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FRANZELIN — FRASSEN


mouvement de retour à l’Église universelle, inauguré par Tchadaiev (1794-1856) et dont Soloviev (1853-1900) allait devenir l’âme, n’avait cessé de s’imposer à son esprit : il en avait prévu le rapide développement et, depuis son séjour à Lemberg et à Tarnopol, il en suivait avec le plus ardent intérêt toutes les phases. Dans la retentissante controverse soulevée par M. Bulgakow et par le professeur Langen touchant la procession du Saint-Esprit, le cardinal Franzelin intervint pour remettre exactement au point la doctrine traditionnelle de l’Église catholique et dissiper tous les malentendus, dans son Examen doclrinæ Macarii Bulgakow episcopi Russi schismatici et Joscphi Langen neoproteslantis Bonnensis de processione Spiritus Sancti paralipomenon traclalus de SS. Trinilate, Rome, 1876. Franzelin mourut à Rome au Collège germanique, le. Il décembre 1886, usé par un labeur excessif qui n’admettait nulle relâche et par la rigueur de ses mortifications.

Arenhold, Die Vorzùge der dogmalischen Traktale Franzetins dargelegt und begrundet, Fulda, 1873 ; Sommervogel, Bibliothèque de la C le de Jésus, t. iii, col. 950 sq. ; G. Bonavenia, Raccolta di memorie intorno alla vila dell’E mo cardinale Giovanni Battista Franzelin, Rome, 1887 ; The Montli, 1887, t. lx, p. 305-24 ; CiviVà catlolica, [8= série, t. V, p. 194209 ; Études religieuses, 1887, t. xxix, p. 333 ; J. Berselli, De vila J. Baplistee Franzelin eommentaritis, Rome, 1887 ; Hurter, Xomenclalor, t. V, col. 1507 sq.

P. Bernard.

    1. FRASSEN Claude##


FRASSEN Claude, cordelier de l’observance, est sans conteste une des plus belles figures qui aient illustré l’ordre franciscain à la fin du xviie siècle. Né à Péronne en 1620, il entra chez les observants vers l’âge de dix-sept ans, voulant mettre à l’abri des dangers une vertu qu’il avait de bonne heure consacrée à Dieu et à la Vierge Marie. Il avait 30 ans quand ses supérieurs l’envoyèrent au grand couvent de Paris, pour suivre les cours de la Sorbonne et y prendre ses grades académiques. Ce fut le. Il décembre 1662 qu’il conquit celui de docteur en théologie, mais déjà simple bachelier il enseignait ses jeunes confrères, « formant les docteurs par la saine doctrine de ses savantes leçons, comme il formait les religieux par les bons exemples de sa vie régulière. » Mémoires de Trévoux. Chez lui, en effet, comme chez un vrai fils de saint François, le zèle de l’étude n’avait pas éteint l’esprit de sainte oraison, et il cultivait la piété au pair de la science. Estimé de tous, à commencer par le roi, la reine Marie-Thérèse, les membres du clergé, les conseillers au parlement, les communautés religieuses, souvent il était appelé à donner son avis dans les cas difficiles, et malgré cela il trouvait le temps de réciter le petit office de la Madone chaque jour en plus du bréviaire. A maintes reprises gardien du grand couvent, où il demeura pendant les soixante dernières années de sa vie, il se plut à le restaurer et à embellir son église. Par deux fois (1682 et 1688) envoyé au chapitre de son ordre, élu définiteur général, il fit montre en ces circonstances d’une prudence qui lui valut les félicitations de Louis XIV. Directeur expérimenté, son confessionnal était très entouré ; infirme, il s’y traînait ou s’y faisait porter, car, disait-il, si mourir sur la brèche est un honneur pour le soldat, le prêtre doit ambitionner de mourir à l’autel ou dans les fonctions de son ministère. Arrivé à l’âge de 83 ans (86, disent d’autres auteurs), il fut frappé d’apoplexie, mais sa vigoureuse constitution reprit le dessus ; sa plus grande épreuve fut la perte de la vue ; il la supportait courageusement et répondait à ceux qui s’apitoyaient sur son sort par des paroles de la sainte Écriture. Au mois de février 1711, une nouvelle attaque le privait de la consolation de monter à l’autel, et au bout de peu de jours, le 26, jl rendait sa belle âme à Dieu ; il était âgé de 91 ans

et en avait passé 74 dans la vie religieuse. Le matin de sa mort, de bonne heure, il avait encore rétilé les heures de la Madone, de peur de mourir sans lui avoir payé ce tribut quotidien. On l’ensevelit dans l’église de son couvent, devant l’autel de saintc Elisabeth, qu’il avait fait ériger.

Un des premiers ouvrages du P. Frassen avait été la Conduite spirituelle pour une personne gui veut vivre saintement, in-12, Paris, 1667, livre plusieurs fois réimprimé et traduit en italien par un confrère anonyme, Direzione spiriluale per chi vuol vivere sunlamenle, Lucques, 1715 ; Venise, 1722. Dans le même genre de travaux il faut mentionner La règle du tiers-ordre de la pénitence, qui fut également très souvent rééditée. Mais ses œuvres plus importantes sont les suivantes : Philosophia academica ex seleclissimis illuslriorum philosophorum, prsesertim vero Arislolelis et doctoris subtilis Scoli ralionibus ac sententiis (ordinata), in-4° ; 2e édit., 2 in-4°, Paris, 1668 : 3° édit., auclior et emendatior, 3 in-4°, Toulouse, 1686 ; Venise, 1739 ; Scotus academicus, seu universa doctoris subtilis theologica dogmala, quæ ad nilidam et solidam academiæ Parisiensis melhodum concinnavil, seleclissimis SS. Palrum oraculis firmavil et illuslravil, neenon explanatione graviorum conlroversiarum quæ nunc temporis in scolis agiiari soient ditavit et ampliavit. .. Cl. Frassen Peronensis, 4 in-fol., Paris. 1672-1677. Le P. CharlesJacques Romilli, général des conventuels, en fit faire une nouvelle édition à Rome, 12 in-4°, 1720-1722. Le P. Joseph-Marie Fonseca d’Evora, procureur général des observants, le fit également rééditer ainsi que la Philosophia academica, 16 in-4°, Rome, 1726. Le Scolus academicus parut aussi à Venise, 1744, 12 in-4°. Quand il mourut, l’auteur travaillait à une nouvelle édition et on conserve à la Bibliothèque nationale de Paris un exemplaire avec ses corrections. Il préparait même un t. v, qui ne vit pas le jour. Ce sont les corrections manuscrites du P. Frassen qui ont été utilisées dans la dernière édition, 12 in-12, Rome, 1900-19M2. L’ouvrage de Frassen est, en effet, le meilleur manuel de théologie scotiste et il se recommande par la clarté de son exposition. Les Disquisiliones bibliese quatuor libris comprehensæ, dans lesquels il examine successivement l’antiquité des Écritures, leurs éditions et leurs versions, leur canonicité, puis propose une conciliation des textes qui semblent en opposition, parut à Paris, 1682, in-4°. Cet ouvrage donna occasion au dominicain Noël Alexandre d’écrire sa Dissertatio ecclesiaslica, apologelica et anticritica adversus Claudium Frassen, seu disscrlationis Alexandrinee de vulgalu Scripluræ sacræ versione vindiciæ, in-12, Paris, lii^. !. Frassen n’avait pas caché qu’il attaquerait le P. Noë] Alexandre au sujet de son étude sur la Vulgate, qui est la dernière des trois publiées dans la Dissertutionum ccclesiasticarum trias, Paris, 1678. Son livre était à peine paru que le dominicain l’étudia, chercha comment lui répondre et, sans aucun ménagement, fit paraître sa dissertation, reprochant amèrement au cordelier de l’avoir insulté. Il l’accusait, en outre, d’avoir plagié l’ouvrage de Huet, évêque d’Avranciu s, Démonstrations évangéliques, tout en le critiquant. Le jugement de l’Église ne fut pas favorable au dominicain, car la Disserlalionum trias fut condamiav avec d’autres de ses ouvrages par Innocent XI (10 juillet 1684). Les Disquisilioins de Frassen furent, au contraire, rééditées par lui, in-4°, Paris, Il Il leur donna pour complément les Disquisitiow : < biblicæ in universum Penlalcuchum, publiées à Paris en 1705.. Très loué au moment de son apparition, Acta eruditorum, Leipzig, 1682, p. 354 ; 1706, p. 380, ce double ouvrage est aujourd’hui oublié. L’auteur en préparait une réédition que la mort ne lui permit pas