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Au dire d’Érasme, il était devenu par son éloquence l’ornement de l’université de Paris. En 1468, il se rendit en Espagne pour les affaires de son ordre, et il racheta un grand nombre de captifs. De retour à Paris, en 1473, il prit part au chapitre général de sa famille religieuse et y fui élu supérieur général. En 1 17(1. Louis XI (1461-1483) le chargea de complimenter Alphonse V, roi de Portugal (1438-1481), à son entrée à Paris. L’année suivante, il l’envoya en Allemagne pour y faire échouer le mariage de Maximilien I", fils de Frédéric III (1440-1493), avec Marie, duchesse de Bourgogne ; mais ses démarches ne furent pas couronnées de succès. Rentré dans son couvent, il reprit ses travaux historiques et littéraires, et par son influence et ses relations il rendit d’utiles services à l’université. En 1486, Charles VIII (1483-1478) lui confia une nouvelle ambassade auprès d’Innocent VIII (1484-1492) et de la république de Florence pour les gagner à la cause de René de Lorraine, qui ambitionnait la couronne des rois de Naples. Mais une fois de plus l’éloquence du P. Gaguin ne lui valut pas une victoire diplomatique. Cependant Charles VIII, qui avait beaucoup d’estime pour lui, l’envoya en Angleterre en 1 189 et 1490, auprès du roi Henri VII (14851509). Ce fut là sa dernière ambassade. A son retour, il s’appliqua sérieusement à réformer son ordre. En 1170, il rédigea les Staluta ordinis fralrum sancta TrinileUis et Rcdemplionis captivorum, qui donnent des renseignements intéressants sur la vie et les mœurs de ses religieux. Il dressa aussi l’inventaire des couvents et des biens immeubles de son ordre et la liste des privilèges accordés à ses religieux parle Saint-Siège. Ses biographes ne s’accordent pas sur la date de sa mort. Mais un manuscrit de la bibliothèque Mazarine, qui renferme VObiluarium sancti Malhurini ab anno 1483, a consigné cette date d’une manière précise. Il mourut le 22 mai 1501.

Nous n’avons pas ici à retracer le rôle du l’ère Gaguin comme historien ou comme humaniste, ni à citer « eux de ses ouvrages qui ne rentrent pas dans le cadre de la théologie. Comme théologien, il est connu presque uniquement par un discours et un poème, pour la défense du dogme de l’immaculée conception. Le Père Vincent Bandelli de Castelnuovo (diocèse de Tortona), religieux dominicain, avait publié à Milan un eriiale conception is gloriosæ Virginis Maria (1 17ô), el à Bologne, en 1 181, un Traclatus de tingulari purilale ri prærogaliva conceptionis Salvalotis noslri Jesu Christi. Quétif et Echard, Scriplorcs ordinis pradicaiorum, 1721, t. ii, p. 2. Pour réfuter ces brochures, Gaguin composa une dissertation : De internerais Virginis conceplu, adoersus Vincentiumquemdam, Taris, 1488, Hain, Reperlorium bibliographicum, n. 741 1. t. ii, p. 428 ; réimprimé en 1 190, à Paris, sous ce titre : De mendacissimo Virginis Maria conceplu cum commentariis Caroli Ferrandi. Une autre édition, parue en 1 198, porte ce titre : Libellas de concej lionc irginis Deiparæ adversus Vincenlium de Castro Novo, a et carminé, Paris, 1498. Hain. n. 7117. lue autre édition parut en 1500. Ibid., n. 7 118. On cite une traduction i de cet ouvrage. Copinger, Supple mrnt to Hain’s Reperlorium, n. 2611, t. ii, p. 261. Il en prose et en vers. La partie en vers est connue aussi sous ]o litre : I)r puriiale conceptionis. Brune ! cite une édition de 1617 (Paris) intitulée : Dit, mini contra Vincentittm. Manuel du libraire, Paris, 1861, l. ii, < ol. l 137. La dernière édition cette p té donnée par Bonneau, L’Immaculée conception <le la Vierge, poème par Robert Gaguin. De C ! i préi édéc d’une Oratio de cornu pttone Virginis ad fralres sut ordinis, Insérée dan i i 197. i lain, n. 7425,

p |22 Le Père G cflorcc d’y réfuter l’objection

du Père Bandelli qui attaquait l’immaculée conception, parce que saint Joachim et sainte Anne avaient engendré la sainte Vierge par un acte de concupi cence. Si donc l’acte générateur des parents de la sainte Vierge était entaché de la faute originelle, la sainte Vierge elle-même n’était pas exempte de la souillure d’origine. La réponse du Père Gaguin est originale sans doute, mais elle n’est pas convaincante. Nous la donnons ici dans le texte latin, parce qu’on reproche, à bon droit, à notre théologien des crudités de style qui ne permettent jias de le traduire : Nunlio divinitus accepto, pietale inagis quam voluptate congressi, sine libidinc, ut pie credi jas est. Marin 1 général iuni semen in moris sudorcm posucrunl. Incubis enim, quos in dœmonibus fleri traditur potestas est sumpii alicunde seminis servandi alque effundendi, quum tamen humanæ libidinis sunt experles : car igitur quispiam mente purgalas et per continuain pietalem ab animi perlurbalione seposilas, el cui atlrita sil caro exercitatione virtutum et diuturnitate jejuniorum ef/œta, cur, inquam, sine alla Veneris titillatione, si Deus unice adjulor est, non operatur genituram’.' De Vaissière, p. 100. Dans le poème. Gaguin soutient aussi que, puisque Eve est née sans le pêche d’origine, la sainte Vierge, qui représente la plus haute perfection de la nature humaine, ne doit pas y être soumise.

Le Père Gaguin est l’auteur aussi de plusieurs pièces de caractère religieux et d’un récit du martyre de saint Richard enfant : De sancto Richardo puero martyre. Acta sanciorum, martii t. iii, p. 593-59 1. D’Achcrv a inséré une de ses lettres : Epistola ad Franciscum Ferreboul ponli/icii juris laureatum, dans le Thésaurus novus anecdotorurn, Paris, 1718, t. i. Une édition critique de ses lettres et de ses discours a paru dans la Bibliothèque littéraire de la Renaissance, par L. Thuasne : Robcrli Gaguini epistolæt orationcs. Texte publié sur les éditions originales de 1498, précédé d’une notice biographique et suivie de pièces diverses en partie inédites, 2 vol., Paris, 1903.

Gaguin, Compendium super Francorum geslis, Paris, 1507, fol. cccv-cci

(plusieurs lettres el épigrammes

adressées à Gaguin) ; l.e Mire. Elogia belgica, Anvers, 1609, p. 170, 177 ; Sander, De brugensibus eruditionis lama elaris, Anvers, 1624, p. 151 ; André Valère, Biblioiheca belgica, Louvain, 1643, p. 795-796 ; Foppens, Bibliotheca belgica, Bruxelles, 17 : io, p. in7.">, 107<> ; Oudin, Commentarius de scriptoribus Eccîesim antiquis, Leipzig, 172 : 2. t. m. col. 2611, 21’.12 : Michel de Saint-Joseph, Bibliographie ! rriticii sacra et prophana, Madrid. 1712, t. IV, p. 72-7.’i ; Nlcéron, Mémoires /mar Servir èi l’histoire des hommes illnstrcs dans la république des lettres. Paris, 1745, I. i III,

p. 1-30 ; il a utilisé surtout les lettres de Gaguin et il donne de bonnes indications bibliographiques ; Fabricius-Mansi, Bibliotheca lalina média et tnflma œtalis, Podoue, 1754, t. iii, p. : i ; Biographie universelle, Paris, 1816, t. i. p. 265-269 ; Roty, Étoiles snr Robert Gaguin, An-as, 1840 ; Nouvelle biographie générale, Paris, 1877, i. iii, col 168, 169 ; Schmldt, H istoire littéraire de l’Alsace à la fin du ïl el nu commencement du KVle siècle, Paris, 1879, t. t, p. 17, 18 ; Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, 1880, t. vii, p. 418-423 ; Philippe. Guillaume Ftchet, Paris. 1888 ; Di Vaissière, De Roberti Guagutnt minlstrt generalts ordinis S. Trtnliatls oita et opertbus, Chartres, 1896 (thèse liés

bien conduite avec une excellente analyse de l’œUVTe

historique et littéraire de Gaguin ; sur ses lacunes, voir

Bibliothèque de l’École des charte-.. 1896, I. I.vn, p. 1 Ci.

1 1 1 1 ; I iriisie, l.n Cité de Hiea de saint Augustin Illustrée d’après les indications de Robert Gaguin, dans le.Journal des savants, 1898, p, 563-568 ; Vntonln de l’Assomption, Otcclonario <ti los escrlloret trinltarfos, Rome, 1899, i n (Appendice), p. 521-525 ; Denkschrtft -om ton todestage des Hofcerlui Gagulnus, nebst netnen Eleglen tum Lobe Heldelbergs und des deutschen Gelstes, Heidelberg, 1901,

p. 211-27 ; Allen, OpUS epl t l.iriim Erasmi Itolcrndaiin.

oxford, 1906, i. i. p. i 15 154, 194, 195, 283, 284.

. Palmieri.