Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée
817
818
FRÈRES MINEURS


saint Bernardin, on rencontre dans l’Ombrie et la Marche des pauvres ermites d’Ange Clareno, d’abord soumis à la juridiction des évêques, puis réunis à l’ordre du temps de Sixte IV, mais avec l’obligation de reprendre l’habit commun et la permission de se choisir un vicaire général ; toutefois l’esprit schismatique, qui avait toujours animé cette congrégation, empêcha cette réunion de se faire d’une façon stable. Les amédéens, ainsi nommés de leur instituteur le B.Amédée de Sylva, portugais, occupaient un certain nombre de couvents dans le nord de l’Italie, et à Rcme celui de Saint-Pierre in Montorio. En France, il existait deux groupes distincts de réformés : les uns vivaient sous le gouvernement des vicaires, dont nous avons parlé, les autres sous la juridiction des provinciaux ; de là deux sortes d’observants, les premiers sub vicariis, les seconds sub ministris. Au second groupe appartenaient les collétans, probablement ainsi nommés parce qu’ils avaient embrassé la réforme sous l’impulsion de sainte Colette, très attachée à la vieille hiérarchie franciscaine. On les appelait aussi observants de la famille ou de la communauté. En Espagne, il y avait eu plusieurs groupes de réformés qui s’étaient fondus avec l’observance ; cependant une nouvelle branche était née sur la fin du xv° siècle. Elle avait eu pour instituteur Jean de la Puebla, qui i la custodie des Saints-Anges (1489). Un de ses disciples, Jean de Guadalupa, établit au sein de cette réforme une nouvelle congrégation encore plus austère, indépendante de l’observance, dite des déchaussés, ou encore frères du capucc, ou du Saint-Évangile, du nom de leur custodie.

De la divsion de l’ordre aux temps présents.

En

France et en Allemagne, les aspirations des observants de ces différentes familles tendaient à l’union, sinon avec la communauté, du moins des diverses réformes entre elles. En Italie, au contraire, les tendances étaient pour la séparation totale. Sous Jules II, on avait bien fait quelques efforts demeurés inutiles, ce qui détermina Léon X, pressé par ailleurs par les instances des souverains et des princes, à prendre une mesure définitive. Des deux côtés, en effet, on s’invectivait très fort, les libelles succédaient aux libelles, la charité y perdait chaque jour et les fidèles en étaient scandalisés. Il convoqua donc pour la Pentecôte de 1517 on chapitre généralissime, auquel devaient prendre part, avec 1rs conventuels, les observants, trop souvent exclus de ces assemblées, et aussi des ni’tits des autres familles réformées. Réunis couvent de l’Araceli, tous les observants cismontains et ultramontains supplièrent le pape de ne pas Il i obliger à s’unir aux conventuels, à moins que ceux-ci consentissent à embrasser la réforme ; ils demandaient en outre que le général fût choisi parmi les reliî (formés, l.es conventuels refusèrent d’accepter conditions ; ils entendaient continuer à vivre en’des dispenses que les papes leur avaient mement. Informé de cette, délibération et voyant que l’union projetée était irréalisable, olut alors à unir ensemble toutes les ions réformées, en les séparant absolument ntuels. Aux premiers, il octroyait le titre mineurs, ave< l’addition facultative rvance. Le ministre général de tout l’ordre ois ! parmi eux. Les seconds prenaient res mineurs conventuels et leur général léral ; de plus, son élection devait tmfirmée par le ministre de tout l’ordre, il b

I situations. La bulle //< et vos

nal 1°>171. qui sanctionnait ces dispositions, a ét<

li nom de bulle d’union, parce qu’elle

1 milles de l’observance en un

seul corps. Elle fut aussi une bulle de division, puis qu’elle séparait les observants des conventuels. Séparation regrettable, mais que l’état des esprits avait rendue nécessaire. Nous allons donc maintenant suivre rapidement ces deux ordres dans leur évolution séparée.

1. Frères mineurs de l’observance.

Léon X avait, en décrétant l’union de tous les réformés sous le gouvernement du général de l’observance (nous continuerons à employer ce nom pour éviter toute confusion), ordonné que l’on établît des constitutions nouvelles et uniformes pour le gouvernement de cette grande famille religieuse. En les attendant, les déchaussés d’Espagne continuèrent à se gouverner comme par le passé. Il serait trop long de les suivre dans leurs diverses réformes, disons simplement qu’ils ne tardèrent pas à prendre une nouvelle vie sous l’impulsion de saint Pierre d’Alcantara († 1562). En Italie, les amédéens et les pauvres ermites d’Ange Clareno, nommés expressément dans la bulle d’union, demeurèrent cependant dans leur indépendance jusqu’au temps où saint Pie V les contraignit à l’obéissance. L’union désirée ne fut jamais complète et elle ne devait pas tarder à subir de nouvelles divisions plus ou moins radicales.

Si dans sa législation générale l’observance était restée fidèle aux principes qu’elle avait reçus de ses promoteurs, dans la pratique de la vie les observants du temps de Léon X présentaient d’assez grandes différences avec ceux de saint Bernardin de Sienne. Par suite de cette tendance à déchoir, inséparable des sociétés humaines comme des individus qui les composent, des abus s’étaient introduits principalement en matière de pauvreté. Les chapitres dans leurs ordonnances, les généraux dans leurs visites insistaient bien pour les éliminer, mais le résultat était insignifiant ou nul. Aussi il ne faut pas s’étonner de voir des religieux, animés d’un désir plus ardent de réaliser l’idéal du saint patriarche, avides d’une vie plus austère, protester contre ces abus, et, ne pouvant les faire supprimer, demander pour eux la facilité de suivre les impulsions de leur ferveur en pratiquant plus strictement leur règle. Pour favoriser ces aspirations, le général François Lychet ordonna de désigner dans les provinces deux ou plusieurs couvents, où pourraient se réunir les religieux animés du zèle de mener une vie plus sévère, comme on le voit dans la province romaine dès 1519, deux ans après l’union. Est-ce ce même général qui retira ensuite cette permission, ou bien profita-t-on de son absence pour cela ? car l’amour-propre fait que l’on supporte difficilement de voir mener à côté de soi une vie qui vous paraît un reproche ! En fait, ces couvents de récollection ne furent pas institués, ou bien ils n’eurent qu’une existence éphémère, sous le prétexte qu’ils pouvaient devenir un principe de nouvelle divii ion. Lychet mourut en Hongrie, le 15 septembre 1520. Son successeur ne fit rien pour favoriser cette réforme intérieure : après lui vint François des Anges Quiâones. Élevé par les disciples de.Jean de la Puebla, il avait été en Fspagne le zélateur de cette vie réformée qu’il devait continuer à protéger. Son arrivée en Italie fut retardée Jusqu’en juin ou juillet 1525 et ceux qui le remplaçaient ne partageaient pas son zèle. Pendant ce

temps se passait un fait, assez insignifiant en lui-même, qui (levait néanmoins avoir des suites importantes dans l’histoire de l’observance, I de Sa réforme.

Un religieux de la province de la Marche avait obtenu de Clément vi i l’exemption de la juridiction (le ses supérieurs, afin de pouvoir observer plus parfaitement

le. A ceux qui Vinrent se joindre à lui. la IVnii le accordait, l’année Suivante, la permission de

mener la vie éréniitique sous l’obédience di évftques. i l’autre* frères, désireux de reforme, voulaient les Uni-