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FRANÇOIS DE SALES (SAINT ;


vement habiter notre âme ; enfin les « attraitz amoureux de Notre-Seigneur » nous aidant et accompagnant jusqu’à la charité ou amour sacré, qui justifie l’âme. « La charité donc est un amour d’amitié, une amitié de dilection, une dilection de préférence, mais de préférence incomparable, souveraine et surnaturelle. » Le progrès et la perfection de l’âme dans le divin amour peut aller toujours croissant, et il est « aysé » , car chaque bonne action peut le procurer ; nous obtenons ainsi la persévérance et le don de mourir en la divine charité. C’est au ciel seulement que se fera « la parfaite conjonction de l’âme à Dieu. » Mais malheureusement l’âme peut suivre une autre voie, d’où la décadence et la ruine de la charité.

Les cinq livres suivants sont consacrés à décrire les « opérations » ou les exercices du divin amour. Les deux principaux exercices sont la complaisance, ’ou condoléance, et la bienveillance : c’est l’objet du 1. VI. Ces deux exercices généraux se pratiquent ou affeclivement par l’oraison, ou effectivement par la conformité à la volonté de Dieu. Les 1. VI et VII traitent de l’oraison « ou théologie mystique. » Remarquons que ce mot n’a pas, dans la langue du saint docteur, le sens qu’on lui donne aujourd’hui : pour lui, comme pour les auteurs de son temps, « l’orayson et la théologie mystique ne sont qu’une me. me chose. Elle s’appelle théologie parce que, comme la théologie spéculative a Dieu pour son object, celle-ci aussi ne parle que de Dieu ; mais avec trois différences : car : 1. celle-là traitte de Dieu en tant qu’il est Dieu, et celle-cy en parle en tant qu’il est souverainement aymable… 2. La spéculative traitte de Dieu avec les hommes et entre les hommes : la mystique parle de Dieu avec Dieu et en Dieu mesme. 3. La spéculative tend a la connaissance de Dieu, et la mystique a l’amour de Dieu ; de sorte que celle-là rend ses escholiers sçavants, doctes et théologiens, mays celle-ci rend les siens ardens, affectionnés, amateurs de Dieu, et Philothees ou Theophiles. » < La me-’litation, » ajoute-t-il, est « le premier degré de l’orayson ou théologie mystique. » On peut suivre, dans ces deux li

s. les ascensions de l’âme, de la méditation affec-Uve (qui est c< Ile de l’auteur) à la contemplation ordinaire, puis au recueillement amoureux où le saint lemble faire commencer les oraisons extraordinaires ; puis à la quiétude et à ses différents degrés : l’écoulement et liquéfaction de l’âme en Dieu, la blessure d’amour, la langueur amoureuse ; puis vient l’oraison d’union ; puis le ravissement ou extase, et enfin la mort d’amour.

Li s ]. Y JII et IX montrent l’amour devenu effectif

imour de conformité de la volonté de l’homme à

la volonté de Dieu signifiée dans ses commandements,

conseils et inspirations ; par l’amour de soumission au

bon plaisir de Dieu dans les événements de la vie ;

par l’amour de résignation dans les afflictions ; dans

l’amour d’indifférence qui consiste à « n’aymer rien

sinon pour l’amour de la volonté de Dieu. » Le suprême

de la sainte indifférence est le « trespas très

aymable de la volonté qui « étant morte a soy vit

purement en la volonté de Dieu. » ’-’HP partie traite dis propriétés, avantages et

ences du divin amour, qui consistent en ce que :

tnour divin, en suite du premier commandement,

dansnotn cœur et y régler nos aile* tions a

i dis créatures, de nous-mêmes et du prochain ;

d tient la souveraine autorité sur les vertus.

perfections de l’âme, (.est l’objet des 1.

m i

Ml tire les conclusions pratiques et contient

quelques advis pour le progrès de l’ame au saint

il recommande /</ direction d’intention.

inde des actions et la pratique des pieuses aspira Le Traité de l’amour de Dieu déroule devant les yeux du lecteur une magnifique synthèse de tout le dogme catholique : les perfections et attributs divins, la providence et l’incarnation, le dogme de Jésus-Christ et de son œuvre tout entière, les prérogatives de la sainte Vierge, la chute et les conséquences du péché originel, la rédemption, la justification du pécheur, la grâce et sa merveilleuse économie, le ciel, la sainte Trinité t t les opérations divines ad intra. La morale y apparaît autour de la charité que l’auteur veut envisager comme acte plutôt encore que comme habitude, car dans un sujet si vaste il est forcé de se limiter et d’effleurer seulement certains points : mais quelles pages perspicaces sur le péché, la distinction entre le péché mortel et le péché véniel, sur les vertus et les vices ! L’ascétique avec ses deux grands exercices affectif et effectif, l’oraison et l’obéissance à la volonté de Dieu, et avec le moyen si pratique de la direction d’intention et des pieuses aspirations, y donne la main à la mystique la plus relevée, mais la plus saisissable à nos intelligences épaissies. Insignis et incomparabilis Tractatus de amore Dci, ainsi le caractérise le décret de doctorat qui précéda de quelques mois le bref que nous avons déjà cité. Et ce bref lui-même ajoute : Equidem duodecim libris insignem atque incomparabilem tractation « De amore Dci » , docte, subliliter, dilucideque complexus est, qui toi prsecones de suavilale sui aucloris habcl quot Icelorcs.

Le Traité de l’amour de Dieu a été, lui aussi, attaqué. Les plus sérieuses attaques visent la doctrine, et nous en parlerons en étudiant la doctrine théologique du saint docteur. D’autres récriminations ont pour objectif la prétendue liberté de langage de l’auteur, qui emprunte à l’amour profane des images et comparaisons pour dépeindre les chastes opérations de l’amour sacré. Nous répéterons ce que nous avons dit à propos des mêmes reproches faits à Y Introduction à la vie dévote : autres temps, autres mœurs, et aussi autres appréciations courantes. Ce qui reste admirable et inimitable, c’est la naïve netteté des leçons du saint, en même temps que leur parfaite innocuité, à travers ces gracieux tableaux qu’il a empruntés aux trois amours les plus chastes d’ici-bas, l’amour filial, l’amour conjugal et l’amour maternel.

5° Les rrags entretiens spirituels, t. VI. — Ce livre comprend un recueil d’entretiens faits par saint François de Sales à ses tilles de la Visitation, et recueillis par elles. Trois d’entre eux (le tri » , de la fermeté, le vu. des trois lois spirituelles, et le XIX e, des vertus de saint Joseph) sont des sermons prononcés à l’église de la Visitation ; les autres sont des conférences familières données au jardin, ou au parloir d’Annecy, sauf les deux dernières qui ont été recueillies à Paris et à Lyon. Sainte Chantai a ajouté, assez librement, au texte de la rédaction de ses filles, divers fragments de sermons ou de lettres en rapport avec le sujet traité.

Les Entretiens spirituels circulaient manuscrits dans les monastères de la Visitation : l’indiscrétion d’un cordelier les livra tels quels à la publicité. Ils parurent en 1C2.S, sous ce titre : « Les Entretiens et Colloques spirituels du Bien-Heureux François de Sales, etc., pour Pierre Drobet, marchand libraire à Lyon. » Ce Drobet était le frère du cordelier en question. Sainte

Chantai fut navrée de voir certains passages, qu’elle

jugeait trop intimes, ainsi publiés ; d’autre part, l’édition fourmillait d’inexactltudi s et de fautes grossières. A force de démarches, (lie obtint la révocation du privilège royal accordé.i l’éditeur Drobet et le retrait dejuiis les exemplaires. La l r ° édition des Yrays entretiens spirituels, parut a Lyon, chez Vincent d’dlv. en 162 I.

i’édition d’Annecy reproduit fidèlement cette verlion 1 1 donne i d note les pins Intéressant s des sup-