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FRÈRES PRÊCHEURS (LA THÉOLOGIE DANS L’ORDRE DES)


une fausse attribution dans Duellius, Miscellanea, 1. 1, Augsbourg, 1723, p. 59. La Summa de psenitenlia de saint Raymond de Penafort, composée en 1235, est restée classique au moyen âge, et est un des ouvrages dont les manuscrits ont été le plus multipliés. La Summa confessorum de Jean de Fribourg (y 1314) est, au dire de F. von Schulte, le produit le plus parfait de ce genre de littérature. Le Pisan Barthélémy de San Concordio (y 1343) nous a laissé une Summa casuum, composée en 1338, dans laquelle la matière est disposée par ordre alphabétique, et elle jouit d’un grand succès aux xive et xve siècles. Les manuels pour les confesseurs de Jean Nieder († 1459), de saint Antonin († 1459), de Jérôme Savonarole († 1498), ont eu de leur temps un notable crédit. Scriptores ord. prœd., t. i, passim ; H. Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1906, passim ; F. von Schulte, Die Geschichte der Quellen und Literatur des Canonischen Rechis, Stuttgart, t. n (1877), p. 410 sq. ; J. Dietterle, Die Summæ confessorum von ihren Anfàngen an bis zu Silvester Prierias, dans Zeitschrift fur Kirchengeschichle, t. xxiv (1903)-xxviii(1907) ; J. Gôttler, Der hl. Thomas von Aquin und die vortridentinischen Thomisien tiber die Wirkungen des Bussakramentes, Fribourg-en-Brisgau, 1904.

Travaux apologétiques.

Les prêcheurs, nés

au milieu de l’hérésie albigeoise et spécialement établis pour la défense de la foi, consacrèrent leurs efforts littéraires à atteindre toutes les catégories de dissidents à l’égard de l’Église catholique. Ils produisirent, et de beaucoup, les œuvres les plus puissantes dans le domaine de l’apologétique. La Summa adversus calharos et valdenses, Rome, 1743, de Moneta de Crémone, en cours de composition en 1244, est l’ouvrage le plus complet et le plus solide qu’ait élaboré le moyen âge contre les cathares et les vaudois. La Somme contre les gentils de saint Thomas d’Aquin est une des plus fortes créations du maître. C’est la défense de la foi en face de la philosophie non chrétienne, surtout de la philosophie arabe. Raymond Martin, dans son Pugio ftdei, en cours de composition en 1278, Paris, 1642, 1651 ; Leipzig, 1687, s’est spécialement mesuré avec le judaïsme. Cet ouvrage, basé en grande partie sur la littérature rabbinique originale, est le monument d’orientalisme le plus considérable du moyen âge. A. Neubauer, Jewish conlroversy and the Pugio ftdei, dans The expositor, 1888, p. 81 ; J. Loeb, La controverse religieuse entre les chrétiens et les juifs au moyen âge en France et en Espagne, dans la Revue de l’histoire des religions, t. xviii, p. 136. Le Florentin Ricoldo de Monte-Croce, missionnaire en Orient († 1320), a composé son Propugnaculum ftdei, spécialement contre le Coran. C’est un des rares^ouvrages médiévaux latins composés directement sur la littérature arabe. Demetrius Cydonius traduisit le Propugnaculum en grec au xive siècle, et Luther en allemand au xvi e. Mandonnet, Fra Ricoldo defMonle-Croce, pèlerin en Terre Sainte et missionnaire en Orient, dans la Revue biblique, t. i (1893), p. 44 ; Grabmann, Die Missionsidee bei den Dominikancrlheologen des 13 Jahrhunderls, dans Zeitschrift fur Missionswissenschaft, t. i (1911), p. 137. Giovanni Dominici a composé (1405), sous le titre de Lucula noclis, un ouvrage en forme contre les dangers de l’humanisme dans l’éducation de la jeunesse chrétienne. C’est le seul grand ouvrage écrit contre les déviations religieuse et morale de la Renaissance. B. Johannis Dominici cardinalis S. Sixti Lucula noclis, édit. R. Coulon, Paris, 1908. Le Triumphum crucis de Jérôme Savonarole († 1398) est une apologétique des plus remarquables par son fond comme par son allure toute moderne. A. Décisier, L’apologétique de Savonarole, dans les Études, t. cxxiv (1910), p. 483.

Travaux pragmatiques.

— En dehors des ou

vrages scripturaires, philosophiques et théologiques, les prêcheurs ont fourni une production littéraire considérable, en vue de faire face aux besoins de toutes les classes sociales, et que nous appellerons littérature pragmatique, ou pratique, pour pouvoir simplifier notre exposé.

Les prêcheurs ont composé, pour l’utilité des clercs, des traités théoriques de prédication, des modèles ou matières de sermons et des collections de discours. On rencontre, parmi les plus anciennes de ces productions, les Distinctiones et le Diclionarius paupcrum de Nicolas de Biard († 1261), le Traclalus de diversis maleriis prædicabilibus d’Etienne de Bourbon (y 1261), le De eruditione prsedicatorum de Humbert de Romans (y 1277), les Distinctiones de Nicolas de Goran (y 1295) et de Maurice d’Angleterre (f vers 1300), etc. Script, ord. præd., t. ii, p. 968, 970 ; Lecoy de la Marche, La chaire française au moyen âge, Paris, 1886 ; T. E. Crâne, The « exempta » or illustralive stories from the « Sermones vulgares » of Jacques de Vilry, Londres, 1890.

Les prêcheurs ont frayé la voie dans la composition des grandes collections de vies de saints ou égendiers visant à la fois l’utilité des clercs et l’édification des fidèles. Barthélémy de Trente a rédigé son Liber epilogorum in gesta sanctorum en 1240. Roderic de Cerrate a composé, après le milieu du xiiie siècle, une collection de Vitse sanctorum, Madrid, Université, cod. 146. h’Abbrevialio in gestis et miraculis sanctorum, composée en 1243, d’après le Spéculum historiale de Vincent de Beauvais, est l’œuvre de Jean Mailly. La Legenda sanctorum de Jacques de Voragine, universellement connue sous le nom de Légende dorée, a été rédigée vers 1260. « Le succès du livre, écrit le P. Poncelet, bollandiste, fut prodigieux ; il dépasse de loin celui de toutes les autres compilations analogues. » Il fut d’ailleurs traduit de bonne heure dans toutes les langues vulgaires de l’Europe. Le Spéculum sanctorale de Bernard Guidonis est un travail de caractère beaucoup plus scientifique, dont les trois premières parties furent achevées en 1324, et la quatrième en 1329. Pierre Calo (y 1348) entreprit, vers le même temps, sous le titre de Legendæ sanctorum, une « immense compilalation » , cherchant à être plus complet que ses devanciers. A. Poncelet, Le légendier de Pierre Calo, dans Analecta bollandiana, t. xxix (1910), p. 5-116.

La littérature catéchétique est aussi abordée de bonne heure par les prêcheurs. Raymond Martin rédige, en 1256-1257, son Explanatio symboli ad institulioncm ftdclium. Revue des bibliothèques, t. vi (1896), p. 32 ; J. M. Mardi, La « Explanatio symboli » obra inédita de Ramon Marié, aulor del Pugio ftdei. dans Aman’des Institut d’Eludis Catalans, 1908, et Barcelone, 1910. Saint Thomas a écrit quatre petits traités qui représentent la matière d’un catéchisme, tel qu’on le comprenait au moyen âge : De articulis ftdei et Ecclesiæ sacramentis ; Exposilio symboli apostolorum : De decem præceplis et lege amoris ; Expositio orationis dominicæ. A. Portmann etX. Kunz, Katechismus des hl. Thomas von Aquin, Lucerne, 1900. Laurent d’Orléans a composé, en 1277, à la demande de Philippe le Hardi, dont il était le confesseur, un véritable catéchisme en langue vulgaire, connu sous le nom de Somme le Roi. Mandonnet, Laurent d’Orléans /’« "leur de la Somme le Roi, dans la Revue des langues romanes, 1913, p. 20. Voir t. n.col. 1900. Au commencement du xiv c siècle, Bernard Guidonis composa un abrégé de la doctrine chrétienne, qu’il remania pins lard, " devenu évêque de Lodève (1324 y 1331), en une sorte de catéchisme à l’usage de ses curés pour l’instruction des fidèles. Notices et extraits de la Biblio-