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FUITE PENDANT LA PERSECUTION


rident à fuir durant les persécutions. Dieu sauvait ses serviteurs, dit-il, afin que, délivrés ainsi des embûches de leurs ennemis, et mis à l’abri de leurs mauvais desseins, il leur fût possible de continuer à instruire les peuples, c. xix-xx, P. G., t. xxv, col. 668-670. Tertullien avait reconnu la justesse de cette raison pour les premiers apôtres. Pourquoi pas pour leurs successeurs ? Un motif de ce genre n’était pas exclusivement spécial aux origines de l’Église. Il pouvait se représenter dans la suite des siècles, et, de fait, il se représenta plus d’une fois.

Si, aucun des pasteurs légitimes ne fuyant, tous étaient mis à mort, dit le saint docteur, qui, désormais, prêcherait la parole de vérité et administrerait les sacrements ? N’est-ce pas, d’ailleurs, pour ce motif que les persécuteurs poursuivent les pasteurs avec tant d’acharnement ? X’est-ce pas pour tarir les sources de l’éloquence sacrée, et réduire au silence toutes les bouches qui s’ouvrent pour glorifier Dieu, ou montrer aux fidèles le chemin du ciel ? c. xx, P. G., t. xxv, col. 672.

Mais, chez ces saints confesseurs de la foi, le temps de la fuite n’était pas un temps perdu, ni pour eux, ni pour les ouailles dont ils avaient la sollicitude. Il ne L’était pas pour eux, car les mérites s’accroissaient en proportion de leurs soulïrances et des privations de tentes sortes qu’ils avaient à endurer ; ce temps n’était pas perdu, nen plus, pour leurs ouailles, car, même durant leur fuite, ils ne cessaient pas d’annoncer les vérités de la foi aux fidèles, continuaient à les instruire dans la doctrine, les prémunissaient contre les pièges que leurs ennemis leur tendaient pour surprendre leur consentement à des actes contraires à la loi de Dieu, etc. La fuite des saints est donc utile aux peuples, quoi qu’en pensent les ariens, intéressés à ce que celle fuite n’ait pas lieu, c. xxi. col. 672. Aussi, c’est en vertu d’une sage disposition de la providence que les saints se sont décidés, parfois, à prendre la fuite. Dieu les réservait comme des médecins pour le plus grand avantage des peuples soumis à tant de misères et d’infirmités morales, c.xxii, col. I172. Cf. Salmanticenses, Cursus theologicus, tr. XVII, De fuir theologica, disp. 1 1, De exlerna fidei confessione, dub. i, s 2, n. 1."), t. xi, p. 355.

En écrivant ces paroles, saint Alhanase se souvenait, ainsi qu’il le raconte, qu’il avait été délivré comme miraculeusement de la main des soldats ariens qui voulaient le mettre a mort. Quand Dieu était intervenu si visiblement en sa faveur, le saint prélat eût considéré comme un crime, disait-il, de se livrer de lui-même à ceux qui voulurent attenter à ses jours. Sa vie ne lui appartenait pas. Son devoir était de la ver pour Dieu et pour ses ouailles, tant que Dieu n’en disposerait pas autrement.

1 réflexions nous révèlent quels sont les vrais us des pasteurs des âmes, en lace de la persécution. Avant tout, ils doivent consulter l’avantage spirituel dis fidèles cou liés à leur sollicitude, n’hésitant i s’exposera la mort, si les intérêts surnaturels des Ddèles h réclament ; et, au contraire, se conservant, même par la fuite, si leur vie est nécessaire à ceux donl ils ont l.i charge. Ce sont les pensées que saint Paul mait, quand il disait : Je suis pressé par deux oient ardents : l’un, de

mourir, afin d’être avec le Christ ; l’autre, de rester mortelle, si cela est utile au bien de vos I Pour ce qui est de saint Alhanase,

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de lui, l’ouï ce motU aussi Dieu le con DICT. DE THÉOL. CATH0I,

serva jusqu’à une extrême vieillesse pour le bien de son Église.

Saint Augustin exposait merveilleusement la même doctrine dans sa lettre à l’évêque Honorât, qui l’avait consulté à ce sujet, au moment de l’invasion des diocèses d’Afrique par les Vandales. En nous recommandant, ou en nous conseillant de fuir de ville en ville, répondait le grand docteur d’Hippone, le Seigneur n’a pas voulu que nos ouailles demeurassent sans les pasteurs qui leur sont nécessaires, lui qui pour elles n’a pas hésité à verser tout son sang précieux. Quand le Seigneur fuyait en Egypte, il n’abandonnait pas son Église qu’il n’avait pas encore fondée. Et quand l’apôtre saint Paul s’enfuyait de Damas, parce qu’on en voulait surtout à sa personne, l’Église de Damas ne restait pas abandonnée à elle seule, car elle avait, dans son sein, des prêtres et des lévites, en nombre suffisant pour prendre soin des fidèles. Faciant ergo servi Christi, ministri Verbi et sacramenti ejus, quod præcepil sive permisit. Fugiant omnino de civitale in civitalem, quando connu quisquam specialiler a perscculoribus quæritur, ut ab (dits qui non Ha requiruntur, non deseratur Ecclesia ; sed isti præbeant cibaria conservis suis, quos aliter vivere non pusse noverunl. EpisL, ccxxviii, ad Honoratum episcopum, c. ii, P. L., t. xxxiii, col. 1014. Cf. In ps. CXLi, c. xi, /’. L.. t. xxxvii, col. 1840 ; Conlra lifteras Peliliani, 1. II, c. xix, 7’. /.., t. xi.iii, col. 272. Ainsi, pendant quelque temps, cédant aux prières instantes des fidèles, se cachèrent, non par crainte, mais par charité, saint Polycarpe, saint Grégoire le Thaumaturge, saint Cyprien et plusieurs autres. Cf. S. Thomas, Sum. theol., II* II’, q. clxxxv, a. 5 ; 7/i Joii., c x. Iect. iii, n. 3, Opéra omnia, 34 in-4°, Paris, 1871-1880, t. iv, p. 504 ; t. xx, p. 135 ; Décret de Grulicn, part. II, caus. VII, q. i. c. 17, Suscitons ; Suarcz, De fuie theologica, disp. V, sect. iii, n. 10, t. xii, ]>. 390 ; Salmanticenses, Cursus théologiens, tr.XVII, disp. VII, dub. r, $2, n. 15. t. xi, p. 356 ; Palmieri, Opus theologicum morale in Busembaum medullam, tr. V, sect. i, c. iii, n. 82, t. ii, p. 31.

2. Mais, poursuit le grand docteur d’Hippone, si le danger est le même pour tous, évêques, piètres et

Laïques, quc les ouailles ne soient pas abandonnées par les pasteurs dont elles ont besoin. Donc, ou bien que tous fuient dans des endroits où ils seront en sûreté ; ou bien, que ceux qui sont obligés de rester ne soient, pas délaissés par ceux qui sont leurs pasteurs et leurs guides ; de sorte que, ou tous vivent en sûreté, ou tous supportent également l’épreuve que le Père de famille envoie ou permet. /’. L.. I. xxxiii, col. 101 I. Ainsi, dit-il, on pratique cette charité quc nous recommandait le disciple bien-aimé : De même que le Christ a donné sa vie pour nous, de même devons nous la donner pour nos frères, 1 Joa., iii, 16 ; car, si des Laïques, soit qu’ils fuient, soif qu’ils ne fuient pas. sont plis el. ont à souffrir, c’csl pour eux-mêmes et non pour leurs frères qu’ils souffrent ; tandis que ceux qui sont pris ci souffrent pour ne pas avoir voulu abandonner leurs frères, qui axaient besoin de leur ministère sacré pour leur salul, ceux-là, suis aucun doute, donnent leur vie pour leurs frères, à l’exemple du divin Sauveur. Quis infirmatur, il ego non infirmer ? proclamail le grand apôtre. Il Cor., xi. 29. Epist. < « l Honoratum, c iii, mi,

/’. /… I. xxmii. (i, l. lui I, 1IM6 ; lu.In,, ., c. x. n

/’. /.., t. xx. col. 1731 sq. ; In ps., XLI, c. xi.

/’./.., t. xxx vii, col. L840.Cf.S.Gn Advenus Julianum in m oratio

prior, c. I [VIII, /’. G., I. XXXV, COl. < I T. Les p ; is teius qui subissent la mort, parce que, lorsqu’ils pouvaient fan, ils ne I oui pas fait pal oiuoui pour Iciii.

ouailles, pratiquent 1 1 charité A un degré Lncompara VI,

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