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FRANÇOIS DE SALES (SAINT)


pressions qu’avait faites au texte primitif la sainte fondatrice. De précieux Appendices complètent l’ouvrage et reproduisent des pages inédites du saint docteur.

Sous sa forme définitive, l’édition des Vrays entretiens comprend donc un recueil de 21 conférences familières. Au lieu d’avoir suivi l’ordre chronologique, on semble avoir adopté un plan plus didactique : I er entretien sur l’obligation des Constitutions, et les qualités de la dévotion que les religieuses de la Visitation Sainte-Marie doivent avoir. C’est une vue d’ensemble sur l’état religieux, dans l’esprit de la Visitation. Les sept entretiens suivants traitent des vertus principales et fondamentales : ii, de la confiance ; iii, de la fermeté, à propos de la fuite de Jésus en Egypte ; iv, de la cordialité et de l’humilité ; v, de la générosité ; vi, de l’espérance ; vii, des trois lois spirituelles : abandon, générosité, égalité d’esprit. Puis viennent les vertus plus spécialement religieuses et monastiques : viii, la désappropriation, ou pauvreté ; ix, la modestie (ou perfectionnement de la chasteté), avec des considérations sur la manière de faire ou recevoir la correction ; et aussi sur le recueillement en Dieu et sur l’oraison ; x et xi, l’obéissance, ses conditions, sa pratique, sa valeur et ses qualités ; xii, la simplicité dans les diverses circonstances de la vie religieuse ; xiii, les règles et l’esprit de la Visitation : « J’ay tousjours jugé que c’estoit un esprit d’une profonde humilité envers Dieu et d’une grande douceur envers le prochain… Il faut donc que l’humilité envers Dieu et la douceur envers le prochain supplée en vos maisons a l’austérité des autres, » ainsi que la ponctualité et simplicité à bien observer les règles. Les trois entretiens suivants signalent les obstacles à la perfection ainsi que le remède : xiv, contre le propre jugement et la tendreté qu’on a sur soi-même ; xv, de la volonté de Dieu, qu’il faut regarder et suivre en toutes choses ; avec quelques points touchant les confesseurs et prédicateurs ; xvi, sur les aversions. Enfin les derniers traitent : xvii, des voix : comment et par quel motif il faut donner sa voix pour l’admission des sœurs à la profession ou au noviciat ; xviii, comment il faut recevoir les sacrements, et réciter le divin office, avec quelques points touchant l’oraison (c’est là, ainsi qu’à l’entretien ii, que se trouve décrite brièvement, et fort approuvée, l’oraison de simple remise en Dieu) ; xix, sur les vertus de saint Joseph ; xx, « auquel il est demandé quel prétention nous devons avoir entrant en religion ; » le xxi c enfin, qu’il fit au parloir de la Visitation de Lyon le soir même de la Saint-Étienne 1622, l’avantveille de sa mort, sur le document : « Ne rien demander, ne rien refuser. »

Le livre des Entretiens spirituels n’a évidemment pas la même valeur documentaire que les ouvrages précédents, puisqu’il n’est qu’un écrit de seconde main. Il n’en jouit pas moins d’une juste autorité. Bossuet le lisait et en faisait grand cas ; Fénelon aussi, qui voulut y puiser des propositions pour étayer son système de semi-quiétisme, mais bien à tort comme le démontra victorieusement Bossuet. C’est un traité assez complet de l’observance et des vertus religieuses ; c’est, peut-on dire, le traité de l’amour de Dieu dans la pratique d’une vie d’humble religieuse, de visitandine. Il est rempli de pensées profondes, de la plus éininente perfection, dans une langue simple, aimable, toute paternelle. Voici comment le saint définit la perfection des visitandines : « Les filles de la Visitation sont toutes appelées a une très grande perfection, et leur entreprise est la plus haute et la plus relevée que l’on sçauroit penser, d’autant qu’elles n’ont pas seulement prétention de s’unir a la volonté de Dieu…, mais de plus, elles prétendent de s’unir a ses désirs, voire mesme a ses intentions, je dis avant mesme qu’elles soyent presque signifiées ; et s’il se pouvait penser quelque

chose de plus parfait… elles entreprendroyent sans doute d’y monter puisqu’elles ont une vocation qui les y oblige. » Entrelien v, de la générosité.

6° Sermons, t. vii-x. — Saint François de Sales ne publia de ses sermons que l’Orayson funèbre du duc de Mercœur, Paris, 1602. Les Sermons furent imprimés pour la première fois dans les Œuvres complètes de 1641, préparées par le commandeur de Sillery avec le concours de sainte Chantai. On les avait divisés en deux séries : la l re comprenait 27 sermons ou plans de sermons pris sur les autographes ; la 2e comprenait 33 discours recueillis par les religieuses de la Visitation d’Annecy. Les éditions suivantes des sermons publiés soit à part comme en 1643, soit dans les Œuvres complètes, furent assez fautives ; et la plus fautive de toutes est la dernière en date où l’on a travesti, sous prétexte de l’arranger, le texte original. C’est l’un des plus grands services rendus par l’édition d’Annecy, que d’avoir restitué un texte authentique des sermons ! et d’avoir considérablement enrichi le recueil.

Le docte éditeur a fait deux parts des Sermons. La I re partie comprend les sermons autographes, et la IIe les sermons recueillis par les auditeurs : les premiers forment les vol. viie et viiie, et les seconds, les ixe et x e. Dans les sermons de la I re partie, il faut encore distinguer les sermons des premières années, antérieurs à l’épiscopat, et même, à part quelques exceptions, antérieurs à la mission du Chablais, qui sont généralement écrits en entier de la main du saint ; et les sermons postérieurs qui ne sont que des sommaires ou canevas, des notes décousues, ou des recueils de textes de l’Écriture et des Pères, écrits aussi de la main du saint.

Les sermons recueillis par les religieuses de la Visitation comportent les inconvénients et imperfections inévitables en pareil cas : les auditrices relatent ce qu’elles ont cru entendre et comprendre, et comme elles s’en souviennent.

Les sermons conservés in extenso et écrits de la main du saint ont été souvent jugés injustement. On a blâmé le style, par endroits fleuri à l’excès, sans réfléchir qu’ils appartiennent aux débuts de l’orateur. Ils contiennent des « surcroissances » qui, selon la parole de notre saint, demandent à être « esfeuillees et esbourgeonnees. » C’est l’exubérante végétation de la jeune vigne qui affirme la vigueur du cep et la richesse de la sève. Et puis il y a, sous ces pampres quelque peu touffus, une telle délicate fraîcheur, un tel zèle apostolique que le lecteur ne songe guère à s’en choquer. Les sommaires, plans, notes, écrits de la main du saint, et de la plupart desquels l’édition de dom Mackey a révélé l’existence, apportent fréquemment des divisions claires et méthodiques, des rapprochements inattendus, des applications neuves et ingénieuses des textes sacrés, et toujours une profondeur de doctrine, une richesse de pensées, une vivacité d’imagination qui ravit. II y a là une mine précieuse.

Le bref de doctorat a caractérisé ainsi la prédication du saint : « Le grand amour que le saint prélat portait à l’Église, le zèle brûlant dont il était animé pour sa défense, lui inspirèrent la méthode de prédication qu’il adopta, soit pour annoncer au peuple chrétien les éléments de la foi, soit pour former les mœurs des plus instruits, soit pour conduire les âmes d’élite sur les sommets de la perfection. Se reconnaissant redevable aux doctes et aux ignorants, et se faisant tout à tous, il sut se mettre à la portée des simples, en même temps qu’il parlait la sagesse parmi les parfait.--. Il donna aussi les enseignements les plus sages sur la prédication, et, en remettant en honneur les exemples des Pères, il contribua dans une large mesure à rappeler à son ancienne splendeur l’éloquence sacrée, qui avait été obscurcie par le malheur des temps. De cette