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FULGENCE DE RUSPE (SAINT’970

semi-pélagianisme de Fauste de Riez. Thrasamond mourut en 523. L’avènement d’Hildéric, son successeur, rendit la paix à l’Église d’Afrique et permit aux évêques exilés de rentrer dans leurs diocèses ; saint Fulgence pourra encore travailler dix ans au bien de son troupeau. Quand il sentit la mort s’approcher, il se retira de la vie active et s’adonna tout entier aux exercices de la pénitence. « Mon Dieu, disait-il dans sa dernière maladie, au fort de ses souffrances, donnezmoi la patience maintenant, et puis pardonnez-moi. » Il mourut le 1 er janvier 533.

II. Œuvres. — Saint Fulgence a beaucoup écrit. Indépendamment de ses ouvrages théologiques qui roulent, les uns sur les mystères de la triait c et de l’incarnation, les autres sur les matières de la grâce et de la prédestination, vengeant la foi catholique des attaques des ariens comme de celles des semi-pélagiens, il nous est aussi resté de lui des lettres et des sermons.

1° Dans la première catégorie on trouve les neuf productions théologiques ci-après, P. L., t. lxv : le livre Contre les ariens, col. 205-225, réponse aux dix questions que le roi Thrasamond avait posées, vers 515, à Fulgence, touchant les antithèses dogmatiques des catholiques et des ariens ; les trois livres Ad T liras imimdurn, regem Vandalorum, col. 223-303, nouvelle réponse, vers 515, à de nouvelles objections du prince arien ; l’opuscule De Trinitaie ad Felicem nolarium, col. 497-508, courte exposition des dogmes essentiels de l’Église ; le livre Contra sermonem Fastidiosi ariani ad Victorem, col. 507-528, où l’auteur, s’appuyant à la distinction des idées de nature et de personne, fait ressortir à la fois l’indivisibilité de la Trinité et le caractère personnel de l’incarnation du Fils de Dieu ; l’opuscule De incarnatione Filii Dei et vilium animalium auclore ad Scarilam, col. 573-003, réponse, de date incertaine, à deux questions, l’une, si 4e Verbe seul s’est incarné, l’autre, si Dieu lui-même a créé les insectes nuisibles ; les deux livres De remissione peccatorum ad Eulhymium, col. 527-573, qui furent écrits pendant l’exil de Sardaigne et qui mettent en relief les conditions providentielles du salut de l’homme, foi, bonnes œuvres, durée de la vie présente ; les (rois livres Ad Monimum, col. 151-205, écrits pareillement au fond de la Sardaigne. le premier sur la double prédestination, celle des saints à la gloire et celle des méchants à l’enfer, le second sur le sacrifice <le la messe, sur le rôle du Saint-Esprit dans l’Église, sur le conseil ou supercrogalio de saint Paul, le troisième enfin sur le début de l’Évangile de saint Jean ; lis trois livres, dédiés à Jean et à Vénérius, Sur la de la prédestination et de la grâce divine, col, 603671, ’i composés vers 523, peu après le retour définitif de Fulgence en Afrique ; l’opuscule De fuie ad Peirum seu de régula veræ fidei, col. 671-768, résumé de main de maître de toute la théologie chrétienne.

Plusieurs ouvrages de saint Fulgence sonl perdus, en totalité ou en partie. Le livre Contre Pinta n’a pas <u ; celui qu’on imprime sous le titre de Liber pro flde calholica adversus Pinlam episcopum arianum, I apocryphe. Les sepl livres Contre vêque de Riez, écrits en Sardaigne avanl me ni péri. Des deux opuscules, Sur le jeûne et la prière, l’un se retrouve peut-être dans la oba : De oralione et compunctione

tordis, l’autre n’esl pas arrivé jusqu’à nous. Du mém court Sur le Saint Esprit, Ad Abragilem

prubylerum, il nous reste encore deux fragments, eoL 833, 834. Les dix Livres Contre V arien Fabien on1 disparu, sauf trente-neuf fragments précieux, col <" la prédestination et de la grâce, ", | n’est pas authentique ; il a usur]

nom de s, mit Fulgence.

2° Nous avons de saint Fulgence treize longues lettres — on dirait presque des livres — les unes de théologie dogmatique, les autres de morale, col. 303498 ; nombre de ses lettres ne nous sont pas parvenues.

3° Dix sermons de saint Fulgence ont seuls survécu ; les uns ont trait aux fêles de Notre-Seigneur et des saints, les autres à des questions de morale ou d’exégèse sacrée, col. 719-750. Le sermon sur la Purification de la sainte Vierge, col. 838 sq., et celui sur saint Vincent sont apocryphes, ainsi que quarante autres sermons, qui appartiennent en réalité, soit à saint Augustin, soit à saint Pierre Chrysologue, soit pour la plupart à un auteur africain demeuré inconnu.

Tous les écrits de saint Fulgence témoignent d’une science scripturaire étendue, d’un esprit sensé et pénétrant, d’un style lumineux et précis.

III. Doctrine.

Après que les besoins spéciaux de l’Église d’Afrique eurent armé l’évêque de Ruspe contre l’arianisme, les erreurs semi-pélagiennes de la Gaule méridionale éveillèrent son attention et l’engagèrent dans de nouvelles luttes. Sa doctrine de la grâce et de la prédestination, telle que nous la révèlent en particulier, à défaut de ses livres Contre Fauste, sa lettre au diacre Pierre et son ouvrage Sur la vérité de la prédestination et de la grâce, n’est dans le fond, nonobstant quelques adoucissements de forme, qu’un écho fidèle du système de saint Augustin. A la base de cette doctrine se trouve, comme de raison, le grand fait de la création du premier homme. La bonté souveraine, qui a présidé à cet acte créateur el l’a imprégné de toutes parts, défend Dieu du soupçon d’une prédestination in malo. Mais, resté faillible dans l’état surnaturel où Dieu l’avait originairement élevé, Adam a failli, et la nature humaine entière, corps et âme, a subi de ce fait un changement déplorable. L’âme, privée de la grâce, a vu son intelligence s’enténébrer devant les vérités éternelles, sa volonté incliner au mal et perdre le pouvoir de mériter le ciel. Le corps, en pleine et perpétuelle révolte contre l’âme, est devenu la proie de la concupiscence et la victime de la mort, en attendant l’heure de la mort éternelle. El ce n’esl pas seulement le premier homme qui a porté la peine de sa désobéissance personnelle ; c’est le genre humain toul entier qui en a été et en demeure atteint. Car, avec la mort physique, le péché d’Adam, qui en est la raison dernière, pèse sur chacun de ses descendants, à l’entrée de la vie, et engage sa responsabilité. Quoique, d’ailleurs, on pense dans l’insoluble question (le l’origine des âmes, soit que, l’hypothèse origéniste de la préexistence de l’âme écartée sans retour, on goûte davantage les idées du traducianisme ou (relies du créatianisme, le péché originel se transmet par héritage. Le désordre des sens, fwdilas libidinis, qui, pour saint Fulgence comme pour saint Augustin, fait l’essence du péché originel ef est l’annexe inévitable de l’acte génératif. corrompt toute naissance humaine dans sa source. Que cette naissance soit ou non le fini l du mariage, peu importe : peccalum in parvulos non transmiltit propagalio, sed libido. Tous les hommes oui péché, en effet, dans Adam qui les tenait renfermés, de qui seul ils ont reçu l’être et la subsistance, et pal conséquent ils forment tOUS une massa ilaiiuiala.

L’homme n’est pourtanl point tombé si bai qu’il ne puisse être relevé « le sa chute et guéri de ses blessures ; car enfin, depuis le péché originel, sa nature n’est pas totalement pervertie, ni son libre arbitre

aboli. Mais le salut de l’homme n’est l’OUVTage ni de sa propre nature, aujourd’hui aveuglée et paralvsée.

ni de la loi naturelle ou positive, qui montre sans doute

la grandeur du mal. mais qui, faute d’une Iransforination morale de la volonlé. ne saurai ! apporter au