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ST.’, FRÈRES PRÊCHEURS (LA THÉOLOGIE DANS L’ORDRE DES) 874

d’Albert. Nous possédons de la main du diseiple une copie des commentaires du maître sur les œuvres de Denis l’Aréopagite (Naples, Bibl. nation.), et nous avons aussi des Questiones fratris Alberti ordinis predicalorum quas collegil magisler frater Thomas de Aquino (Vatican, M. 722).

Il existe entre Albert le Grand et Thomas d’Aquin de nombreux points de contact, mais aussi de grandes différences. Tout d’abord le génie personnel de l’un i est des plus dissemblables du génie de l’autre. Albert possède une rare puissance de travail et d’assimilation. Il absorbe pour ainsi dire tout ce qui s’est dit et pensé avant lui, dans le monde antique et le monde arabe. Thomas a une information très vaste, mais’elle est discrète, elle écarte tout ce qui ne va pas à son I but. Elle est plus avertie et plus critique que celle d’Albert, et la dépasse même en beaucoup d’endroits dans la connaissance des sources. Albert est un peu i perdu et noyé-au milieu du matériel littéraire qu’il’exploite. Il ne domine qu’imparfaitement sa matière. Il manque de précision et de décision dans le détail, de même que d’esprit de synthèse pour unifier son savoir. Par contre, en véritable augustinien, il a par moments des intuitions admirables, et il écrit alors des pages très personnelles et de la plus haute valeur. Thomas domine tout son savoir. Il en élague ce qui est superflu. Il classific ce qui est utile et en définit les parties avec une précision qui défie tout parallèle. Thomas est une puissance d’ordre. Son génie possède également la précision et la finesse dans l’analyse, et la vision dominatrice dans la coordination et la synthèse. Thomas est éminemment constructif, architectonique, pour employer un mot qui lui est familier. En somme, Albert a révélé à son siècle un monde intellectuel qui lui était inconnu ; Thomas, les débris du monde ancien, en a créé un nouveau.

Albert et Thomas ont eu une même idée directrice très consciente : utiliser, au profit de la pensée et de la science chrétienne, le savoir élaboré avant eux l> : ir plusieurs civilisations. Albert a porté ce savoir a Me de ses contemporains sous une forme assimilable et pratique. Thomas y a puisé les matériaux d’une création nouvelle. L’un et l’autre ont travaillé à résoudre le problème de l’assimilation Istote dans la philosophie et la théologie chrétiennes. Le travail d’Albert a eu le mérite de l’initiative, resté provisoire. Celui de Thomas a été lé finit if.

Les écrits des deux maîtres sont très nombreux instituent deux séries considérables. L’effort d’Albert a porté spécialement sur les sciences rationnelles, naturelles et morales. Thomas s’est particulièrement co i sciences philosophiques proprement dites et ; m sciences sacrées. Leurs éeiits. comme méthode et valeur intrinsèque, portent tives que nous avons signalées eu . puisque c’est par

que nous pouvons surtout les connaître

Au point d( —mi doctrinal, un terrain leur est commun, surtout en philosophie. Albert a déjà adopté ndes thèses que reprendra

Le maitn est cependant plus plato tlls< i| le En théologie, Albert est d’un istique. Pour lui on ne

i Augustin en ce qui touchi

. Uberi apport

ugustinlsme, ain —i <

liques empruntées.1 c< tte direction. Thomas 11 voit dans Augustin

iditionnelles qu’il n

Mais il n’hésite 1

substituer ses vues philosophiques personnelles à celles qu’Augustin a jointes à l’interprétation des dogmes, quand elles lui paraissent insuffisamment solides.

Enfin Albert et Thomas ont porté dans leur œuvre doctrinale un sens religieux et ecclésiastique profond, confirmé qu’il était par leur désintéressement personnel et la sainteté de leur vie.

Mandoruut, Sigcr de Brabant et l’averroïsme lalin au xiii* siè : le, t.i.c.n ; Dictionnaire de théologie catholique, t.i. col. 666 sq. ; Dictionnaire d’hisi.eccles., 1. 1, col. 515. A ajouter à la bibliographie citée aux endroits précédents : E. Michæl, Wann isl Albert der Grosse geboren ? dans Zcitschri/t fiir katholische Théologie, t. xxxv (1911), p. 561-576 ; J. A. Endres, Alberlus Magnus und ilie bischôfliche Burg Donaustauf, dans Historisch-polilische Blàller, t. cxlix (1912), p. 829-836 ; P. Mandonnet, Roger Bacon et le Spéculum astronomie, dans la Revue néo-scolaslique, 1910, p. 313-335 ; H. Stadler, Alberti Magni liber de principiis motus processio ad fidem Coloniensis archelypi, Munich, 1909 : (’, . Brentano, Alberlus Magnus, (Jrdensmami, Bischof und Gclehrtcr, Munich, 1881 ; F. Pangerl, Sludicn iiber Albert den Grossen (1193-1280). Beilràge zur Wiïrdigung seiner Wissenschaft und wissenscha/lliche Méthode, dans Zeilschri/t (ûr katholische Théologie, t. xxxvi (1912), p : 304-316, 512-549 ; H. Lauer. Die Moraltheologie Alberts des Grossen mil besonscrer Bcrii —ksidiligung Huer Beziehungen zur I chic des hl. Thomas, Fribourg-en-Brisgau, 1911 ; Th. Schmidl. Die Météorologie und Klimalologie des Alberlus Magnus, Dûrkheim, 1909 ; H. Langenberg, Ans der Zoologie des Albertus Magnus, Elberfeld, 1891 ; H. Stadler, Vorbemerkungen zur neuen Ausga.be der Tiergeschichle îles Albertus Magnus, dans Sitzungsberichle d. R. Baier. Akd. <l W— Philo—. philol. u. hisl. Klasse, 1912 ; S. Killermann. Die Vogelkunde des Alberlus Magnus, Ralisbonnc, 1910 ; J. Wimmer, Deulsches P flanzenleben nach Alberlus Magnus, Halle, 1908. Voir aussi une partie de la littérature indiquée a la section suivante.

VI. L’ŒUVRE DOCTRINALE DE SAINT THOMAS D’AQVIN.

— — Un exposé, même sommaire, des doctrines de saint Thomas serait ici hors de sa place. Nous ne pouvons cependant renoncer à définir l’ensemble de son œuvre et à en relever les caractéristiques principales, puisque, en somme, l’histoire de la théologie dans l’ordre des frères prêcheurs est surtout constituée par le développement, l’utilisation, la propagation et la défense de la doctrine de saint Thomas d’Aquin.

Les écrits.

L’œuvre littéraire de saint Thomas

d’Aquin est très étendue. Elle comprend environ soixante-quinze ouvrages de dimensions très différentes. Une littérature apocryphe très abondante se réclame aussi, à des titres divers, de saint Thomas d’Aquin, et elle a pris partiellement place dans les éditions complètes de ses œuvres. Les principales éditions des œuvres complètes sont celles de Rome, 1570, ordonnée par saint Pie V (15 in-fol.) ; tic Venise, 1594, conduite sur la précédente avec divers commentaires et adjonctions (18 in-fol.) ; d’Anvers, 1612, par les soins de Côme Morclles (19 in-fol.) ; de Paris, 1636 (23 in-fol.) ; de Venise, 17-15, par Bernard de Rubels (28 in— 1°) ; reproduite, au même lieu, en 177.’(28 in-4°) ; de Parme, 1852 (25 ln-4°) ; de Paris, 1871 1880, par Fret té et Mare, el dont plusieurs volumes ont été réédités à des dates postérieures (34 bi 1°) ; de Home, 1882, encore en cours de publication et « lin à l’initiative de Léon XIII.

Xuiis n’énumérerons Ici que les œuvres les plus importantes de saint Thomas d’Aquin. Les éeiits philosophiques comprennent tout d’abord les commentaires

sur les principaux livres d’Aï istote : l’Interprétation (Perierménlas), les Seconds analytiques, la Physique, et le Monde, la Génération et la Corruption, le^ Météores, l’Ame, la Métaphysique, la Morale 6 NIco maque et la Politique, Parmi les traités spéciaux de

philosophie : De l’Unité de l’Intellect, des Substances

séparées, <|e II lie et de l’Essence, les commentaires