timothée IV mourut en 536, à l’élu du clergé et des grands, Théodose, partisan de la doctrine sévérienne, le peuple et la plupart des moines opposèrent-ils leur candidat, Gaianos, un julianiste notoire. Liberatus, op. cit.. col. 1036-1037 ; l’auteur du De sectis, act. V, 4, 5, col. 1232. Ils réussirent même à expulser Thcodose pour quelques mois. Ce dernier ne reprit possession du trône patriarcal que par l’intervention du cubiculaire Narsès, envoyé tout exprès par l’impératrice Augusta pour rétablir l’ordre à Alexandrie. Ce ne fut pas chose facile ; la masse du peuple resta fidèle à Gaianos : Populi autem, écrit Liberatus, pugnaverunt pro Gaiano mullis diebus, qui cœsi a inililibus majorcm sui partem amiserunt : sed et militum major pars cecidil numerus. V incebatur autem Narses non armis sed civilalis concordia ; de superioribus domorum jaclabanl mulieres super milites quidquid manibus occurrisset ; at ille igne vieil, quod ferro non potuil. Op. cil., col. 1037.

Que devint Gaianos après le rétablissement de Théodose ? S’il fallait ajouter foi au récit de Sévère d’Achmounaïn, Renaudot, Hisloria patriarcharum Alexandrinorum jacobilarum, Paris, 1713, p. 139, il se serait réconcilié avec son rival et serait resté sous son obédience avec le titre d’archidiacre. Quoi qu’il en suit, il est sûr que les julianistes ne désarmèrent pas et gardèrent une hiérarchie séparée. Les séveriens comme les catholiques continuèrent à les réfuter. Leur doctrine faillit devenir l’orthodoxie impériale sur l.i fin clu règne de Justinien. En 56-1, le vieil cmpêreur théologien publia un édit imposant à la foi’le sis sujets la thèse gaianite sur l’incorruptibilité du corps Me Jésus-Christ. Les évêques orthodoxes se trouvèrent fort embarrassés. Pressés d’accepter la nouvelle doctrine, ils répondirent qu’ils s’en tiendraient BU —intiment de celui des leurs qui brillait alors le plus par l’éclat de sa doctrine comme de sa vertu, i-dire d’Anastasc I er, patriarche d’Antioche Celui-ci résista courageusement à la manie théologique du vieux César ; il lui adressa un rapport il sur la doctrine aphthartodocète et lui prouva clairement qu’elle répugnait à l’orthodoxie. Il écrivit en même temps aux moines de la première et de la Mconde Syrie pour les mettre en garde contre l’erreur. Profondément irrité. Justinien se préparait à envoyer il. lorsqu’il mourut. Kvagre, // 1. l. IV, c. xxxix-xli, /’. (, ., t. lxxxvi, col. 2781-2785 ; phore Calliste, II. / ?., 1. XVII, c. xxix-xxx, /’. <. i cxlvii, col. 292-300.

Sons le patriarche orthodoxe l uloge d’Alexandrie gaianiti et Ihéodosiens se réconcilièrent

pour quelque temps, en sacrifiant mutuellement leur doctrine respective. Euloge dénonça ce honteux compromis dans un écrit intitulé : Aôyo ; gtï]XitêutixÔç y.0L-z —f^ yiyvjr l).ivr l z toïç ©soSosiavoîç te /.ai PaïvtTatç to ? ; aÙTOi ; ày.E^âXoi ; Tipoaxatpou éveiæcoç. Photius, Bibliotheca, 227, P. G., t. ciii, col. 953-956. A la même époque, nous trouvons à Rome un moine aphthartodocète du nom d’André, faussaire renommé, qui par l’une de ses falsifications donne occasion à Eusèbe de Thessalonique de le réfuter dans un ouvrage divisé en dix livres. Photius, Bibliotheca, 162, col. 452-457. Voir Eusèbe de Thessalonique, t. iv, col. 1551-1553. Saint Sophrone de Jérusalem parle à plusieurs reprises des gaianites dans son Éloge des saints Cyr et Jean. Mai, Spicilegium romanum, t. iii, p. 174, 179, 386. Nous savons par Jean d’Éphèse, Assemani, Bibliotheca orienialis, t. iii, p. 455-459, que la secte essaya de s’organiser hors de l’Egypte, et l’on vit à Éphèse un évêque julianiste du nom de Procope. A la fin du viie siècle, sous le patriarche jacobite, Simon († 700), l’évêquc des gaianites alexandrins se nommait Théodore. Il tenta d’envoyer aux Indes un évêque de sa secte à l’insu de l’émir d’Egypte. Renaudot, op. cit., p. 184. Quelques années plus tard, le patriarche jacobite Alexandre (704-726) réussit à faire accepter sa juridiction par un grand nombre de gaianites qui se trouvaient dans la vallée de Habib et les villes de Panos, Abousir, Semnud, Rechid, Damiette et les environs. Renaudot, op. cit., p. 194-196. Il semble qu’il existait encore des gaianites en Egypte clu temps du patrirache Jacob, au début du ixe siècle. Renaudot, ibid., p. 267.

Liberatus, Breviarium causes nestorianorum et euluchianorum, xix-xx, P. L., t. Lxviii, col. 1032-1038 ; K. Ahrens et G. Krùger, Die sogennanle Kirchengeschichte des Zacharias Rhetor, ix, 9-13, 16, Leipzig, 1899, p. 177-188, 201-204 ; J.-B. Chabot, Chronique de Michel le Syrien, patriarche d’Antioche (1116-1199), I, IX, c. XXVII, t. Il p. 224-235 ; l’auteur du De sectis, act. V, 3 ; VII, 6 ; X, 1, 2, P. G., t. lxxxvi, col. 1229-1232, 1216, 1260 ; Timothée, De reccptionchii’relieorum, ibid., col. 44, 57 ; L. W.Brooks, 771e sixth book o/ the selcct letters of Scverus, patriarch of Anlioch, Londres, 1902-1904, t. ii, p. 288, 345, 350 ; Évagre, H. E., 1. IV, c. xxxix-xli, P. G., t. lxxxvi, col. 2781-2785 ; Nicéphore Calliste, H. P., 1. XVII, c. xxix-xxx, P. G.. t. c.xi. vii, col. 292-300 ; Anastase le Sinaïte, Hodegiis contra acephalos, c. XXIII, P. G., t. i.xxxix, col. 295-304 ; S. Jean Damascène, De hseresibus, 84, P. G., t. xerv, col. 753-756 ; Renaudot, Historia patriarcharum Alexandrinorum jacobilarum, Paris, 1713, p. 139, 181, 267 ; Assemani, Bibliotheca orientalis, t. iii, p. 455-459 ; J.-C. Gieseler, Commrnlatio qua monophtjsitarum veterum errores r.r corum scriplis recens editis præserlim illustrantur, Gœttingue, 1833-1838 ; J. Lcbon, Le monophusisme sévérien, Louvain, 1909, p. 173-175 ; r.hr.-l". Walch, Entwur/ cincr ooUsUindtgen Historié <lcr Ketzcricirn, Leipzig, 1778.

M. JUGIE.

2. GAIANITE (La controverse) ET LA PAS-SIBILITÉ DU CORPS DE JÉSUS-CHRIST.

I. La controverse entre Julien d’Halicarnasse el Sévère d’Antioche. II. La doctrine gaianite et les Pères. III. La doctrine gaianite et les théologiens [V, Conclusion.

I. La controvihm i ntre Julien d’Haï, i-CARNAS 9E i.T Si’vint : d’Antioche. — Nous avons raconté plus haut comment Julien et Sévère entrèrent en lice au sujet d’un point spécial de christologic : l’étal do corps de J (’sus christ pendant sa vie terrestre,

axant la résurrection. Il importe maintenant de préciser l’objet du débat, car les termes injurieux d’aphUtartodocétet, d’aphihartolâlrei d’une part, el relui de phtharlolâtret d’autre parti seraient de nature à induire en erreur. i l’évêque d’HaUcarnaue n’a nié

la réalité de l’humanili, | lirist. ni le patriar che d’Antioche n i prétendu que le corpi du Sauveur