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FULGENCE DE RUSPE (SAINT) — KUNK


mal un remède, Noire salut ne nous est possible qu’avec le secours incessant de la grâce divine, que Jésus-Christ nous a méritée dans le mystère de l’incarnation. Grâce intérieure, en dehors des bienfaits de la création et de la révélation, et qui va à éclairer et à fortifier. Grâce sanctificatrice et régénératrice ; grâce actuelle aussi, qui assure la persévérance et le propres de la sainteté recouvrée. La grâce toutefois n’est pas l’élément unique de la sainteté dans les individus ; le concours du vouloir humain ne peut être retranché ni remplacé. L’ordre de succession, ou, si l’on veut, de dépendance dans l’activité réciproque des deux facteurs de la sainteté individuelle, méconnu par les semi-pélagiens, est remis en relief par saint Fulgence. Tandis que les semi-pélagiens, en reconnaissant la nécessité de la grâce intérieure, proclament la bonté native de notre volonté, lui attribuent le premier pas dans le chemin du salut, admettent enfin une certaine influence des dispositions morales de l’homme sur la distribution de la grâce, l’évêque de Ruspe, au nom de l’Écriture et de la tradition, repousse leur triple erreur. Il tient que pas une parcelle de l’œuvre du salut, fût-ce la première en date, ne se dérobe à l’action de la grâce ; que l’homme ne saurait imposer une espèce de condition à la grâce divine, puisque, sans elle, il est hors d’état de s’en rendre cligne ; et qu’il ne peut naturellement vouloir le bien, puisque tout, bon mouvement, bonne pensée, bon désir, lui vient de Dieu par la grâce. Ainsi, la grâce prévenante guérit l’impuissance de la volonté non seulement à faire, mais à désirer le bien ; seule, elle fait luire à nos yeux la foi et nous permet de mériter. A la grâce qui prévient se surajoute, pour en garantir et en accroître l’effet, la grâce qui coopère, gratta subsequens, et affermit notre volonté, le long de la route, jusqu’au terme. A l’une l’initiative, à l’autre l’achèvement du salut ; l’une apporte au pécheur le pardon et l’état de justice, l’autre lui vaut ensuite la gloire des saints. Le salut de l’homme, tout en étant la récompense de ses efforts, dépend complètement de la grâce et est en définitive, du commencement à la fin, l’ouvrage de Dieu. Au reste, ce serait une grave erreur de croire que tous les hommes reçoivent la grâce dans la même mesure ; Dieu distribue la grâce comme il lui plaît, toujours avec des limites et de façon à laisser persister des imperfections dans l’âme. La perfection entière et parfaite est, avec la glorification, le partage du ciel.

Théorie de la grâce, théorie de la prédestination divine, tout respire également, chez l’évêque de Ruspe, l’esprit augustinien. Saint Fulgence proteste contre l’excès de l’hérésie prédestinatianiste ; Dieu ne prédestine personne au mal, au péché ; ce qui serait nier visiblement Dieu, puisqu’on imputerait à Dieu lui-même le mal ; le réprouvé n’est prédestiné qu’à subir la peine du péché librement commis malgré le vouloir de Dieu. Qu’est-ce en réalité que la prédestination ? Rien autre chose que la préparation éternelle de tous les actes de la volonté humaine sur la terre quant à l’affaire du salut, en même temps que celle du sort qui nous attend là haut, fuluri operis divini sempiierna dispositio. C’est donc, sans qu’il s’y rattache, aucune idée de contrainte sur la créature, le tri du bloc de perdition, le choix qui distingue entre les deux parties de l’humanité déchue et sépare les élus d’avec les réprouvés. L’idée de la gratia secundum meriium præcedens amenait les semi-pélagiens à ne vouloir d’autre prédestination qu’une prescience divine, prévoyant ce que la liberté de l’homme accomplit. Selon saint Fulgence comme selon saint Augustin, la prédestination est une œuvre à la fois de prescience et de volonté. Mais, avec un langage moins précis que celui de son maître d’Hippone, Fulgence ne laisse pas d’embrasser, après lui, l’opinion que la

prédestination au salut repose en dernière analyse et axant tout sur la volonté de Dieu ; seule la prédestination à l’enfer s’appuie sur la prévision des péchés du coupable. Mais la prédestination au salut ne s’étend point à tous les hommes ; car Dieu ne veut pas le salut de tous sans exception, quoique le contraire semble au premier aspect ressortir du texte fameux. I Tim., ii, 1. L’évêque de Ruspe, contrairement à l’opinion des Pères d’avant saint Augustin, particularise en Dieu la volonté sedvifique, au nom de la pleine indépendance de cette volonté, sans taire d’ailleurs qu’un mystère impénétrable couvre les conduites de la justice infinie. Le nombre des prédestinés au salut, déterminé de toute éternité, n’est susceptible ni de diminution ni d’accroissement, la volonté divine étant immuable et toute-puissante. La prédestination est, par conséquent, absolue et infaillible ; il en est toujours des prédestinés ce que Dieu a voulu éternellement ou plutôt ce qu’il veut, n’y ayant à ses yeux ni passé ni futur. Le sentiment profond des droits de Dieu sur l’homme et des besoins de l’homme dans toutes les phases de l’œuvre du salut, inspire et caractérise la doctrine de saint Fulgence.

S. Ful(/enlii vita, P. L., I. lxv, col. 117-150 ; trad. allemande par A. Mally, Vienne, 1885 ; Fessier— Jungmann, Inslilntiones patrologiæ, Inspruck, 1896, t. ii, p. 398-432 ; Bardenhewer, Les Pères de l’Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. iii, p. 148-152 ; Teufïel-Sehwabe, Geschichte der Rômische Litteratur, 5e édit., Leipzig, 1890, p. 1238 ; Fr. Wœrter, Zur Dogmengeschichle des Semipelagianismus, Munster, 1893, p. 107-155 ; Ficker, dans Zeilschrift fur Kirchengeschichte, 1900, t. xxi, p. 9-42 ; H. Leclereq. L’Afrique chrétienne, Paris, 1904, t. ii, p. 204-206.

P. Godet.

    1. FUNEZ (Martin de)##


FUNEZ (Martin de), théologien jésuite, né à Valladolid en 1560, mort près de Sicum le 25 février 1611. Admis dans la Compagnie de Jésus en 1577, il enseigna la théologie dogmatique à Gratz, puis la théologie morale à Milan. On a de lui : Theologica disputatio de vitiis et peccalis in génère, in-4°, Gratz, 1588 ; Theologica dispulalio de Deo uno, in-4°, Gratz, 1589 ; Methodus pructica aurei libelli Thomie de Kempis de Imilalione Christi, in qua docelnr homo a principio perfeclionis christianæ usque ad summum gradum ordinale progredi, lam magistris quam discipulis vita 1 spirilualis perulilis, in-16°, Cologne, 1590 ; Dispulalio de fide juslificanle, in-8°, Gratz, 1592 ; Spéculum morede et praclicum : in quo medulla omnium casuum conscientiæ conlinetur. Pro confessariis et pœnilenlibus extructum. Pars prima : qua pra-cepta dccalogi melhodice explicantur, ac in species morales ultimas distribuuntur. Pars secunda : qua doctrina seplem Ecclesiæ sacramentorum duodecim capitibus methodica forma absolula conlinetur. Pars lerlia et ultima : qua ecclesiaslica præcepta omnia copiosa brevilate perlraclantur, in-12, Constance, 1598.

Sommei vogel, Bibliothèque de la C le de Jésus, in— 1. 1892, t. iii, col. 1067 ; N. Antonio, Bibliolheca hispana nova, in-fol., Madrid, 1788, t. ii, p. 101.

B. Heurtebize.

    1. FUNK I##


FUNK I. Vie. II. Œuvres. III. Caractère.

I. Vie.

François-Xavier Funk, fils d’un modeste aubergiste wurtembergeois, naquit au village d’Abtsgmiind, le 12 octobre 1840. Après de solides et brillantes études classiques au gymnase d’Elhvangen, il suivit en même temps à Tubingue, de 1859 à 1863, les cours de la faculté de théologie et ceux de la faculté de droit, avec d’égales aptitudes et un succès égal ; car, en 1862 et en 1863, il fut couronné tour à tour dans les concours des deux facultés. Promu docteur en philosophie à l’automne de 1863, puis ordonné prêtre le 10 août 1864 et nommé vicaire à YValdsee, il obtint ensuite un congé d’un an, afin de poursuivre