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FLORIN — FLORUS


et se serait écrié, en disant selon sa coutume : « Dieu « bon ! Fallait-il me conserver la vie jusqu’à cette « heure pour souffrir des choses si étranges ! » Et il se fût immédiatement enfui du lieu où il aurait entendu une semblable doctrine. » Quel fut le résultat de l’intervention amicale de saint Irénée ? On peut la présumer par ce qui survint dans la suite. Florin, en effet, loin de se convertir, embrassa la gnose de Valentin. Irénée n’en revint pas moins à la charge, et composa alors un rispi ôyooxSo ;, dont le texte est également perdu, où il devait combattre la théorie des éons de l’ogdoade valentinienne. H. E., v, 20, col. 484. Théodoret prétend, Hser. fab., i, 23, P. G., t. lxxxiii, col. 372, que ce fut à cause de Florin que saint Irénée écrivit contre les gnostiques valentiniens. ("est fort possible, mais on ne s’explique pas alors comment l’évêquc de Lyon n’a pas fait la moindre allusion à ce Florin dans son grand ouvrage contre les hérésies. La chute de Florin a bien pu être l’une des causes occasionnelles, niais ce n’a été ni la plus importante, ni la plus décisive. Florin, en effet, était loin d’égaler la personnalité et le rôle des grands gnostiques du iie siècle, notamment de Valentin. Malgré sa défection et bien qu’il eût entraîné beaucoup de fidèles à sa suite, il n’est pas à croire qu’il ait fondé, comme tant d’autres, une secte de quelque importance. Le fait est que son nom ne se trouve ni sous la plume de saint Hippolyte dans les Philosophoumena, ni sous celle de Tertullicn et du pseudo-Tertullien dans le De præscriptionibus. Et si plus tard saint Philastrius, l’auteur du Prædeslinalus, saint Augustin, Théodoret et Gennade parlent d’une hérésie qui porte son nom, saint Épiphanc la passe complètement sous silence. Il est à croire plutôt qu’une fois chassé de l’Église, Florin en fut réduit à une existence sans prestige et restée sans influence notable, puisque, à pari ce que nous en a appris saint Irénée, on ignore totalement le rôle qu’il joua et la fin qu’il fit. Peut-être s’amenda-t-il, et c’est peut-être la raison pour laquelle son nom, qui est cité à côté de celui du scliismatique Blastus, ne paraît pas dans le pseudo-Tertullien, qui a eu soin de signaler Blastus parmi les hérétiques de la fin du n c siècle. De /trœscript., 53, P. L., t. ii, col. 72.

Busébe, II. E., v, 15, 20, /’. G., t. xx, col 464, 484, 485 ; s Philastrius, De hser., ">7. P. /… t. xii, col. 1172 ; S. Augustin. De lurr, 66, P. L., t. xi. ii, col. 12 ; l’nrileslinaliis, r, 66, /’/.., t. Lin, col. G10 ; Théodoret, llwr. fab., i, 23, P. G., t i.wxiii, col. 372 ; Gennade, De eeel. dogmattmu, 76, P. /..,

I i m. col 998 ; M.issnct. DiSSOiationeS, cliss 1 1, III, n.58,

P C, I vu ; TUlemont, Mémoires pour servir à l’hisl. ceci.

i premier » siècles, Paris, 1701-1709, t iii, p. 61, 90 ;

Migne, Dictionnaire des hérésies, I * : iris. 1 s 1 7, l i, col. 719 ;

KirrlxenlrxiUutx. 2’«  « lit. t. iv. col. 1580, 1581 ; Smith et

ace, Dicttonarn of Christian biography, t. ii, p.5l 1 ; H K >ch,

Ulan urul <ler rômische Presbgter Flortniu, dans Zett i< fur die neulest Wissenschaft, l !)12.p. 59-84 ; K Kast ner, Zur Kontroœrse ùber den angeblichen KeizerFlortnus,

ibiil. p 133-156 ; A Baumstark, ibid., p 306-319

Ci. Bareillb.

    1. FLORUS de Lyon##


FLORUS de Lyon, théologien et poète du ix « sièi le, un des hommes célèbres nés sous le règne de Charlemagne, était originaire, selon les uns, (le la lîour > ii les autres, de l’Espagne. Diacre de PI

de Lyon, il dirigea l’école attachée à la cathédrale

quatre évêques successifs, et les talents comme

le « lu maître v attirèrent les élèves en foule de

ils. Professeur habilee ! renommé, Florus

fut en même temps un écrivain fécond, M a laissé de

nombreux ouvrages théologiques, ayant la plupart an

polémique. Dans son premier écrit, De ele tbiu episcoporum, il réclame, a l’occasion d’une

ordonnance de Louis le Débonnaire en « 22, la liberté

lominations épiscopales, au nom « lu droit cano

nique et de l’histoire. On lui doit aussi une collection de canons et de décrétales, Capitula ex lege et çanone collecta, d’Achéry, Spicilegium, 2e édit., t. i, p. 597, dans le but de lutter contre l’entreprise de l’évêquc d’Autun, Modoin, et d’asseoir l’immunité du clergé tant sur le code théodosien que sur les décisions conciliaires. Florus avait composé dans le même esprit un commentaire sur quelques constitutions de la collection dite d’Angers ; M. Maassen, Sitzung. Berichte der Wiener Akademie, t. xen, p. 301, a retrouvé des fragments de ce travail dans un manuscrit de l’Ambrosiana. Vers 834, le diacre lyonnais publia son livre sur le canon de la messe, De actione missarum ou De expositione misses, compilation savante de passages des Pères de l’Église, et il protesta dans trois, lettres contre l’allégorisme liturgique d’Amalairc de Metz. Il obtint même que le concile de Kiersy-sur-Oise, en 838, censurât l’ouvrage d’Amalairc, De ecclesiaslicis offîciis. Un peu plus tard, quand la théorie prédestinatienne du moine Gottschalk jeta le trouble et la division dans l’Église gallo-franque, Florus, à la prière de plusieurs de ses amis, écrivit, en forme de dialogue, un court opuscule sur la prédestination. Il y admet, dans le même sens que saint Prudence de Troyes, une double prédestination, prædestinalio gemina, l’une au salut, l’autre, non pas au péché, mais à la punition du péché. En tout cas, le libre arbitre de l’homme est hors de conteste ; tantôt récompense, tantôt puni, jamais au fond il n’est nécessité ; toujours il est vrai de dire, sous la réserve du besoin indispensable de la grâce divine, que volantas propria renumeratur, voluntas propria danmatur. L’intervention malencontreuse dans le débat de Jean Scot Érigène provoqua les réfutations indignées de saint Prudence et de l’Église de Lyon. Ces dernières passent en général pour être l’œuvre de Florus. Histoire littéraire de la France, t. v, p. 229 ; Ilefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t.iv, p. 177 sq. ; à rencontre, Schrôrs, Hinkmar von Reims, Fribourg, 1881, p. 118 sq. Avec les écrits précités, tous empreints d’un caractère polémique, Florus a laissé un long commentaire de saint Paul, dont la première partie, encore inédite, forme en douze livres une sorte de chaîne, tirée de douze Pères, mais dont la seconde partie est empruntée uniquement à saint Augustin. Cette seconde partic, où l’on avait cru d’abord reconnaître la main du Vénérable Bède, a été restituée à Florus parMabillon. Vêlera analecta, Paris, 1723, p. 488. Florus fit au martyrologe de Cède nombre d’à Ulilions, qui portent la marque d’une érudition étendue et d’une parfaite sincérité ; l’auteur a le souci de l’exactitude, et les erreurs qui se sont glissées dans son travail proviennent toutes des sources où il a puisé ses renseignements. Acla sanctorum, Prolegom. martii, t. n ; Martyrologtum Bedee, t. vi Junii ; Martyrologium Usuardi, t. xiii ; dom Quentin, Les martyrologes historiques du moyen âge, Paris, 1908, p. 222-408. Dom Pitra, Spicilegium Solesmense, I. i, p. 8, a publié une préface de Florus au traité de saint Irénée Contre les hérésies, et le

cardinal Mai, Scriptorum velerum collectio, t. m / » , p. 251, une lettre à l’abbé Ilyldrad, De emendatione psallerii,

Théologien, Moins s’est aussi révélé et distingué comme poète. Nous possédons de lui nombre de

poésies, successivement exhumées des manuscrits, paraphrases de psaumes, hymnes religieuses, épttres, dithyrambes en vers hexamètres à la gloire de Jésus Christ fiions, entre autres, une complainte énergique

et parfois éloquente sur le démembrement de l’empire

après Louis le Débonnaire. Partout, le style et la versl Beat ion de i loin s témoignent d’un vrai talent poétique

et d’une éducation esthétique peu commune de sou

temps. M mourut, ce semble, vers l’an 860 ; la date de