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FRÈRES MINEURS

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faut bien le reconnaître, étaient difficiles à observer. Les esprits pondérés le sentaient et bientôt ils jugèrent nécessaire de demander au Saint-Siège de nouvelles explications, ayant force de loi, sans pour cela solliciter de dispenses. C’est ce qui ressort à l’évidence de la consultation sur la règle, rédigée en 1242 par les docteurs de l’université de Paris, Alexandre de Halès, Jean de La Rochelle, Robert de Rastia et Richard, connue sous le nom d’Exposition des quatre maîtres.

La division des esprits augmentait avec les années et bientôt il se forma deux partis dans l’ordre : ceux qui voulaient observer la règle ad lilleram, et ceux qui jugeaient quelques adoucissements nécessaires. Saint Ronaventure, qui fut général de 1257 à 1274, apdartenait à ce second parti ; il fit tous ses efforts pour concilier les esprits, sans y réussir cependant ; après lui la discorde ne fit que s’accroitre. Les zélateurs de la règle observée à la lettre prirent le nom de spirituels et ne ménagèrent pas les attaques ni les invectives contre la communauté. Bientôt ils ne respecteront pas davantage la majesté pontificale et ils iront jusqu’à dénier au pape l’autorité nécessaire pour dispenser de la règle, dictée par Jésus-Christ à son serviteur, et dont les préceptes étaient aussi intangibles que ceux de l’Évangile. Il faut l’avouer, parmi les membres de la communauté un trop grand nombre méritaient leurs reproches, car non contents des mitigations obtenues, ils en prétendaient de nouvelles, ou bien ils élargissaient sans retenue les concessions déjà faites au point de vue de la pauvreté. L’ordre cependant n’était point déchu, comme ils le proclamaient et là où les constitutions de Narbonne, promulguées par saint lionaventure (1260), étaient observées, il pouvait se glorifier de demeurer fidèle à l’esprit de son fondateur.

Dans le but d’empêcher les interprétations arbitraires, le chapitre général de 1279 jugea opportun de faire codifier, pour ainsi dire, toutes les déclarations antérieures des souverains pontifes. Pour cela, le général se rendit en cour romaine et, après une sérieuse étude de la règle et des bulles de ses prédécesseurs,

las III publia la décrétale Exiit qui séminal, du 1 I août 127 ! » , où il donne une explication précise et autorisée de certains points de la règle, en particulier sur la pauvreté et la désapproprialion. Il y déclare en] particulier que le Saint-Siège reçoit la propriété de tout ce qui est donné aux religieux, meubles et immeubles, quand les bienfaiteurs n’ont stipulé aucune i l endroit ; les religieux n’ont cpie l’usage et usage doit être ré » lé par la nécessité et conforme à la pauvreté ; puis il examine les divers rats permis aux frères. Cette déclaration abrogeait toutes les autres qui l’avaient précédée, elle en res nait quelques-unes et De concédait aucune disnouvelle, l.a dé) rétale Bxlit a toujours été dans la suite regardée dans l’ordre comme une des bases fondamentales de la législation séraphique.

plus tard (18 Janvi lutin IV

ryndics apostoliques ; ils n’étalent plus

ment les représentants des bienfaiteurs, comme

nttus de Grégoin i. mais les délégués du Sainte, pour recevoir les aumônes pécuniaires, faire outenir les proc laires a i

IX. Il faut bien l’avouer, ’it’h— plus en plus < ! < l’idéal de lainl’e qui n’était pas pour faire taire les i ilritui ls. ils devenaient au contraire plus mis et plus audacieux, en particulier dan i.i Man lie d’Ancône, l’Ombrie 1 1 la i oi ipidement sur a tte périodi

ie, qui fera l’objet d’un

M’i i i f s. col. 77

Jean-Pierre Olivi était leur chef en Provence ; lui mort (1298), ses disciples ne désarmèrent pas pour cela. La bienveillance de Célestin V avait favorisé les zélateurs dans la Marche, il les avait même constitués en congrégation indépendante ; ce furent les pauvres ermites célestins. Un des plus célèbres d’entre eux fut Ange Clareno, qui est aussi un des principaux historiens de cette époque troublée, bien que ses Chroniques des tribulations, écrites après l’avortetement de tous leurs projets de réforme, puissent être suspectées de partialité, au moins pour avoir passé sous silence ce qui était défavorable a son parti. Mais de tous, le plus fameux fut Ubertin de Casale, qui devait être le défenseur du parti à l’époque du concile de Vienne. Les querelles, en effet, entre les^deux camps étaient devenues telles que Clément V chargea une commission de cardinaux et de théologiens, choisis en dehors de l’ordre, d’examiner les griefs des uns et des autres. Les débats furent longs et passionnés (1309-1312) et la décrétale Exivi de paradiso (6 mai 1312) fut une solution si incomplète que des deux côtés on chanta victoire. Dans cette constitution, Clément V ne condamnait pas les spirituels, comme le demandait la communauté ; il loue plutôt le zèle des religieux timorés et se borne à exhorter les supérieurs à punir les transgresseurs de la règle. La partie originale de cette décrétale est celle qui établit la distinction entre les préceptes de la règle, en se basant sur la tradition de l’ordre, qui avait toujours regardé certaines prescriptions comme obligeant sub gravi. Après diverses alternatives, les querelles des deux partis furent de nouveau portées devant Jean XXII, dont la constitution Quorumdam exigit (7 octobre 1317) marque la défaite finale des spirituels. Sous les peines les plus graves, il les obligeait à rentrer dans l’obéissance aux supérieurs, car un ordre est détruit si les sujets refusent d’obéir ; et à l’encontrc de leurs théories sur la pauvreté, qu’ils plaçaient au-dessus de tout, le pape établissait cette gradation entre les trois vœux : magna quidem paupcrlas, sed major inlerjrilas, bonum est obedientia maximum si cuslodiatur illœsa. Tous ne se soumirent pas et plusieurs finirent hors de l’ordre, voire dans le schisme et l’hérésie.

Ces âpres discussions ne semblent pas avoir eu beaucoup de retentissement en dehors des provinces que nous avons nommées ; Une faudrait pas en conclu re que tout l’ordre fût déchu de sa ferveur primitive. A côté de ces spirituels turbulents et révoltés, il s’en trouvait d’autres qui vivaient dans l’obéissance. Eux aussi auraient désiré plus de fidélité à l’idéal du fondateur, une. observance plus exacte de la règle en matière de pauvreté ; mais, tout en partageant les aspirations des autres, ils ne les suivaient pas dans leurs débordements. Parmi eux on peut ranger le B. Conrad d’Ophyde ( ; 130.S).

Cette tempête était a peine calmée qu’une, autre allait se lever, quand, à la suite des discussions sur la pauvreté du Christ et des apôtres, Michel deCésène, général, Honagrn/.ia de Bergame, voir t. ii, col. 9.">7, et d’autres passèrent au parti « le Louis de Bavière, qui avait même trouvé un antipape parmi les mineurs (1322-1328). I.’immense majorité de l’ordre était cependant demeurée Adèle au pape et elle entendait demeurer Adèle a sa règle, comme elle le prouva en’opposant au nouveau général, (iérald Odon, qui voulait demander la dispense de la défense de recevoir

de l’argent La période était critique : par la bulle Ad condilorem (8 décembre 1322), Jean XXII avail

déclaré que le saint sieg, — renonçait : < la propriété « les

biens meubles i I immeubles donnes : iu frères mineurs ei il avait défendu de nommer des syndics pour b. administrer sans une autorisation spéciale. C’étail

ni’lire l’ordre franciscain dans la même condition que