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FRANCK — FRANC-MAÇONNERIE

mande (1569) de ce discours : Dilucida expositio justissimarum causarum, quibus M. Casparus Francus gravissime commolus, a nova lutheranorum secta ad sanctam catholicam et romanam Ecclesiam se converterit, etc., Ingolstadt, 1568. Il y oppose les marques de la véritable Église aux divisions et aux variations des protestants, c. ii-vi. Se réclamer de l’Écriture est de tradition chez les hérétiques : mais les Pères ont interprété dans un sens catholique les textes, par exemple, I Tim., iii, 2 ; iv, dont les luthériens font grand état. « Qui reconnaîtra Luther pour un envoyé de Dieu, quand ce même Luther aux saints Pères préfère Mélanchthon ? » c. viii. Franck redresse ensuite quelques textes patristiques faussés par les protestants, c. ix ; il signale des passages infidèles dans la traduction allemande de la Bible par Luther, c. x, et justifie dans une longue dissertation les usages de la liturgie et de la discipline ecclésiastique, c. xiv. Franck rétracte ensuite ce qu’il avait dit autrefois de la conformité de la doctrine de saint Augustin avec celle de Luther, c. xv, et, au contraire, montre dans la succession des hérétiques la lignée authentique des protestants, c. xvii. Une dispense de saint Pie V permit d’ordonner Franck la même année. Il retourna dans le comté de Haag, où sa vie intérieure, réellement édifiante, lui avait concilié de autorité. Il fut appelé à Munich comme prédicateur, eut la joie de ramener bien des âmes à l’Église, entre autres, ses deux frères. En 1572, il devint curé de Saint-Maurice à Ingolstadt. Il se rendit à Rome au jubilé de 1575 et Grégoire XIII le créa protonotaire ; dans le même voyage, il prit à Sienne le titre de docteur en théologie ; il fut aussi professeur d’exégèse et rector magnifiais à Ingolstadt en 1578 et 1579 ; il mourut le 12 mars 1584. La faculté de théologie fit graver son éloge : tam constans Ecclesiæ fideique romanæ propugnator, quam acer ante fuit lutheri sectator… Sa tombe portait cette simple épitaphe : Veritas vincit.

Il avait composé plusieurs ouvrages de polémique : Kurtzer und beständiger Bericht vom pur lauteren Wort Gottes und Licht des h. Evangelii, Ingolstadt, 1570, 1571 ; Von dem ordentlichen Beruff der Priester and Prediger, Ingolstadt, 1571, ouvrage qu’il dut défendre deux lois, 1573, 1575 ; De externo visibili et hierarchico Ecclesiæ catholicæ sacerdotio, Cologne, 1575 ; De divinis, aposlolicis et ecclesiasticis traditionibus, ibid., 1581 ; Rettung und Erklärung des trident. Concils, ibid., 1582 ; Catalogus hæreticorum, ibid., 1576. Cf. Werner, Geschichte der polemische Literatur, t. iv, passim, et Ræss, t. ii, p. 19.

Hurler Nomenclator, 3e édit., 1907, t. iii, col. 199-202 ; Straber, dans Kirchenlexikon, t. ii, p. 1683-1685 ; Mederer, Annula Ingolstadenses, Ingolstadt, 1782, t. i. p. 312 ; t. ii, p. 84-95 ; Ræss Die Convertiten seit der Reformation, t. iii, p. 15-83 ; Verdière, S. J., Histoire de l’université d’Ingolstadt, Parié 1887, t. i, p. 385-386, 512-515 ; Engerd, Academ. Ingolstad., t. viii. p. 113 sq. ; N. Paulus, Historischpolitisch. Blätter, t. cxxiv (1899), p. 545-557, 617-627.

J. Dutilleul.


2. FRANCK Joseph, théologien dogmatique, né à Margreith, en Tyrol, vers 1638, admis dans la Compagnie de Jésus en 1654. Professeur fort renommé de philosophie, puis de théologie à l’université d’Ingolstadt, il remplit avec beaucoup de distinction et de fermeté la charge de confesseur et de prédicateur à la cour de l’électeur de Bavière. En 1683, il dut accompagner les troupes bavaroises envoyées au secours de l’empereur Léopold dans la guerre contre les Turcs, et mourut à Presbourg, le 9 octobre 1683. Le P. Franck, en dehors de ses ouvrages de spiritualite et de philosophie, a publié deux traités dogmatiques qui font encore autorité : 1° Disputatio theologica de fine ac merito incarnationis Verbi divini, Ingolstadt, 1677 ; 2° Disputatio theologica II de vera in Christum fide ac dignitate meritorum illius, ibid., 1678.

Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. iii, col. 929 ; Hurter, Nomenclator, 1910, t. iv, col. 398.

P. Bernard.

FRANC-MAÇONNERIE. — I. Caractère. II. Doctrines. III. Condamnations portées par l’Église. IV. Obligation de s’en éloigner.

I. Caractère.

But réel et secret, but apparent et avoué.

Dans sa mémorale encyclique Humanum genus, du 20 avril 1884, Léon XIII a nettement caractérisé la Franc-Maçonnerie. Depuis que la malice du démon a divisé le monde en deux camps, dit-il en résumé, la vérité possède ses défenseurs, mais aussi ses adversaires implacables. Ce sont les deux cités opposées : celle de Dieu, représentée par l’Église de Jésus-Christ, avec sa doctrine du salut éternel ; celle de Satan avec sa révolte continuelle contre l’enseignement révélé. La lutte est perpétuelle entre ces deux armées ; avec des alternatives de succès et de revers, d’accalmie et de reprises acharnées. Dans ces derniers temps, c’est-à-dire depuis la fin du xviie siècle, d’où datent les débuts historiques de la Franc-Maçonnerie, les sectes maçonniques ont organisé une guerre d’extermination contre Dieu et son Église, groupant en faisceau tous les éléments impies des diverses sociétés. Déjà, les souverains pontifes avaient précédemment dénoncé à la chrétienté les audaces criminelles de la secte. Léon XIII prit à tâche de démasquer encore plus vigoureusement les trames secrètes, les attentats audacieux, les projets sacrilèges de cette association clandestine.

Le génie malfaisant qui inspire les groupements maçonniques est désormais mis au grand jour. La secte s’est d’abord présentée au public sous les apparences d’une société philanthropique et philosophique. Mais dans l’impudence d’un triomphe obtenu par la complicité des pouvoirs publics, elle a jeté le masque. Elle se glorifie de toutes les révolutions qu’elle a provoquées dans l’univers entier. Comme pour braver l’opinion honnête, l’une de ses deux branches principales en France, le Grand-Orient, s’est constituée en société déclarée et légalement reconnue, sous les titres suivants : « 3 janvier 1913. Grand-Orient de France. Association ayant pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale, la pratique de la solidarité, qui travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. Siège social, rue Cadet, 10, Paris. »

En opposition à ces déclarations hypocrites, tous les documents qui éclairent la marche ténébreuse des loges, les aveux fréquents des complices, les actes de réprobation émanés du Siège apostolique démontrent à l’évidence que les sectes maçonniques sont les adversaires irréductibles de toute autorité divine et humaine, civile ou religieuse. Contre les condamnations qui les atteignaient, les sociétés secrètes ont pour tactique d’opposer l’outrage et la calomnie. A les entendre, ceux qui les dénoncent sont les ennemis du progrès de la civilisation, d’aveugles instruments de l’ignorance et de la tyrannie, ne rêvant que l’asservissement des consciences. Ces clameurs oui jeté la perturbation dans l’esprit des peuples. Les détenteurs de l’autorité publique, qui auraient dû se prémunir contre ces sociétés, à la suite des avertissements solennels de l’autorité ecclésiastique, semblent désarmés par tant d’audace. L’influence de l’Église furieusement battue en brèche par les menées de la Maçonnerie. Les dynasties régnantes ont été renversées en France, en Espagne, en Portugal, en Italie. Sous l’action envahissante des sociétés secrètes qui se rami-