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FROIDMONT


Stravius. Ainsi, les trois éditeurs avaient apporté à leur commune tâche un zèle assez peu en harmonie avec les intentions et les protestations de Jansénius. Celui-ci, sur le point de mourir, en recommandant d’imprimer son œuvre le plus fidèlement possible et en se disant « persuadé qu’on pourrait difficilement y changer quelque chose, » n’avait-il pas ajouté : « Cependant, si le Saint-Siège veut quelque changement, je suis fils d’obéissance et j’entends me conformer aux volontés de cette Église dans laquelle j’ai toujours vécu : telle est ma suprême volonté. » Il avait encore répété, dans son Épilogue final, 1. X, Epilogus omnium : « Tout ce que j’ai affirmé, … je le soumets au j ugement et à la décision du Siège apostolique et de l’Église romaine, ma mère, pour y adhérer désormais, si elle juge qu’il faut y adhérer, pour le rétracter, si elle le veut, pour le condamner et l’anathématiser, si elle prononce qu’on doit le condamner et l’anathématiser. » Néanmoins, c’est par erreur qu’on a accusé les amis de Jansénius d’avoir supprimé intentionnellement la première de ces déclarations : elle figure bel et bien au verso de la première feuille de l’édition originale. Mais Froidmont ne s’en tint pas au fait de la publication irrégulière et plus ou moins subreptice que nous avons signalée : il s’employa, pendant plusieurs années, il se dépensa, avec une ardeur et une constance dignes d’une meilleure cause, à défendre la doctrine du livre, au mépris des vrais principes traditionnels, au mépris des enseignements et des censures du Saint-Siège, au mépris même des exemples de sage réserve que lui avait laissés l’auteur, peut-être plus illusionné que coupable, de V Auguslinus et du jansénisme. Des volumes ou pamphlets que sa plume féconde et facile enfanta dans ce but, la plupart parurent anonymes ou pseudonymes, trahissant ainsi, de prime abord, des intentions à tout le moins équivoques ou peu sûres d’elles-mêmes.

Nombreux sont les ouvrages ou opuscules qui nous restent de Froidmont. Tous ont été écrits en latin. Voici les principaux, ramenés autant que possible à quelques catégories distinctes, suivant les différents domaines abordés tour à tour par ce laborieux et disert polygraphe. A la période de ses débuts et de son activité surtout scientifique, au sens restreint de ce mot, appartiennent : 1° Ccenæ sulumalitiie, varialæ Somno sive Peregrinafione cœlesti, in-8°, Louvain, 1610 : dissertations variées, du genre qu’on appelait alors Quæslioncs quodlibeticæ et que nous nommons Mélanges ; 2° Dissertatio de cometa anni 1018, in-8°, Anvers, 1619 : compte rendu d’observations personnelles sur ce phénomène ; 3° Meleorologicorum libri VI, in-8°, Anvers, 1627 ; 4° Labyrinthus sive de compositione continui, in-4°, Anvers, 1631 ; 5° Commentarii in libros Quseslionum natwalium Senecse Justo Lipsio intactos et in’Atco-/.oàox’jv-i.><71v sive Ludum Claudii Csesaris codeur Scneca auclore, in-fol., Anvers, 1632. L’adversaire de Copernic entre en scène dans : 6° Ant-Arisiarchus sive Orbis terræ iminobilis, adversus Philippum Lunsbergium, in-4°, Anvers, 1632 ; il réplique dans : 7° Ycsla sive Ant-Aristarchi vindex, adversus Jacobum Lansbergium, in-4°, Anvers, 1634. Au champion de la foi catholique contre les entreprises de la Réforme nous devons : 8° Causas desperatse Gisberti Vætii adversus Spongiam Cornelii Jansenii crisis, in-4°, Louvain, 1636 ; 9° Sycophunla, cpislola adGisb. Voelium, in-4°, Louvain, 1640. Gisbert Voet était le plus remuant de ces quatre prédicants hollandais qui travaillaient, avec l’appui du gouvernement, à calviniser la cité de Bois-le-Duc. Jansénius avait publié contre lui, en 1630, son Alcxij >harmacum civibus Sylvseducensibus propinatum, puis, l’année suivante, comme réplique aux critiques de Voet, un autre tract, intitulé : Spongia nolarum quibus Alcxi pharmacum aspcrgil G. Voclius. C’est cette Spongia qui est rappelée dans un des titres de Froidmont. Nous pouvons rapporter spécialement au littérateur ou latiniste, outre les Commentaires sur Sénèque, les trois oraisons funèbres que voici : 10" Alberti PU, Belgarum principis, laudalio funebris, in-8°, Louvain, 1621 ; 11° Laudalio funebris Joannis Drusii, monasterii Parcensis, ordinis præmonstraiensis, abbatis, in-8°, Louvain, 1635 ; 12° Laudalio funebris Joannis Francisci a Balneo, S. R. E. cardinalis, Academiee Lovanicnsis prolectoris, in-4°, Louvain, 1641. Mais les études scripturaires de l’auteur, imprimées pour la plupart seulement après sa mort, méritent une mention spéciale. Elles comprennent : 13° In Acla apostolorum eommentarius, in-4°, Louvain, 1634 : excellent, au jugement de Calmet, et souvent réédité ; 1 1° Commentarius in omnes epistolas Pauli apostuli et seplem catholicas, in-fol., Louvain, 1663 : Froidmont s’y montre plus théologien qu’exégète, et son œuvre est surtout un abrégé des longs et savants commentaires d’Estius ; 15° Commentarius in Canticum canticorum, in-4°, Louvain, 1652 ; on y sent l’influence des idées jansénistes ; il en faut dire autant du : 16° Commentarius in Apocalypsim, in-4°, Louvain, 1657. Tous ces commentaires ont été réimprimés ensemble et en format in-fol., Louvain, 1663 ; Paris, 1670 ; Rouen, 1709. Signalons encore ici un traité psychologique, apprécié à l’époque où il parut : 17° Philosophise christianæ de anima libri IV, in-4°, Louvain, 1649, et 18°unCalechismus in usum philosophorum facullalis artium scriplus, in-16°, Louvain, 1633, qui fut, au commencement du xviiie siècle, retouché et amélioré par un autre professeur de Louvain, Pierre Danes.

Après l’apparition de V Auguslinus et en présence des réclamations qu’elle suscita, l’attention de Froidmont et son activité de polémiste se portèrent principalement de ce côté. Parmi les études qu’il consacra à la doctrine de l’évêque d’Hippone, considérée dans son ensemble ou dans l’une ou l’autre de ses parties, voici d’abord : 19° Brevis analomia hominis, in-4°, Louvain, 1641. C’est une analyse de la nature humaine d’après l’idée que s’en serait faite saint Augustin, eu égard spécialement à notre déchéance originelle et à ses répercussions sur notre libre arbitre. Elle fut proscrite par un décret d’Innocent X en date du 25 avril 1654. Le même sort était réservé à tous les écrits similaires qui vont désormais se succéder dru, longue, trop longue série, dont presque toutes les unités, par le fait d’une prudence à tout le moins fort humaine et suspecte, se présenteront sous la sauvegarde de l’anonymat ou de la pseudonymie. Pour en mieux saisir le caractère, il convient de noter que, le 1 er août 1641, 1e Saint-Office avait condamné Y Auguslinus et en avait interdit la lecture, et que’bientôt Urbain VIII renouvela interdiction et condamnation par sa bulle In eminenti (1642). En juin 1641, on combattait encore à visage découvert. Nous en avons la preuve dans : 20° Epistola Liberli Fromondi et Henrici Caleni ad Paires Societalis Jesu Lovanii, qui est datée du 16 de ce mois. C’est tout ensemble une plainte amère contre les détracteurs et « calomniateurs de Jansénius » et un défi de justifier, dans une discussion orale devant des arbitres à choisir de commun accord, la réalité des erreurs qu’on lui a imputées. Nous y voyons déjà poindre la fameuse distinction de la question de droit et de la question de fait. Après cela, nous rencontrons successivement : 21° Augustini Hipponensis et Augustini Iprensis de Deo omnes salvarc volente homologia, in-4°, Louvain, 1641 : on y défend la thèse restrictive a la fois de la liberté humaine, simple affranchissement de la contrainte extérieure, et de la volonté efficace en Dieu de sauver les hommes ; 22° Conventus A /ricanas, sive Disce-