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FULBERT — FULGENCE DE RUSPE (SAINT


l’on touche, et l’on ne voit et touche que la substance connaturelle à l’accident. Appliqué à la théologie, ce principe aboulit à la négation de la transsubstantiation : appliqué à la philosophie et a la nature des choses, il aboutit au nominalisme : carie sens, juge suprême de toute existence, ne perçoit que le particulier, et l’universel, objet de l’idée, n’est pas une réalité, mais un concept, un nom.

Nous ne reprendrons pas ici la question des origines chartraines du nominalisme philosophique en la personne du médecin d’Henri II, Jean le Sourd, qui fut disciple de l’école de Fulbert. Voir A. Clcrval, Les écoles de Chartres, p. 121. Il est fort probable que ce système passa de Bérenger à Roscelin ou par ce Jean le Sourd, ou directement. Mais pour émaner de cette école, le nominalisme, surtout le nominalisme théologique, ne paraît pas avoir été la doctrine du maître ni de ses principaux élèves. Une tradition rapportait que Fulbert mourant, ayant aperçu Bérenger près de son lit, l’avait repoussé comme un démon. En clïet, les clercs chartrains s’opposèrent de toute leur force à l’hérésiarque et à sa doctrine naissante sur l’eucharistie qui n’était qu’une application de sa dialectique et de son sensualisme.

Fulbert était surtout un théologien, un docteur catholique, comme l’appelait Adelman. II recommandait les Écritures, les Pères, les écrivains ecclésiastiques, les canonistes et les liturgistes. parce qu’il s’appuyait principalement sur l’autorité.

Dans l’Écriture, il cherchait d’abord le sens littéral, puis le sens spirituel : non videtur incongruiim, si historiée vcrilale servala, quomodo lola spirilualilcr possil inlcllirji demonstremus. P. L., t. cxli, col. 273. A défaut des Pères grecs, il citait les Pères latins, et les auteurs subséquents comme Bède et Raban Maur, et dans ses conférences avec ses disciples, il les suppliait de ne jamais quitter la voie royale des Pères et de la tradition. Sa théologie était plus positive que scolastique. Elle fut donc naturellement opposée à celle de Bérenger, et l’on comprend que ses élèves l’aient fortement objectée à celui-ci.

En résumé, Fulbert se place entre l’époque des Pères et celle des scolastiqucs.

Clerval et Merlet, Un manuscrit cliarlrain du xie siècle, 18’J3 ; Clerval, Les écoles de Chartres au moyen âge, Paris, 1895, p. 30-142 ; Pfister, De Fulberli Carno’ensis vita et operibus, 1885 ; Opéra, P. L., t. cxli ; Histoire littéraire de la France, t. vii, p. 261.

A. Clerval.

    1. FULCONIS Gabriel-Marie##


FULCONIS Gabriel-Marie, chartreux, né à Saint-Étienne-Mont (Alpes-Maritimes), le 5 février 1816, exerça d’abord le ministère paroissial au diocèse de Nice, entra ensuite chez les oblats de Turin en 18 12 et finalement se lit chartreux à Collegno, où il pr nonça ses vœux le 6 octobre 1851. Il fut vicaire des maisons de Paviee de Trisulti, en Italie, et supérieur des religieuses chartreuses de Beauregard (Isère) et de Notre-Dame-du-Gard (Somme), en France. Après sa mort, arrivée le. Il mai 18.SS à la chartreuse de Xotrc-Dame-des-Prés (Pas-de-Calais), le chapitre général déclara qu’il avait vécu louablement 38 ans dans l’ordre. Ses ouvrages imprimés, sans nom d’auteur, témoignent de sa haute piété et de sa tendre dévotion. 1° Tesoro di divozione per le anime amanli di Gesùe di Maria, ossia istruzioni, pratichee preghiere… estratte per lo piû dalle opere di S. Alfonso Maria dei Liguori, in-16, Turin, 1850 ; trad. franc., 2° édit., in-32, Lyon, Paris, 1854 ; 7e édition, Lyon, Paris, 1866 ; 2° L’anima sanla accesa d’amore verso Gesùe Maria e di tenerissima divozione verso i loro SS. Cuori, essia riflessioni, preghiere, pratichee risoluzioni e/ficacissime per acquistare la santità, distribuile per ciascun iorgno dell anno, in-16, Turin, 1861 ; 10’édit., stéréo typée, Turin, 1898 ; trad. franc., par l’abbé A. Fourot, in-12, Bar-lc-Duc, 1872 ; 2°— édit., revue et augmentée, Paris, 1884 ; 3e édit., Montrcuil-sur-Mcr, 1891 ; trad. espagnole, Barcelone, 1896 ; 3° Opuscolo ad uso degli aggregati alla privala pia unione di preghiere e banne opere, etc., in-12, Turin, 1862 ; 4° Monnaie per uso degli aggregati alla Compagnia dei Sanlissimi Cuori di Gesù c di Maria, in-16, Rome, 1866 et 1867 ; 5° Monnaie eompendialo, etc., in-16, Rome, 1868, 1875, etc. ; Paris, 1880. Dom Gabriel-Marie Fulconis a laissé en manuscrits un grand nombre de sermons, un ouvrage en plusieurs volumes sur les merveilles du Cœur admirable de la Mère de Dieu, et quelques traités théologiques. Voir Cn ktreux, t. H, col. 2318.

S. Actore.

    1. FULGENCE BOASSERT##


1. FULGENCE BOASSERT, frère mineur capucin, né à Steenvoorde (Nord), vers 1734, était chanoine de l’église d’Ypres quand il entra en religion à l’âge de trente-huit ans. Ses études antérieures lui firent conférer la charge de lecteur, dont il s’acquitta avec mérite, comme le prouvent les Principia theologiæ morulis et scholasdar, qu’il compléta par un volume unique, Theologise dogmatiese, 6 in-8°, Ypres, 1782. L’auteur mourut à Ypres le 12 novembre 1802 et sa théologie fut rééditée par les soins de VV. W. Ruys, curé de Huisseling près Ravenstein, 6 in-12, Bois-le-Duc, 1815-1817.

Hurler, Nomenclaior, Inspruck, 1912, t. v, col. 257. P. Edouard d’Alençon.

    1. FULGENCE DE RUSPE (Saint)##


2. FULGENCE DE RUSPE (Saint). — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

Fulgence, « le plus grand théologien et h 1 plus saint évêque de son temps, » Bossuet, La défense de la tradition, 1. I, c. xiv. naquit en 468 a Telepte dans la Byzacène, au nord de l’Afrique. Issu d’une famille considérable et resté de bonne heure sous l’aile de sa mère, prématurément veuve, l’enfant reçut, avec des maîtres habiles, une éducation très soignée. Jeune encore, ses qualités d’esprit et son expérience des affaires lui valurent l’honneur d’être choisi pour procurateur de Telepte. Mais il renonça vite à sa charge ; la lecture d’une page de saint Augustin, de l’explication du psaume xxxvi, le décida, nonobstant la douleur et les larmes de sa pieuse mère, à quitter le monde et à embrasser la vie monastique. Moine et bientôt abbé, il se vit chasser, par la haine des ariens, du monastère qu’il édifiait et gouvernait avec succès. Il partit pour la Sicile, dans l’intention d’aller chercher la solitude en Egypte ; détourné de son projet en Sicile, par l’évêque de Syracuse, qui lui dépeignit les ravages du monophysisme parmi les moines égyptiens, il visita Rome, puis revint dans sa patrie vers l’an 500. Il y bâtit un nouveau monastère dont il devint l’abbé, et peu après fut ordonné piètre, malgré lui. En 507 ou 508, il était élevé, malgré qu’il en eût, sur le siège épiscopal de Ruspe, petite ville au bord de la mer.

Exilé par le roi vandale Thrasamond, avec soixante autres évêques catholiques de la Byzacène, il se réfugia comme eux en Sardaigne et y fut l’âme et le modèle du groupe des bannis. Vers l’an 515, son renom de science et de génie détermina le roi Thrasamond à le rappeler à Carthage, pour y prendre part à des discussions théologiques ; mais ses efforts pour le relèvement de l’Église en Afrique et les heureux siu ci > de son zèle alarmèrent les ariens, qui le tirent de nouveau reléguer en Sardaigne vers l’an 520. Ici se place l’incident des moines scythes, qui trouvèrent un ferme appui dans les évêques africains, et virent ratifier par saint Fulgence leur formule antinestorienne que « l’une des trois personnes divines a souffert dans la chair » en même temps que leurs plaintes contre le