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FRERES MINEURS

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été l’instrument de l’indépendance des observants d’Italie (1140), avait ajouté un supplément à la Summa Pisaiiella, souvent imprimée ; il écrivit aussi V Inlerrogaiurium con/essorum, Venise, 1489. Comme canoniste, nous mentionnerons Marc de Trévise, provincial de Roumanie, qui, étant auditeur de la Chambre apostolique, composa, vers 1430, un recueil des privilèges, exemptions et immunités accordées aux mineurs. Ce recueil, revu par Matthieu de Novare et publié en 1479, fut souvent réimprimé en divers ouvrages.

Écriture sainte.

L’Écriture sainte fit l’objet des

études plus particulières de Pierre Russell, provincial d’Angleterre, qui commenta les Épîtres de saint Pierre, vers 1420 ; il tut également propagateur des ouvrages de Raymond Lulle. Pierre Calderone de Messine, évêque d’Antioche († 1440), laissa des commentaires sur Osée et l’Espagnol Alphonse de Palenzuola, évêque de d’Oviedo († 1470), en écrivit sur la Bible. Matthias Dôring, général de l’ordre, pour le parti qui adhérait à l’antipape Félix V (14431449), laissa un De/ensorium postillæ Nicolui Lyrani contra Paulum Burgensem, ainsi que des commentaires sur Isaïe. Guillaume Le Menand traduisit la Bible en français, à la demande de Louis XI, et la Vie de Jésus-Christ de Denys le Chartreux, qui parut à Lyon en 1487 et fut plusieurs fois rééditée.

G Ascétisme. — Parmi les écrivains ascétiques, on nomme Pierre Saupin, évêque de Bazas († 1417), dont les opuscules de théologie mystique ont des titres imites de ceux de l’Aréopagite ; Jean Canales de Ferrare, voir t. ii, col. 1506. Le plus illustre est Henri Harphius († 1477), dont les ouvrages mystiques, imprimés après sa mort, ont alimenté les auteurs des siècles suivants.

v. AU XVIe SIÈCLE. — Le xvie siècle vit la division totale entre conventuels et observants, l’éclosion de nouvelles familles parmi ces derniers et l’établissement des capucins. Désirant donner à chaque famille religieuse les écrivains qui lui appartiennent, nous emploierons les abbréviations : aie. alcantarin ; cap. capucin ; conv. conventuel ; déch. déchaussé ; obs. observant ; réc. récollet ; réf. réformé ; quand il n’y a aucune indication, l’auteur appartient presque toujours à l’observance ou à une de ses branches.

Scolastique.

1, Scotisles. — La découverte

de l’imprimerie et sa diffusion avaient déjà favorisé la publication des ouvrages anciens, car on commença par ceux-là ; elle allait aussi servir aux vivants pour faire connaître leur enseignement et le répandre, en lui assurant une durée plus probable que celle d’un manuscrit. En théologie, comme en philosophie, Scot est toujours le docteur préféré de l’école franciscaine : il est enseigné par les conventuels et par les observants. Parmi ceux-ci, Samuel de Cassine, de la province de Gênes, est auteur de livres isagogiques aux subtilités du maître, Cunéo, 1510 ; Jean de Montesdoca publie la Lectura copiosa de Gratien de Brixen et celle de Paulus Scriptor, Carpi, 1506, et il l’enseigne à Bologne, à Rome, où il a été appelé par Léon X, et à Padoue. Dans cette dernière ville, la florissante école des conventuels ne connaît pas d’autre maître, et il est commenté par Maurice O’Fihély, « la fleur du monde, » archevêque de Tuam († 1513), par Philippe Varaggi, Antoine Trombetta, archevêque d’Athènes († 1518), Padouan de Grassis (f vers 1550) et Jacques Malafossa (f vers 1562). Il en est de même de leurs confrères Laurent de Brescia, Jérôme Gadius Capacelli, professeur à Bologne († 1529). Le Portugais Gomez de Lisbonne, leur vicaire général († 1513), l’avait commenté à a Pavie, et Jean Vigier de Varazze, qui fut général en 1529 († 1536), archevêque de Chio, l’avait enseigné à Pavie et à Rome. En France, il avait eu pour dis ciples Antoine Sirrect, conv., lecteur à Paris en 1504, et les observants Mathurin Le Bret à Angers, Melchior de l’iavin à Toulouse, voir col. 20, Jean Douet a Paris, vers la fin du siècle. A Cracovic, il est suivi par Jean de Stobnitz (1507), à Xaples par Jean Vallo de Giovinazzo, en Espagne par Damien Giner, François d’Ovando et Joseph Angles, que Sixte-Quint avait donné comme précepteur à son neveu Alexandre Perelti et qu’il nomma évêque de Bosa en 1586. En demeurant ainsi fidèles aux enseignements du docteur subtil, les observants ne faisaient que suivre l’exemple que leur avait donné leur général François Lychet († 1520), qui avait expliqué Scot à Lyon ; nous avons vu qu’il en était de même pour les conventuels, et ils étaient encore encouragés dans cette voie par leur confrère Constant Torri, cardinal Sarnano († 1595), qui, outre ses propres ouvrages, dont un est écrit in via Scoli, éditait les travaux de ses frères en religion. Sixte-Quint lui avait demandé de donner une édition de saint Bonaventure, mais il ne vit pas la fin de cette entreprise, comme nous allons le dire, car il mourut en 1595.

2. Bonavenliiristes.

Sixte-Quint et saint Bonaventure : ces deux noms sont intimement liés, car non seulement ce fut cet énergique pontife qui plaça le saint parmi les docteurs de l’Église (1588), mais il fut encore un zélé propagateur de l’étude de ses œuvres. Dans ce but il avait fondé à Rome dans le couvent de son ordre, aux Douze-Apôtres, un collège appelé du nom du docteur séraphique (1587) où au moins vingt religieux conventuels devaient se consacrer exclusivement à l’étude des écrits de saint Bonaventure. C’était le résultat d’un retour auquel, pensons-nous, le concile de Trente n’avait pas été étranger. Dans sa lettre dédicatoire de l’édition des commentaires sur les Sentences (8 septembre 1562), Antoine Pozzo de Borgonovo, obs., qui était théologien au dit concile, écrivait au général François Zamora, en se lamentant de la décadence des études de théologie dans l’ordre, et il proposait comme remède l’enseignement du docteur séraphique. Il ne semble pas que sa voix ait eu alors beaucoup d’écho, et les premiers, on peut dire, à proclamer saint Bonaventure le chef de leur école naissante, furent les capucins. Au commencement de leur réforme, ils avaient défendu d’établir des études dans leur congrégation ; l’enseignement se donnait en particulier. A la suite du concile, le chapitre général de 1562 ordonna d’en fonder dans toutes les provinces, comme il en existait déjà dans plusieurs. Pour cela ils s’occupèrent sans retard de faire imprimer une édition des commentaires du docteur séraphique sur les Sentences. Elle parut, Rome, 1569, munificentia et liberalitale S. D. N. PU V, lit-on sur le frontispice, neenon solerlia congregalionis fralrum capucinorum, præsertim jr. Hieronymi a Pistorio. Le texte avait été revu par Antoine Posi, conv. († 1580). Quelques années plus tard, son confrère Jean Ballaini (voir t. ii, ccl. 129) publiait ses Dilucidationcs sur les mêmes commentaires. Le cardinal Sarnano ne put préparer que les trois premiers volumes des sept que compte l’édition vaticane des œuvres de saint Bonaventure, commencée par ordre de Sixte-Quint et achevée sous Clément VIII, 15881599. En 1593, mourait à Naples Pierre Trigoso de Calatayud, cap., qui, après avoir enseigné saint Thomas pendant son séjour chez les jésuites, suivait dans ses leçons à ses frères le docteur séraphique, et il composa une Summa theologica, tirée des commentaires sur les Sentences ; insigne opus, disent les derniers éditeurs des Opéra omnia, dont malheureusement seul le I er vol. a été imprimé, Rome, 1593 ; le reste de l’ouvrage demeuré manuscrit a disparu. En France, Jean de Combis avait donné des Adnotationes et