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FRUITS DE LA MESSE


de grâces, ne paie par elle qu’une portion limitée des peines qu’il doit ; elle l’est en extension, si le nombre des participants diminue la part de chacun.

Que les fruits de la messe soient limités en intensité, que, par conséquent, il puisse y avoir inégalité dans la quantité que chacun en reçoit, personne ne le nie. Aux grâces obtenues par la messe, chacun puise selon la part plus ou moins directe qu’il a à sa célébration, et, à égalité de part, selon ses capacités, c’est-à-dire selon ses dispositions. C’est le principe de saint Thomas : Quamvis hœc oblatio ex siti quantitale sufficiat ad satisfaciendum pro omni peena, (amen fit satisfactoria illis pro quibus offertur, vel etiam offerentibus, secundum quanlilalem suæ devolionis et non pro iota peena. Sum. theol., III a, q. lxxix, a. 5. Cela est vrai de toutes les sortes de fruits ; le prêtre qui célèbre, ceux pour qui il célèbre, les assistants, les membres de l’Église retirent du fruit personnel, ministériel, spécial ou général d’autant plus de grâces que leurs dispositions sont plus parfaites, leur foi plus vive, leur contrition plus intense. Les âmes du purgatoire elles-mêmes ne sont pas toutes aussi capables l’une que l’autre de bénéficier des messes dites pour elles ; le fruit qu’elles en reçoivent peut varier, dit le cardinal Billot, soit d’après le degré plus ou moins grand de charité qu’elles possèdent, soit selon la mesure de la dévotion avec laquelle elles ont, durant leur vie, désiré que l’on célébrât des messes pour elles après leur mort. Op. cit., th. lvi, p. 596. Ainsi s’expliquent la pratique des fidèles de faire dire des messes multiples à la même intention et la faveur donnée par l’Église à cette coutume.

Ces fruits sont-ils de même limités en extension ? Restent-ils les mêmes, quel que soit le nombre de ceux sur qui ils se répandent, ou se divisent-ils en fractions plus réduites si ce nombre est plus grand ? Nous nous heurtons, ici surtout, au mystère de la volonté positive de Dieu ; lorsque, en dehors de toute donnée révélée, on prétend scruter les secrets de la distribution des grâces, il n’y a place que pour des hypothèses plus ou moins satisfaisantes, jamais pour la certitude. Saint Alphonse de Liguori en offre un frappant exemple : après avoir, dans sa Théologie morale, soutenu comme plus probable l’opinion d’après laquelle les fruits de la messe seraient indéfinis en extension, il s’est implicitement rétracté dans ses ouvrages postérieurs, ainsi que le remarque son savant éditeur et commentateur, le 1’. Gaudé. Theologia mordis, n. 312, Home, 1909, t. iii, p. 293, note /’.

I "il s’accorde généralement à ne pas admettre de limites a l’extension des fruits que nous avonsappelés général et spécial ; du fruit personnel, il ne saurait question. Bien que le nombre des membres de l’Église s’accroisse de jour en jour, chacun profite de chaque messe comme au temps où l’Église était plus restreinte ; c’est une conséquence de l’inépuisable fécondité du saint sacrifice considéré m actu primo. Billot, op. cit., th. i.vi, ]>. 599. Et d’autre part, pour 1 : 1 mi iii, il serait déraisonnable de prétendre

que— les fruits de l’assistance a la messe se divisent

nombre des assistants, qu’ils sont d’autant

moins abondants que les assisiants sont plus nom . Le I’. Gavazzi, conventuel i — ; 1657), semble

le » ni.i soutenir l’opinion contraire ; il

mmandail par conséquent d’assister, autant que

|f’— aui i i peu de fidèles étaient pré

cf. i.iln. / fièrement » de l’Église catholique,

ii-’d. Mazoyer, Paris, s. d„ t. » , p. 375, note 2 : c’étail’"< de l’Église —pu lom et en, on

— contraire, le concours du peuple aux messes olennelli |, | fin i s, ,, . V aiient donc

art— que selon les dispositions.le ceux qui v participent, et non d’après leur nombre.

Pour le fruit ministériel, celui qui dépend de l’intention du prêtre, il n’y a plus le même accord. Une messe dite pour plusieurs personnes est-elle aussi utile à chacune que le serait une messe dite spécialement pour elle ? L’hypothèse la plus commune parmi les théologiens, si l’on excepte les casuistes du xviii c siècle, est que le fruit de la messe est proportionnellement d’autant plus grand que plus restreint est le nombre de ceux à qui on l’applique. Cette opinion est celle qui concorde le mieux, non seulement avec le sentiment commun des fidèles, mais aussi avec les décisions de l’Église. Elle s’accorde avec le sentiment commun des fidèles qui tiennent à ce que des messes soient dites spécialement pour eux ou pour leurs morts. Saint Thomas expose ainsi cet argument : Si ergo suffragium pro multis factum tantum valerel singulis ac si pro uno tantum ficrel, videtur quod Ecclesia non debuit instiluisse ut pro aliquo singulariler missa vel oralio ficrel, sed quod semper diceretur pro omnibus fidellbus dejunclis, quod palet esse falsum. In IV Sent., 1. IV, dist. XLV, q. ii, a. 4, sed contra. Elle est aussi plus en harmonie avec les règles pratiques édictées par l’Église. Celle-ci ne permet pas, en effet, au prêtre qui doit appliquer plusieurs messes de s’en acquitter par une seule où il réunirait plusieurs intentions. Cette pratique a été condamnée par Alexandre VII, le 24 septembre 1665. : 10. Non est contra jusliliam pro pluribus sacrificiis stipendium accipcrc et sacrificium unum of ferre. Neque etiam est contra fidelitalem, etiamsi promitiam, promissione etiam juramento firmala, danli stipendium, quod pro nullo alio offeram. Denzinger-Bannwart, n. 1110. Ce n’est pas, sans doute, une condamnation de l’opinion spéculative d’après laquelle les fruits de la messe seraient indéfinis en extension ; c’est, du moins une condamnation de la pratique qui y serait conforme. Voir t. i, col. 735."

Comment alors expliquer cette participation restreinte aux fruits d’un sacrifice dont on proclame la valeur infinie ? Faut-il avec un grand nombre de théologiens, recourir à une disposition arbitraire de Dieu qui aurait fixé pour chaque messe une certaine quantité de fruits à partager entre tous ceux pour qui la messe est dite ? Solo a donné à cette explication sa forme la plus nette en disant : Inlentionisacerdotis. .. respondet cerlus ri taxalus gradus saiisfaclionit ; et ideo quanlo in plures illud distribuât, tanlo singulis minus obvenit. In IV Sent., 1. IV, dist. XIII, q. ii, a. 1, concl. 2. Il semble préférable de ne pas introduire cette rigueur mathématique dans la question toute morale de la distribution des grâces, l.a solution proposée par le cardinal Billot, pour être moins précise, n’en est probablement que plus proche de la vérité. Il fait dépendre la part de ceux pour qui le messe est dite de deux facteurs, île leurs dispositions personnelles et de la netteté avec laquelle le prêtre dirige vers eux son intention. A égalité de dispo sitions. on reçoit d’autant plus que la messe est plus nettement appliquée ; et, à égalité d’application. d’autant plU8 que les dispositions sont meilleures. Or l’application se faisant par un acte Unique de VO

lonté, elle est évidemment d’autant plus mite qu’elle se disperse sur moins de personnes ; « die acquiert

son degré suprême de netteté si elle est tOUt entière

dirigée ers le même objet ; et c’esl alors aussi qu’étant plus nette, « die est plus efficace. Billot, <>/>. ai. th. i.vi. p. 596,

II. I.i.in application. — f".S’a légitimité et son eff’itoiitc. I ne partie notable des fruits de la messe

demeure entre les mains du prêtre ; il lui est loisible

de l’attribuer a qui il Veut. Cette partie, nous l’avons désignée aee Noldin sous le nom de fruit ministériel.

d’autres l’appellent /""/ moyen nu ipécial. L’Intention pai laquelle le célébrant attribue ce fruit.< une on