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FRONTON DU DUC — FRUITS DE LA MESSE


bibliotheca Cms. Vindob., 1. I, addit. 4 ; Ant. de Lantenay, Mélanges de biographie et d’histoire, Bordeaux, 1885 ; Revue catholique de Bordeaux, 1884, p. 361-7 ; Hurter, —’omenclalor, t. iii, col. 222.

P. Bernard.

1. FRUITS DE LA MESSE.

I. En eux-mêmes. II. Leur application.

I. En eux-mêmes.

1° Quels sont-ils ? — Les effets du sacrifice de la messe et les preuves de leur existence seront étudiés à l’art. Messe. Il ne s’agit ici que de ses fruits. Or une nuance seule sépare la notion des effets et celle des fruits de la messe. Tandis que, sous le nom d’effets, on comprend tous les biens que produit le saint sacrifice, soit à l’égard de Dieu, soit à L’égard des hommes, à savoir, selon l’énumération ordinaire, l’adoration et l’action de grâces, la propitiation et l’impétration, on restreint le nom de fruits aux avantages qu’en retirent les hommes. Fructus sunl bona quee inluitu sacrifteii Deus confert. S. Liguori, Theologia moralis, 1. VI, tr. III, c. iii, dut), i, n. 312, Home, 1909, t. iii, p. 291. Nous n’avons donc pas à prouver leur existence, mais seulement à exposer la doctrine de l’Église en ce qui les concerne.

Cette doctrine est admirablement résumée par le concile de Trente, sess. xxii, c. ii, Denzinger-Bannwart, n. 940 : « Et parce que, dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, le même Christ ontenu et immolé d’une manière non sanglante qui s’est offert lui-même une fois d’une manière simulante sur l’autel de la croix, le saint concile enseigne que ce sacrifice est vraiment propitiatoire et que, par lui, si nous allons à Dieu avec sincérité de cœur et rectitude de foi, avec crainte et respect, avec contrition et pénitence, nous obtenons miséricorde et nous trouvons grâce pour être secourus en temps opportun. Dieu, apaisé par l’offrande de ce sacrifice, nous pardonne nos crimes et nos péchés même énormes, en nous accordant la grâce et le don du repentir… Les nuits du sacrifice sanglant de la croix, le sacrifice non sanglant de la messe nous les fait recueillir avec la plus grande abondance… (/est pourquoi, comme l’enseigne la tradition dis apôtres, on a raison de l’offrir n. m seulement pour les péchés, les peines, les satisfactions cl les autres besoins des fidèles vivants, mais nissi pour ceux qui sont morts dans le Christ et qui ne sont pas encore pleinement purifiés. > Ci. can. 3, l tenzinger-Bannwart, n. 950.

l’n seul mol résume donc pour le concile les fruits du sacrifice de la messe : il est un sacrifice propitiatoire, < est.i dire, comme l’explique le cardinal Billot, ta sacramentis, th. i.v, Rome, 1896, t. i, p. 582, il a la vertu d’apaiser Dieu offensé et, comme

conséquence, d’obtenir de lui des bienfaits de toute

esl ce qu’expriment en d’autres tenues la

lilup.nl des théologiens lorsqu’ils divisent les fruits

— fiuiis de propitiation et fruits d’impè tration ; ainsi de Lugo, Traclatus de venerabili eucha ramento, disp. XIX, sert. ix. n. l lu. dans

v cursus complelus, t. xxiii, col. 759 sq. ;

Traclatus de SS. eucharisties sacramento ri

! ". th. xii, xiii, Home. 1887, p. 364 sq.

le concile analyse les divers fruits de itlation que produit la messe. On l’offre, dit-il, / « » / talisfactionibus et alitt nécessita

l… messe i fface les pi.

non pas smiis doute ; i la m..

oi. ni de pardon, mais en appelanl

k’le m pentii qui obtiendront le pardon : hufus

obtatione placatus Dominas, gratiam ri

U ns, crimina etiam ingentia

dlmitl ivall foi mule de façon plus

Me cftVarite de ii, messe en disanl : ’. m quantum i-i tacriflcium, … peccata nwr lalia… delet, non sicut causa proxima, sed in quantum gratiam contritionis impetrat. In IV Sent., 1. IV, dist. XII, q. ii, a. 2, sol. 2 a, ad 4um. — Pro pœnis et saiisfactionibus. — La messe offre à Dieu, dans l’immolation de la divine victime, une expiation surabondante de l’offense qui lui a été faite par le péché, une réparation infinie de l’injustice commise envers lui par le pécheur ; l’homme peut donc par elle se libérer de tout ou partie des peines qu’il aurait encore à subir après le pardon, soit en cette vie, soit en l’autre. — Pro aliis necessitalibus. — La messe, comme tout sacrifice, est une prière, la meilleure et la plus efficace des prières, puisque ce n’est pas seulement le prêtre qui y prie, mais l’Église tout entière au nom de qui il célèbre, et le Christ immolé dont les supplications ne sauraient être repoussées ; elle peut donc obtenir de Dieu tous les biens, même temporels, mais surtout les secours surnaturels et les grâces de salut.

2° Comment ta messe produit-elle ces fruits ? — Cette question peut être envisagée sous deux aspects ; on étudiera le mode et l’origine de l’efficacité de la messe, puis la certitude que l’on en peut avoir.

1. Mode et origine de l’efficacité de la messe.

Cette efficacité lui vient surtout de ce qu’elle est l’immolation du Christ. C’est la même victime que sur la croix, et c’est le même prêtre ; c’est le même sacrifice, toujours aussi agréable à Dieu, toujours aussi puissant pour apaiser son courroux, réparer auprès de lui et implorer ses bienfaits. L’oblation valide de la messe produit donc tous les fruits de propitiation dont nous avons parlé, indépendamment des dispositions du prêtre secondaire qui la célèbre ou des fidèles qui y assistent. La messe est, selon l’expression du concile de Trente, munda oblalio, quee railla indignitate aut malitia offerentium inquinari potest. Sess. XX II, ci, Denzinger-Bannwart, n. 939. La plupart des théologiens disent qlie. de ce côté, la inesse produit ses fruits ex opère operato. L’expression n’est que partiellement juste : la messe ne produit pas elle-même dans l’âme des effets de sanctification, comme le ferait un sacrement ; elle n’est pas cause efficiente ou instrument de grâce ; elle n’est qu’une puissante supplication auprès de Dieu, supplication toujours exaucée, il est vrai, mais enfin qui ne l’est qu’à cause du mérite hors pair du suppliant qui est le Christ ; elle n’agit qu’à la manière d’une prière. On peut cependant garder l’expression ex opère operato pour signifier que l’efficacité essentielle de la messe reste la même, quelle « pie soit la valeur personnelle du prêtre (pli la dit et qu’une messe même sacrilège n’en est pas moins l’offrande d’une victime d’agréable d’odeur qui apaise Dieu et l’incline à nous donner ses grâces, ("est de celle efficacité essentielle et d’elle seule qu’il est

question lorsqu’on étudie les fruits de la messe.

U ne faut pas oublier cependant que la piété du célébrant, la dévotion des assistants et de tous les fidèles qui prennent part au saint sacrifice, ajoutent à cette

efficacité essentielle uw efficacité accidentelle ex opère operantis ; les prières faites avec plus de ferveur

oui plus (le force sur Dieu. C’est dans ce sens qu’un texte attribué.m pape gainl Alexandre l’r et inséré au

Corpus juris recommande aux prêtres d’être plus saints pour que leurs prières soient plus puissantes ; … gui. quanta digniores fuerint, lanto facilius in necessitalibus pro qui bus clamant exaudiuntur. Dur. Gratiani, part. II. caus. I. q. I, can.’.M. Ipsi. édit. Friedberg, Leipzig, 187’. » , i. i. col. 391 : cf. /’. <… I. v,

col. I 1

Et enfin l’Église intervient dans la célébration

de I., — est en son nom quc le prêtre Offre le

saint sacrifice ; tout entière elle prie et sacrifie avec lui. Dans cette universelle prière, il y a une nouvelle source d’efficacité accidentelle qui se surajoute a