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GABRIEL SÉVÈRE

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avait subi en 1 070, époque où il avait voulu s’adjuger le monastère de Saint-Georges de Venise en le déclarant stavropégiaque. Voir la réponse de Gabriel à la lettre synodale de Jérémie dans Lami, Delieise eruditorum, Florence, 1744, t. xiii, p. 113-115 ; elle est datée du 12 janvier 1591.

Le métropolite de Philadelphie s’occupa avec zèle du troupeau de son choix ; il fit des réformes utiles et proscrivit en particulier l’introduction de la musique italienne dans les offices ecclésiastiques. J. Veloudos, op. cit., p. 73. Mais il ne brilla pas par la largeur de ses Idées et son esprit de tolérance. Malgré ses études à l’université de Padoue, il ne possédait de la doctrine catholique et de la théologie patristique qu’une connaissance très superficielle mêlée de beaucoup d’erreurs. Son coreligionnaire, Maxime Margounios, ayant approfondi dans un ouvrage la question de la procession du Saint-Esprit et étant arrivé à des conclusions favorables à une entente avec les latins, fut par lui vivement pris à partie, dénoncé, persécuté avec un zèle où devait se mêler quelque pointe de jalousie. Legrand, Bibliographie hellénique des a i < et a r ; e siècles, Paris, 1885, t. ii, p. xxviii, xli sq. On dut réconcilier les deux adversaires à deux reprises. Le grec converti Jean Demisianos eut aussi à subir les persécutions du métropolite de Philadelphie, Legrand, Bibliographie hellénique du XVIIe siècle, Paris, 1895, t. iii, p. 181, et Pierre Arcudius fut un jour expulsé par lui de l'église Saint-Georges et traité d’apostat. J. Veloudos, op. cit., p. 73. Cette intolérance lui valut d’ailleurs l’amitié et les éloges des schismatiques de l'époque, dont plusieurs lui dédièrent leurs ouvrages et leurs éditions de livres liturgiques. Nommons parmi ses amis Mélèce Pigas, Jean Nathanaël, Jean Bonafeus, Manuel Glynzounios. Par contre, il inspira la verve satirique de Jean Matthieu Caryophylle, évêque uni d’Iconium, qui le traite de EotêoupoxéçaXoç (cervelle embrouillée) en jouant sur son nom de Es67Jpoç.

Gabriel Sévère mourut le 21 octobre 1616, dans le monastère de Sainte-Parascôvé, à Lésina, en Dalmatie, au cours d’une visite pastorale. Son corps fut transporté à Venise dans l'église Saint-Georges, où ses compatriotes lui élevèrent un monument en marbre, qui se voit encore. On conserve dans la Scolelta de la colonie grecque à Venise un portrait de Gabriel peint à l’huile. Voir dans Legrand, Bibliographie hellénique des xve et ai Ie siècles, t. ii, p. lxxix, une photographie de ce portrait.

IL Éc.kits. — Gabriel a laissé, outre un certain nombre de lettres publiées les unes dans la Turcogrsecia de Martin Crusius, qui fut l’un de ses correspondants, les autres par Lami, Deliciæ crudilorum, Florence, 1744, t. xiii, plusieurs écrits théologiques et polémiques, qui montrent en lui un théologien d’assez petite envergure, d'érudition plutôt courte, ayant subi dans une certaine mesure l’influence de la scolastique latine, mais n’en restant pas moins défenseur opiniâtre et souvent maladroit des doctrines schismatiques. Voici la liste de ces écrits :

1° Toù 7X-î'.voi' fMjxpOTtoXÏTOU « h.XaOcXtpsia ; FaôpirJX, èjtitoo-O’j xaï éÇâpyou ;  : a-piapyixoû SuvTaypLaTiov 7repî tôJv âyi’Dv xa : Uptûv [j.'jaTr l pîf.)v, Venise, 1600 ; 2e édit., Venise, en 1691. Legrand, Bibliographie hellénique des XVe et XVIe siècles, t. ii, p. 142 ; du A'/ ; e siècle, t. ii, p. 2-3. Chrysanthe, patriarche de Jérusalem, reproduisit cet ouvrage, en lui faisant subir quelques modifications, dans son EuvTay ; j.âT'.ov r.iv. tojv oepoixîwv xXr)pix « Ttov xat àpyovT'.xi)'/ Tr, ç tou XpiatoQ àyia ; exxXljcrîa ; xal xrfi 17] ; j.x<jtaç aùtcov… [i.i-'x. tûv èy/sipiowov twv tzzç> lûv kr.zà. pLUTTT)p ! cov ra6pw]X <ï) iXa8sXtp£ia ; xai Ito ? » p.apTtoXou, oùv ôpuXîa nvi Osa-saia revvaSîou jiatpiapXou KojvaiavT'.vo’j-o'Àîtoç, Tergovist, 1715 ; Venise, 1778, p. 91-122. Richard Simon fit entrer deux

morceaux de cet ouvrage (texte grec avec traduction latine) dans sa Fides Ecclesias orienlalis seu Gabrielis métropolite Philadelphiensis opuscula, Paris, 1671 à savoir, toute l’introduction sur les sacrements en général et le traité de l’eucharistie. Morin inséra le liy (lêTavoiaç, d’après l'édition de 1600, dans son Commentarius historicus de disciplina in administratione sacramenti pœnitentise, Anvers, 1682. et le rispi tv, ; -izvoz -r t ; Uptoaivi, ;, dans le Commentarius de sacris Ecclesiee ordinalionibus, Anvers, 1683. Ouvrage médiocre, résumé très sec et très incomplet de basse scolastique, le E’jvTayj.xT'.ov de Gabriel Sévère sur les sacrements devint célèbre en Occident, grâce aux controverses entre catholiques et protestants, qui cherchaient dans la croyance de l'Église grecque, spécialement touchant le sacrement de l’eucharistie, des arguments en faveur de leurs thèses respectives. Ces circonstances lui valurent d'être cité par le cardinal Du Perron, Arcudius, Allatius, les auteurs de la Perpétuité de la foi touchant la sainte eucharistie, le P. Nouet, de tracasser le ministre Claude de Charenton, d’attirer l’attention de Richard Simon et de Morin.

Dans l’introduction, qui correspond à notre traité des sacrements en général, Gabriel Sévère parle successivement de la division des sacrements, de l'étymologie et des divers sens du mot pyjatr^piov, de la définition, du nombre, de la différence, du caractère indélébile, de l’auteur et du rang des sacrements. 11 insiste surtout sur la convenance du septénaire sacramentel, qu’il compare à toute sorte de choses : aux sept dons du Saint-Esprit, aux sept colonnes de la maison bâtie par la Sagesse, aux sept trompettes qui renversèrent les murs de Jéricho, aux sept lampes du candélabre vu par Zacharie, etc. Il affirme énergiquement l’indélébilité du caractère du baptême et de l’ordre. Contrairement aux théologiens schismatiques de nos jours, il admet aussi que la confirmation imprime un caractère indélébile, et ne dit mot de la reconfirmation des apostats : Ta jj.yjT7Îpia, dit-il, Ta -apÉyovTa toi ; aJTa Xap.6âvouat yapa/Tf ; pa ; àvEraXeltttouç, I(jTt to Osïov or ; Xaor, ijà-T'.apia xa ; r l [éptoTJVT)' É'tepoi fil xal to 6cïov p.'jpov eùssôtSç xaî opQd> ; 'I. ; slvai. Richard Simon, op. cit., p. 51. Traitant de la confirmation ex pro/esso, il déclare explicitement que le confirmé se distingue de ceux qui n’ont pas reçu l'àytov [AÛpov par le caractère : BrJTepov, : roia ix’jtov Siaçépsiv Toiv aÀÀ'ov tcôv ; j.r ( TaJTr ; v èyovTwv Tr, v TSpaYÏSa. Chrysanthe, op. cit., p. p ; '. Remarquons encore qu’il emploie les termes scolastiques de matière et de forme (JXt], îîoo ;), de transsubstantiation (p.£TO’jaitoj'.ç, ii.i-.oja'.oSaôai), qu’il trouve la forme de la confirmation dans la prière de la consécration du chrême par l'évêque, qu'à la suite des théologiens catholiques et contrairement à l’enseignement des théologiens orientaux de nos jours, il distingue trois parties dans le sacrement de pénitence : la contrition, la confession et la salis/action, ixavo-o ; r/j'.ç. L’emploi de ce dernier terme est important : il montre que Gabriel Sévère admet l’existence d’une peine temporelle restant au compte du pénitent même après l’absolution sacramentelle. C’est d’ailleurs une doctrine qu’il enseigne clairement en plusieurs endroits de ses écrits. Il donne comme forme d’absolution une formule déclarative : oi tv', ; iy.a ; ÈçopLoXoyrîaî'oç evvopioi ûîioupyoi "û r.yji a-jToj ; IpyopLs’vo) â ; j.apTrJ7avTi XéyouaiV 'II yi-yi to3 Ilavayfo’j llvijaaTo ; 8tà Tr, ; èurjç xa-£ivdx7)T0ç ï/i : a’jyxjytopr.aivov xa ;. XsXuaivov, Chrysanthe, p. pie', alors que l’eucologe grec ne renferme que des formules déprécatives. Il compte cinq ordres mineurs, alors que les grecs n’en connaissent depuis longtemps que trois. Il trouve la forme du sacrement de mariage dans les paroles qui expriment le consentement