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FRANÇOIS DE SALES (SAINT ;


école sortiront les orateurs éminents qui ont produit des fruits si merveilleux de salut dans l’Église universelle. C’est pourquoi saint François de Sales mérite d’être reconnu de tous comme restaurateur et maître de l’éloquence sacrée. » Œuvres, t. i, p. xx.

Ce titre est mérité. Simplement, humblement, sans prétendre imposer jamais ses idées personnelles, mais par le seul ascendant de sa vertu, il exerce autour de lui la plus salutaire des influences. Dans les chaires de la capitale, pendant ses deux longs séjours, il prêche « autant qu’il y a de jours en l’année ; » le clergé s’empresse autour de lui, on l’admire sincèrement, et peu à peu on l’imite. La Lettre sur la prédication, dont nous allons parler, devient célèbre : on la traduit en latin et elle pénètre partout. Saint Liguori la popularisera en Italie, et plus tard Sailcr en Allemagne ; et les conseils si judicieux que donne le saint, joints au souvenir de son exemple, pèsent d’un tel poids sur l’appréciation des contemporains et de la génération qui suivit immédiatement que les anciens errements de la prédication, le mauvais goût, la bizarrerie, les jeux d’esprit, la mondanité, tout ce que le saint avait si hautement condamné, disparaissent peu à peu pour toujours de la chaire française et aussi de la chaire chrétienne.

La simplicité et le naturel sont les qualités maîtresses du saint orateur : elles contrastaient singulièrement avec les recherches, l’emphase, les extravagances même de l’éloquence alors à la mode. Il se mettait à la portée de ses auditeurs et Charles-Auguste, son neveu, rapporte qu’au sortir d’un de ses sermons, un docte ecclésiastique s’en allait répétant : « Quel homme est cestuy-ci 1 II traicte si bien de la théologie qu’il faict entendre et comprendre les choses les plus difficiles et les plus hautes aux femmes et aux hommes de la plus basse condition. » Histoire du bien-heureux François de Sales, 1. IX. Sa parole est toujours animée de cette ferveur ardente et communicative que la piété Chrétienne a nommée l’onction. Son cœur est possédé de l’amour de Dieu et de l’amour des âmes : ce double amour l’inspire, l’émeut, le transporte au point que ses auditeurs ont déposé l’avoir vu parfois en chaire resplendissant comme un séraphin. Nourri de la sainte ure, il la commente, l’élucide, et l’applique avec non moins de sûreté que de grâce : elle devient par moments la trame même de son discours, tant il en est pénétré.

Il y a là de remarquables leçons de théologie dogmatique, morale, ascétique, mise à la portée de tous. Dans le dogme, c’est la sainte Trinité, le Saint-Esprit, les mystères de Notre-Seigneur et de sa mère, la grâce, la béatitude céleste, la sainte eucharistie, l’Église. Dans ses sermons de controverse, rien ne résistait à son argumentation serrée et victorieuse : citons en particulier la suite des sermons sur l’eucharistie prêches a Thonon au cours de la mission du Chablais.et qui eurent de si admirables résultats. Il n’abordait du rerte c< genre de sermons que quand les circonstances l’y obligeaient, et il disait qu’il valait mieux exposer que discuter. Il réfute d’avance les hérésies modernes i t prévienl’li trois siècles les définitions du concile du Vatican. Il prononçait à Grenoble, au cours du carême de 1617 : l’upa errare non potest, ex cathedra docens, t mii, p. 286.

Il ( scelle dans la morale, el met sous les yeux de pratiquei et piquants tableaux de mœurs, des remartémoignant d’une fine anal’se des sentiments du humain ; son zèle aimant. t énergique lui donne liants. Parmi ses canevas nous cite-il x études assez fouillées, apparte-’iint tout deux au carême ( |, Grenoble, l’une sur l’amour d.s richesses, t. x, serin. CXXXI, et l’autre sur nellc, serm. cxxxv.

sermons ascétiques, aux religieuses de la

Visitation, on retrouve toutes les qualités des Entretiens. Il a, pour ne citer que celles-là, quelques instructions sur l’oraison et la prière, t. ix, serm. vii, et deux instructions pour la vigile de Noël, qui sont délicieuses, t. viii, serm. xcv et en.

7° Lettre sur la prédication, à l’archevêque de Bourges, t. xii, lettre ccxix. — Par son importance, cette lettre mérite une mention à part. François l’écrivit le 5 octobre 1604 à André Frémyot, le nouvel archevêque de Bourges et le frère de la baronne de Chantai, qui lui avait demandé des conseils sur la prédication. Rédigée au courant de la plume, en l’intervalle de deux jours, elle est un petit traité, où sont condensés les conseils les plus judicieux, sur ce thème : « Qui doit prescher, pour quelle fin l’on doit prescher, que c’est que l’on doit prescher, et la façon avec laquelle on doit prescher. » Qui doit prêcher ? Celui qui a reçu la mission ; et il lui faut en outre doctrine et vertu. — Pour quelle fin ? Pour faire ce qu’a fait Notre-Seigneur, pour que les pécheurs reviennent à la vie, et que les justes qui l’ont déjà l’aient plus abondante. Pour cela, il faut instruire et émouvoir. Quant au 3e précepte de la rhétorique ancienne, plaire ou délecter, le saint proscrivait les manières de faire mondaines qui charment l’oreille sans rien apporter à l’âme ; mais il accueillait volontiers « la délectation qui suit la doctrine et le mouvement, et qu’il pratiquait lui-même avec tant de perfection. — Que prêcher ? Le saint examine successivement : 1. les sources : ce sont la Bible, les Pères, les vies des saints, les histoires profanes — mais « comme l’on fait les champignons » — et aussi le grand livre de la nature ; 2. la façon d’exploiter les sources, c’est-à-dire étudier les quatre sens de l’Écriture, retenir les courtes sentences, et aussi les raisonnements des Pères et docteurs, et en particulier de saint Thomas, mais à la condition de savoir « clairement se faire entendre, au moins aux médiocres auditeurs ; » et à cela servent grandement les exemples de la Bible et des saints, et les similitudes ou comparaisons ; 3. la disposition de la matière : « faut tenir méthode de toute chose : il n’y a rien qui ayde plus le prédicateur, qui rende sa prédication plus utile, et qui agrée tant a l’auditeur. » Puis il dislingue la manière dont il faut traiter : 1. les mystères ; 2. les sentences de l’Écriture ayant trait à un vertu ou à un vice : 3. l’homélie ; 4. l’histoire, ou le panégyrique d’un saint.

— Comment faut-il prêcher ? ou la forme : il faut parler affectionnément et dévotement, simplement el candidement, et avec confiance.

8° Lettres, t. xi-xviii (recueil encore inachevé ; le t. xviii, paru en 1013, va jusqu’en aoûtlGH)).— les Lettres sont l’ouvrage qui a été publié jusqu’ici de la manière la plus défectueuse : elles offrent pourtant l’intérêt le plus universel, à cause des sujets qu’elles traitent : et le plus profond, parce que c’est elles qui font le mieux connaître le saint.

L’édition princeps est de 1626, à Lyon. La mère. île Chantai et le prévôt Louis de sales firent cette publication. Comme l’unique but était de répandre la doctrine Spirituelle du saint, et qu’on craignait de révéler l’identité de plusieurs destinataires encore vivants, I., éditeurs n’hésitèrent pas à tailler, trancher et supprimer dans le texte ; puis à réunir et à coordonner tant bien que mal les fragments survivant aux élagages. Les Lettres furent jointes aux Œuvre » compléta a partir de l’édition de 1037.

L’édition princeps comprenait 519 lettres. Hérissant et l’abbé Corru (1758) ; Biaise avec les Lettres inédites du chevalier Datta (1835) ; Vive » dont le cla

nient est fort singulier et incommode ; Mlgne enfin, qui publia sans re ision et un peu pêle-mêle lis docunn nts

recueillis par l’abbé de Baudry, enrichirent luccessl

veinent la collet I Ion principale, I I On arriva ainsi a prés