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FRÈRES PRÊCHEURS (LA THÉOLOGIE DANS L’ORDRE DES

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plus intelligents, accompagnée des déclarations de Guillaume de la Mare. Ces déclarations, toutefois, devaient être écrites, non en marge de l’ouvrage, mais sur un cahier spécial dont la copie ne devait pas être confiée à des scribes étrangers à l’ordre. Cette décision du chapitre général donnait, en quelque manière, un caractère officiel au correctoire du franciscain anglais, et on peut regarder la position doctrinale prise par lui, comme celle que l’ordre acceptait universellement à cette époque.

Les dominicains anglais d’Oxford ne restèrent pas en arrière en face de l’agression. Ils y répondirent pied à pied, si l’on peut ainsi dire, en relevant chacune des critiques de l’adversaire dont le factum fut désormais qualifié de Corruplnrium. C’est ainsi que vit le jour, vers 1282, le Correclorium corruplorii qui débute par ces mots empruntés au livre de Job : Quarc delraxi.slis sermonibus veritatis, quum ex vobis nullus est qui possit me arguere. L’auteur reproduit sur chaque point controversé l’attaque intégrale de Guillaume de la Mare avant d’y répondre ; et c’est grâce à ce précédé que la critique du franciscain anglais a obtenu une notable diffusion.

Le correctoire dominicain a été édité un certain nombre de fois déjà, avec la fausse attribution à Gilles de Rome, des ermites de Saint— Augustin ; mais Gilles n’y a aucun droit. On en possède d’ailleurs un assez grand nombre de manuscrits.

Le correctoire des dominicains anglais n’a jamais porté, selon toute apparence, aucun nom d’auteur à son origine ; mais il n’est pas douteux que les droits d’auteurs se répartissent entre Guillaume de Makelfield et Richard Kapwcll, deux professeurs dominicains de l’université d’Oxford. Leur contribution respective doit correspondre aux deux états dans lesquels on trouve cet ouvrage.

En présence de l’attaque de Guillaume de la Mare, les dominicains parisiens, dont le couvent de Saint-Jacques était le centre principal de la vie doctrinale de l’ordre, De restèrent pas en retard sur les dominicains d’Oxford. L’un d’entre eux, Hugues de Billoin, martre de l’université de Paris et futur cardinal 18), écrivit un second correctoire contre le franciscain anglais.

elques années plus tard, mais avant la (in du Mn sicilc. un autre dominicain, Jean de Paris i, 1306), de son nom patronymique Jean Quidort, maître es arts, puis en théologie à l’université, écrivit i tour un nouveau correctorium contre Guillaume de I i lis cette œuvre est restée inachevée.

— problèmes débattus dans les correctoires sont d’ordre philosophique et théologique. Mais les premiers sont plus nombreux et plus Importants. Beaucoup de questions toutefois sont très secondaires. Lis irquants sont relatifs à la vision béati lique in tant qu’elle est immédiate et essentiellement d’intelligence, a la possibilité de la création ub de matière dans les anges et dans imaine, l’identification de l’individu et de ngi. la matière comme principe

idlviduation, l’absence de qualités actives ou dans la matière première, l’unité ibstantielli dans lis composés et dans l*ho dite primordiale des âmes et des intelli la prééminence de l’intelligence sur (. iions parmi 1rs questions théologiques celle de la nature de la vertu de pauvret., : pral li i.hrisi et les apôtres. La lupérlorit

i. [. nsis sur l’attaque, dans m llr polé

n’i.j que la valeui n tpecUve du tho tinisme, telle que pous l’avons Indiquée pin i

du thomisme fut éla borée par un frère prêcheur italien. Robert de Bologne, dont l’activité littéraire tombe à la fin du xiiie siècle et pendant les premiers décades du siècle suivant. Son œuvre, demeurée inédite, porte en titre : Apologeticum pro S. Thoma. Au dire de Grabmann, « de tous les correeloria corruplorii fralris Thomas, c’est celui qui présente la physionomie la plus caractéristique et qui traite avec le plus de développements les questions controversées. »

Enfin, un des plus célèbres thomistes, Hervé Xoél de Nédellec, dit Hervé le Breton, maître à l’université de Paris et maître général de l’ordre des frères prêcheurs (1318-1323), avait commencé, sur le désir du général de l’ordre, Aimeric de Plaisance (13041311), une défense générale de la doctrine de saint Thomas sur le terrain théologique, en se conformant, semble-t-il, au plan de la Somme. L’œuvre, si elle eût été achevée, aurait été très vaste. Mais on ne connaît que la première partie et le commencement de la seconde, relatives à la nature de la théologie et à son objet. L’œuvre porte en titre : Defensa doclrimv D. Thomse. E. Krebs, Théologie und Wissenschaft nach der Lehre der Hochscholastik. An der Hand der Defensa doclrinee D. Thomæ des Hervæus Ncdalis, Munster, 1912.

4. Une autre série de polémiques a été ouverte par divers frères prêcheurs contre plusieurs maîtres célèbres de la fin du xiiie siècle et du commencement du siècle suivant qui avaient combattu soit directement, soit indirectement, les doctrines thomistes. Bernard de Gannat, dit aussi de Clermont et d’Auvergne, écrivit contre Henri de Gand, Godefroid de Fontaines et Gilles de Rome dans les questions où ces auteurs combattent la doctrine de saint Thomas, ou s’en écartent. Ces œuvres polémiques datent, semble-t-il. des premières années du xiv c siècle. Un prêcheur anglais, Robert de Hereford, composa vers le même temps, sinon plus tôt, des ouvrages polémiques contre Henri de Gand et Gilles de Rome. Hervé de Nédellec, dont nous avons déjà parlé, écrivit une suite de questions contre I lenri de Gand. Thomas de Jorz, professeur à Oxford, prieur provincial d’Angleterre (1297-1303), confesseur d’Edouard I er et cardinal de Sainte-Sabine († 1310), a composé un commentaire sur le 1. I or des Sentences où il combat la doctrine de Scot opposée à celle de saint Thomas, Venise, 1523. C’est, selon toute vraisemblance, la polémique thomiste la plus ancienne contre Jean Scot. La date doit s’en rapporter, semble-t-il, aux années 1290-1294. Durand de Saint-Pourçain, que nous avons rencontré parmi les plus farouches adversaires dominicains de saint Thomas, trouva, à son tour, un contradicteur énergique dans son compatriote, Durand d’Aurillac. L’œuvre que ce dernier lui opposa, quoique demeurée inédite, est d’une grande portée. La composition en tombe vers 1rs années 1332-1331. Les progrès des doctrines thomistes et les faveurs manifestes que leur accordait l’Église romaine ralentirent le mouvement des polémiques pendant la fin du moyen âge. L’école thomiste, ne ut cependant d’avoir des adversaires, prit de temps à autre ta défense de son enseignement et produisit des travaux de mande envergure. De ce nombre sont 1rs célèbres Defenstones de Jean Capréolus i ; 1444), que l’on a appelé princeps Ihomistarum, Tours, 1900-1908. Pierre Niger († 1481) qui fut le

bras droil de Matthias Corvinus, roi de Hongrie, dans la fondation de l’université de Budapest, a composé deux écrits de défense : Clypeus thomistarum contra modernes et scotistas, Venise, l 181 : Clypeus thomistarum advenus omnes doclrinee durions Angelicl oblre clalores, Venise, 1504. Enfin Diego de Deza i, 1523), h. célèbre protecteur de Christophe Colomb et un des plus hauts dignitaires de l’Église et de l’État au temps