Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
730
731
FRANC-MAÇONNERIE

de la rétractation. Enfin, la S. C. de l’Inquisition a déclaré que l’on ne pouvait absoudre les affiliés aux loges qui, regrettant en paroles leur agrégation, continueraient à fréquenter les réunions condamnées (5 juillet 1837). Un an plus tard, le Saint-Office interrogé répondit que l’absolution octroyée dans ces conditions était non seulement illicite, mais invalide (27 juin 1838).

Le nombre de ces décisions prouve que le Saint-Siège, parfaitement au courant du complot maçonnique, multiplie les moyens de défendre le peuple chrétien contre les assauts d’un ennemi qui sait allier la fourberie à la violence. La sévérité de ces décisions met au grand jour la grandeur et l’imminence du péril, que les sectes font actuellement courir à la société tout entière. Le salut du monde dépendra de la soumission dont les fidèles feront preuve, dans la lutte à mort engagée entre la Franc-Maçonnerie et l’Église catholique.

P. Deschamps, Les sociétés secrètes et la société, 3 in-8°, Avignon, 1871 ; 6e édit. par Cl. Jannet, Paris, 1882 ; Mgr de Ségur, La Franc-maçonnerie ; Revue des sciences ecclésiastiques, 1884-1885 ; Ami du clergé, 1896 ; Études religieuses, 1893 ; Paul Nourrisson, Études sur la Franc-maçonnerie, Paris ; Mgr Delassus, Le problème de l’heure présente, 2 in-8°, Paris, Lille, 1905, 1906 ; Paul Fesch, Dossiers maçonniques, 1905 ; Copin-Albancelli, Le pouvoir occulte contre la France. La conjuration juive contre le monde chrétien, Paris, 1909 ; P. Fesch, J. Denais et R. Lay, Bibliographie de la Franc-Maçonnerie et des sociétés secrètes, Paris, 1912 (en cours de publication). Mentionnons encore les revues antimaçonniques : La Franc-Maçonnerie démasquée (depuis 1884) ; La Revue antimaçonnique (depuis 1910) ; La Revue internationale des sociétés secrètes (depuis 1911).

B. Dolhagaray.

1. FRANÇOIS Jacques, théologien français, né à Varennes (Champagne), mort à Reims le 11 novembre 1639. Il entra à Landsberg dans la Compagnie de Jésus en 1595 et prononça ses vœux solennels en 1614. Reçu docteur en 1619, il enseigna d’abord la philosophie au collège de Dillingen et fut appelé ensuite à l’université de Pont-à-Mousson où pendant vingt-six ans il enseigna avec le plus grand éclat la philosophie, la morale, la théologie scolastique et l’Écriture sainte. Il était chancelier à l’université quand les troubles survenus en Lorraine durant la guerre de Trente ans forcèrent professeurs et élèves de se disperser. Le P. Jacques François mourut à Reims, le 4 décembre 1639, préfet du collège de cette ville. Des divers ouvrages théologiques ou scripturaires du P. Jacques François, il ne reste que le Renversement de la foi par les calvinistes, Pont-à-Mousson, 1629, et Causa salutis infantium adversus infanticidium Tabennense, ibid., 1630.

Abram, Histoire de l’université de Pont-à-Mousson, Paris, 1870, p. 514 sq. ; Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. iiiii, col..937 sq.

P. Bernard.

2. FRANÇOIS Laurent. Il s’agit ici de l’écrivain dont Migne a publié les ouvrages en le désignant sous le nom de Le François : Œuvres complètes de Le François, ex-membre de la congrégation de Saint-Lazare ou des prêtres de la Mission, 2 in-4°, Paris, 1857. Le nom de Le François a été reproduit par Hurter, Nomenclator, 1912, t. v, col. 301. C’est par erreur. Le nom véritable est François : les registres du personnel des lazaristes en font foi et c’est aussi de la sorte que l’auteur a écrit son nom sur ceux de ses ouvrages où il l’a mis.

Laurent François naquit à Notre-Dame d’Arinthod, dans le diocèse de Besançon, le 2 novembre 1698. Il entra dans la congrégation des lazaristes à Paris en 1715. Amené, dit Feller, « à cause de la faiblesse de sa santé à quitter la congrégation il se fixa à Paris où il se consacra à la composition de ses ouvrages. » Il appartenait à cette pléiade d’estimables et honnêtes écrivains qui s’employèrent de leur mieux, au xviiie siècle, à défendre la religion contre les violentes attaques dont elle était alors l’objet de la part des incrédules. François publia successivement : 1° Preuves de la religion de Jésus-Christ contre les spinozistes et les déistes, 4 in-12, Paris, 1754 ; 2e édit., 1784 ; une traduction italienne de cet ouvrage fut donnée à Venise, Prove della religione di G. C. contro i spinosisti e i deisti, in-8°, Venise, 1768 ; 2° Défense de la religion contre les difficultés des incrédules, 4 in-12, Paris, 1755 ; 3° Examen du Catéchisme de l’honnête homme ou Dialogue entre un caloyer et un homme de bien, in-12, Bruxelles et Paris, 1764 ; ce « Dialogue » se trouve dans les œuvres de Voltaire ; 4° Réponse aux difficultés proposées contre la religion chrétienne par J.-J. Rousseau dans l’Émile et le Contrat social, in-12, Paris, 1765 ; 5° Examen des faits qui servent de fondement à la religion chrétienne, précédé d’un court traité contre les athées, les matérialistes et les fatalistes, 3 in-12, Paris, 1767 ; 6° Observations sur la Philosophie de l’histoire et sur le Dictionnaire philosophique portatif, avec des réponses à plusieurs difficultés, 2 in-8°, Paris, 1770 ; c’est à cet ouvrage que Voltaire fait allusion dans son Épître à d’Alembert :

L’abbé François écrit : le Léthé sur ses rives
Reçoit avec plaisir ses feuilles fugitives.

Cette épigramme n’empêcha pas le livre de se répandre et cette petite vengeance montre que Voltaire n’avait pas été insensible aux coups qui lui étaient portés ; 7° Lettre sur le pouvoir des démons, in-4°. Laurent François mourut le 24 février 1782.

Notices bibliographiques sur les écrivains de la congrégation de la Mission par un prêtre de la même congrégation (Édouard Rosset), Angoulême, 1878, p 257 ; Hurter. Nomenclator, t. v, col. 301-302.

A. Milon.

3. FRANÇOIS Louis-Joseph, lazariste, naquit à Busigny, diocèse de Cambrai, en 1751. Il fut employé dans sa congrégation à l’enseignement dans les séminaires dirigés alors par les prêtres de la Mission ou lazaristes. De 1781 à 1786, il fut supérieur du grand séminaire de Troyes. Au mois d’août 1786, il fut nommé supérieur, à Paris, du séminaire Saint-Firmin. précédemment appelé séminaire des Bons-Enfants où saint Vincent de Paul avait établi ses premières œuvres. C’est là que le trouva la Révolution dont les événements furent l’occasion de ses divers écrits, que nous allons mentionner selon l’ordre du temps. Il avait eu précédemment l’occasion de publier un Éloge de Madame de Maintenon, discours prononcé à Saint-Cyr, le deuxième jour de la fête séculaire en 1786, Paris, 1787, et une Oraison funèbre de Louise-Marie de France, carmélite sous le nom de Thérèse de Saint-Augustin, Paris, 1788. Quand la Révolution eut éclaté, dès qu’elle essaya de toucher aux droits de l’Église, il prit position ; à chaque empiétement de la Révolution il répondit par un écrit public : il faisait ainsi connaître son avis aux nombreux prêtres qui l’avaient consulté. Son écrit : Opinion sur les biens ecclésiastiques, s. d., parut lors des lois par lesquelles la Révolution mettait les biens de l’Église à la disposition de la nation. Lorsque fut exigé le serment à la Constitution civile, il publia : Examen de l’Instruction de l’Assemblée nationale sur la Constitution du clergé. s. d. Il refusa lui-même le serment à la Constitution civile et publia alors : Mon apologie, in-8°, 1791. C’est un de ses meilleurs écrits et qui eut du retentissement. Grégoire, évêque constitutionnel de Loir-et-Cher, l’ayant attaqué, François répondit par la Défense de mon Apologie. L’Assemblée constituante voulut écarter de leurs emplois les évêques, curés et autres bénéficiaires