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FRÈRES PRÊCHEURS (LA THEOLOGIE DANS L’ORDRE DES


vement déjà disparu de l’humanisme du xvie siècle. Dominique Soto(j 1560), dont la formation première était parisienne, se tient à égale distance du goût humaniste et de la forme médiévale. Les deux disciples de Cano, Barthélémy de Médina († 1581) et Dominique Bafiez († 1604), écrivent en une belle langue théologique, mais tiennent plus de l’humanisme, surtout le premier, par l’ampleur et le développement de la matière qu’ils traitent et les préoccupations d’érudition, que par la recherche littéraire. Chez Bafiez d’ailleurs le retour à la grande tradition thomiste, préoccupée avant tout du fond et des hauts problèmes, est déjà pleinement effectué. Getino, Historia de un convento, Vergara, 1904 ; El mæstro Fray Francisco de Viloria, dans La ciencia Ihomisla, t. i (1910)-m I) ; Q. Albertini, L’œuvre de Francisco de Victoria et la doctrine canonique du droit de guerre, Paris, 1903 ; F. Caballero, Vida de Melchor Cano, Madrid, 1871 ; A. Viel, Dominique Soto, dans la Revue thomiste, t. xii (1904)-xiv (1906) ; P. Duhem, Dominique Solo et la scolasliquc parisienne, dans le Bulletin hispanique, t. xii (1910)-xiv (1913) ; P. Alvarez, Santa Teresa y et P. Bâtiez, Madrid, 1882.

En Italie, les théologiens dominicains subirent moins fortement qu’en Espagne l’action de l’humanisme. Deux théologiens cependant sont à signaler, Chrysostome Javelli († 1538) et Ambroise Catharin (y 1553), moins pour leurs tendances littéraires que pour leurs tendances doctrinales. C’est à l’humanisme qu’ils doivent, le premier, son goût pour les sciences morales et politiques, Opéra omnia, Venise, 1577, et, le second, ses qualités de polémique, et l’un et l’autre, des innovations doctrinales sur la prédestination et la qui procèdent des humanistes ecclésiastiques du temps et dont nous parlerons plus avant. J. Schweizer, Ambrosius Catharinus Polilus {1484-1553), Munster, L’humanisme parut rendre quelques services à la théologie en lui donnant une langue plus élégante et abordable, en enrichissant ses exposés de développements d’érudition et d’histoire. En réalité, il lui a incomparablement plus nui qu’il ne lui a été utile. Il a détruit l’esprit scientifique et philosophique du e, en supprimant ou en remplaçant arbitrairement la synthèse métaphysique qu’avait réalisée le de jaint Thomas. Il a dissimulé sa pauvreté et sa nudité de fond sous des accumulations de matériaux étrangers ; i l.i science elle-même et sous des amplification

  • d’exposition qui lassent et égarent le lecteur

I convaincre son esprit. L’humanisme a pu. en apparence, vivifier la théologie ; il a, en réalité, été l’obstacle qui a arrêté jusqu’à nos jours la restauration de la philosophie et de la théologie chrétiennes. Nous sommes encore, trop souvent, SOUS le l.i démonstration par les lieux communs de l.i rhétorique, au lieu de céder à l’empire de la raison périence. Revue thomiste, 1902, p. 604. Encore que i lens de l’ordre des frères prê h hé plus ou moins au goût du temps pendant i ils je sont néanmoins tenus,

d’ordinaire, dans de justes Umlti il reproche

i quelques uns d’entre eux, même au i omme tant d’autri

us une diffusion qui les rejetait, comme méthode, aux antipodes des habitudes pédagogiques tu moins ri tarent ils Qdi

leui totalité, aux idées et aux doctrines du l<— leur école.

ores, cependant, donnèrent

Durants doctrinaux dont l’action enth fortement, pendant

li la théologie. Nou

Catharin

lation’i et 1 thélemj di Médina

avec l’invention du probabilisme. Ces deux doctrines, entièrement hétérogènes à la doctrine thomiste sont issues d’un état d’esprit humaniste : le manque de compréhension philosophique et la tendance à une simplification excessive des problèmes ardus du dogme et de la morale thomiste. On admirera en tout cas la richesse doctrinale de l’arbre thomiste, en voyant s’en détacher du pied ces deux pousses sauvages, que des mains étrangères à l’ordre des prêcheurs ont adoptées et cultivées avec des soins pour le moins excessifs. Après avoir donné à l’Église, au moyen âge, sa plus grande école de théologie, l’ordre des prêcheurs donna aux temps modernes les deux grands chefs de file de la théologie humaniste. Nous les retrouverons plus loin.

/II. LES FRÈRES PRÊCHEURS ET LE PROTESTANTISME.

— Lorsque la révolution religieuse du commencement du xvi c siècle éclata en Allemagne et jeta dans l’Église entière un profond désarroi, les prêcheurs, à raison de leur vocation doctrinale, comme de la place qu’ils occupaient dans le haut enseignement et l’administration ecclésiastique, se trouvèrent aux premiers rangs pour essuyer l’assaut des assaillants et défendre la citadelle de l’Église.

Le célèbre prédicateur d’indulgences Jean Tetzel eut à subir les premières attaques de Luther dès 1517. Il défendit correctement la doctrine traditionnelle catholique, et la critique historique l’a lavé des calomnies dont Luther chercha à souiller sa mémoire. X. Paulus, Johann Tetzel der Ablasspredigcr, Mayence, 1899 ; Zur Biographie Telzel’s, dans Der Katholik, 1901, t. i ; Mandonnet, Jean Tetzel et sa prédication des indulgences, dans la Revue thomiste, 1899, p. 481. Ce fut le cardinal Cajétan, ancien général de l’ordre, qui eut à traiter, comme légat pontifical, avec Luther lors de la diète d’Augsbourg (octobre 1518). Le cardinal, habitué à manier les hommes, procéda avec Luther avec beaucoup de mansuétude, mais ne put rien obtenir d’un homme déjà obstiné dans sa révolte. L’affaire de Luther suivit son cours à la curie romaine et Cajétan et divers théologiens dominicains durent y prendre une part importance. Voir t. ii, col. 1317 ; P. KalkolT, l’orchungen zu Lulhcrs rômischem Prozess, Rome, 1905 ; Zu Lulhcrs rômischem Prozess, Gotha, 1912.

Mais ce fut surtout par leur activité littéraire que les prêcheurs firent face à Luther el à ses adhérents qui inondaient l’Allemagne et le monde de leurs écrits. Un des savants les plus versés dans l’histoire des troubles religieux du xvr siècle, X. l’aulus, a résumé en ces mots le rôle des frères prêcheurs en Allemagne dans leur résistance au protestantisme : i On est en droit de dire que, dans la lutte difficile que l’Église catholique eut a soutenir en Allemagne, au w r siècle, aucune autre société religieuse n’a fourni de si nombreux et si bons écrivains que l’ordre de saint Dominique, p. VI. Les frères prêcheurs, d’ailleurs, ne limitèrent pas leur activité littéraire contre la réformation dans les seuls pays germaniques. L’effort fut général et prolongé, et l’autorité supérieure de l’ordre, dans les premiers chapitres, tenus aptes la révoltede Luther, presse avec véhémence les religieux de lutter par tous les moyens contre l’hérésie, et même, s’il le

faut, de subir la moi I. Adn n// ;. qui., I. iv, p. 186,

200. i.es maîtres généraux ajoutaient par leurs letl n s le poids de leur autorité à celle des chapitres. I ainsi qm— Garcia de Loaysa, dans sa lettre circulaire

de 1523, exhorte spéci, dément les frères à l’étude des sciences s.nrées..i i : nsoii îles besoins speci.iux de

i m (ace de l’hérésie : Quod ti altquo unquam christiano populo /uii commodum il talulare, nunc ut maxime neceêtarium, cum vineam Domtnt truculentus apei extermine !, et singularit fertu (lagiliosh et pu