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FRANÇOIS DE SALES (SAINT ;


pas « labouré les amples matières de la théologie positive. » Les Controverses sont un livre vécu, et non un livre de cabinet ; le missionnaire parle à son auditoire, et il lui parle si éloquemment qu’il le convertit. Rien ne résiste à son argumentation ; rien ne résiste à la bonté avec laquelle il traite les pauvres protestants égarés, en évitant ces qualifications injurieuses que la chaire et la polémique protestante et catholique se permettaient si largement à cette époque.

2° La Défense de l’estendart de la sainte croix, t. n. — C’est le premier ouvrage de quelque étendue qu’ait publié lui-même le saint docteur. La l re édition est de Lyon, 1600. Une 2e parut trois ans après à Paris, sous « le tiltre prodigieux » de Panlhologie ou Thresor précieux de la saincte Croix, nous apprend lui-même le saint. Une 3e édition, postérieure de quelques années, est de Rouen, sous le titre abrégé d’Elendart de la sainte Croix. Il ne semble pas que ce livre ait été depuis lors réimprimé isolément et en dehors des Œuvres complètes.

Un pamphlet anonyme du ministre La Faye contre le culte de la croix fut l’occasion de ce livre. Commencé pendant la mission du Chablais, il ne put être terminé qu’un peu plus tard. Dans l’avant-propos, l’auteur attaque de front l’objection protestante que, Dieu seul ayant droit à la gloire et à l’honneur, nulle créature ne peut prétendre à partager avec lui les honneurs religieux. Il affirme qu’après avoir rendu à Dieu l’honneur qui lui est dû, il est juste d’apporter encore un honneur, mais un honneur relatif, à certaines créaturcs, et tout spécialement à la croix de Jésus-Christ. Puis entrant en matière, il traite successivement : l de la vraie croix ; 2° de l’image de la croix ; 3° du signe de la croix ; 4° du culte rendu à la croix. — 1. Le saint établit la légitimité de l’honneur dû à la vraie croix par le témoignage des Écritures, les miracles de sa conservation et de son invention, et les textes (1rs Pères : et il établit qu’on a toujours eu confiance en l’efficacité de sa vertu. 2. Il montre l’image tir la croix toujours en grand honneur dans l’antiquité chrétienne ; et la vertu de cette sainte image se maniait par les bénédictions accordées à ceux qui l’honorent et par le châtiment des profanateurs. 3. Le signe de la croix est en usage dans l’Église dès les temps les plus anciens, comme profession publique de la foi, et comme moyen de bénir. 4. Le sens du mot cuWe ou adoration de la croix doit être précisé. Le saint, après avoir distingué deux sens dans le mot et d’adoration, réserve avec l’Église, à la suprême llence, l’adoration ou culte de latrie ; et il attribue créatures surnaturcllement excellentes l’adoration, honneur on < ulte de dulie et d’hyperdulie. Il fait ensuite une seconde distinction entre l’Iioiineur ou adoration’fi— latrie parfaite et absolue qui ne s’adresse qu’à la divinité, et l’honneur de latrie imparfaite et relative qui s’adresse aux appartenances de.lésust, > et en particulier a la croix. Les derniers charépondent à la grande objection protestante, que le Décaloguc int< rdil la fabrication des images. « » n lit dans un livre généralement mieux inspiré.

loul à côté du reste de belles et judicieuses pages sur

t, qm Iquesligncs d’amère critique sur l’Kten de la croix II ini or, de Sali s retarde sur son

temps quand il g’agil de mettre, comme il convient ins sujets, l’érudition au service de la’n’était pas par des textes lires de l’I que l’on pou-, . ni |, mi. ux défendre li culte catao de la < roix : l’était en recherchant soigni

monuments de l’Église chrétienne pri mis de l’existence di

1 enquête de François de Sali s ne semble pas tte matière de lumii rcs nouvelle g. rudition n’est guère que celle du moyen Age. Il

est plus jaloux d’entasser un grand nombre de preuves telles quelles que d’en établir un nombre suffisant de valables ou d’en découvrir d’inédites. Il ne choisit point, il admet les preuves contestables sans scrupule. Et sans doute on a pu dire pour l’excuser que la plupart des témoignages aujourd’hui rejetés par la critique étaient acceptés alors par les théologiens des deux partis ; il n’en est pas moins vrai cependant que l’attention commençait à se porter de ce côté, comme le prouve parfois la contre-réplique de La Faye. » Une note renvoie à la Réplique chrétienne à la réponse de M, François de Sales, Genève, 1604, où La Faye signale « la fausse indication de certains passages des Pères… » Histoire de la littérature française, publiée sous la direction de M. Petit de Julleville, Paris, 1897, t. iii, c. vii, p. 366.

La réponse est facile. Saint François de Sales voulait prouver la légitimité du culte de la croix : c’était une question de raisonnement appuyée sur une question d’érudition. La première a été traitée de main de maître. La seconde consistait à recueillir tous les témoignages de culte rendu à la croix que les monuments de l’Église ancienne pouvaient lui fournir : c’est la tâche dont il s’est acquitté avec autant de succès qu’un théologien de son temps le pouvait faire. Il avait et il montrait autant d’érudition pour le moins que les ministres de Genève, à commencer par son antagoniste La Faye. Il a compulsé et cité tous les auteurs qui pouvaient lui apporter un témoignage qu’il jugeait sérieux. Quant à admettre, comme on le prétend, sciemment et sans scrupule des preuves contestables ; quant à être plus jaloux d’entasser un grand nombre de preuves telles quelles, que d’en établir un nombre suffisant de bonnes, le jugement, la droiture proverbiale du saint, sa conscience et sa vie tout entière protestent contre une pareille allégation. Et puis le livre lui-même est là pour affirmer le contraire. La Faye, dit-on en note, a signalé la fausse indication de certains passages des Pères : sur plus de quatre cents textes il est permis de faire quelques erreurs d’indication. La Faye lui-même est-il infaillible dans ses indications de prétendues erreurs ? La Faye, en effet, s’était décidé à répondre, en deux factums successifs, et assez pauvrement, avec des injures, surtout. Le saint écrivait à ce sujet : < Mes amis n’ont jamais voulu cpie je prisse seulement la peyne de penser a répliquer, tant la responsc leur a semblé indigne. Hz ont creu que mon livre fournissoit asses de défense contre ceux qui l’attaquoient sans que j’y adjoustasse chose du inonde. Lettre à madame de la Fléchère, 23 mai 1600, t. xiv, p. 161. Tout au plus pourrait-on reprocher à cet ouvrage de la jeunesse du saint quelques imperfections de style. Ajoutons que l’JHendewi de l<i croix est non seulement une triomphante revendication du culte de la croix ; niais c’est encore l’apologie éloquente de tout le principe sacramentel, c’est-à-dire de l’usage des choses matérielles dans les rapports entre Dieu et l’homme.

3° Introduction à la vie dévoie, I. m. C’est un manuel d’ascétisme. Il est né du besoin qlie conslala sailli ms de Sales de donner un code simple, court.

pratique de vie intérieure aux âmes qui, vivant au

milieu du monde, se sentent appelées à marcher dans les voies de la piété chrétienne, lue suite d’avis, ou

petits mémoriaux et traités pratiques que le saint

avait donnés par écrit a l’une de ses parentes, M mi de Charmoisy, furent l’occasion, et devinrent le noyau

du livre. Sur les instaures du p. Fourier, jésuite

lorrain en résidence a (hamhérv. le saint arrangea les petits traités en question : il y joi’oiil d’autres mémoriaux composés déjà pour d’autres personnes, parmi lesquelles était sainte Chantai ; d < "ordonna ( t compléta le tout, et le livre parut au commencement