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FRANCE. ETAT RELIGIEUX ACTUEL


voyant la décadence profonde de la pratique religieuse dans beaucoup de populations rurales, reprennent des raisons d’espoir en assistant, de loin, à tous ces efforts originaux, qui groupent de jeunes et belles énergies. Quant aux sectaires hostiles à l’Église, ils s’en alarment : ils voient cette Église, qu’ils avaient cru séparer de la société civile en la proclamant « séparée » d’avec l’État, se pencher, au contraire, avec une charité ardente, avec un esprit de justice très exigeant et très précis, sur les misères économiques de la société dans laquelle elle vit et qu’elle est appelée à mener à Dieu. L’action sociale de l’Église de France rouvre ainsi à l’influence de cette Église les profondeurs du monde laïque : on s’était flatté de l’en exiler par une loi ; avec un programme social dont l’Évangile définit l’esprit et dont les enseignements pontificaux tracent les grandes lignes, elle a repris sa place au soleil. D’une brève formule, on’oppose parfois au curé du concordat — facilement traité de fonctionnaire — celui qu’on appelle le « curé de la séparation » : c’est un nouveau venu, tout à fait insouciant des intérêts terrestres, indifférent aux contingences politiques, uniquement préoccupé de se mettre à la disposition des foules comme serviteur des serviteurs de Dieu. Et ce qui est très glorieux pour l’Église de France, c’est l’aisance tout apostolique, c’est l’allègre désintéressement, c’est l’énergie joyeuse et féconde avec laquelle les « curés du concordat » , sans se sentir brisés, ni même dépaysés, sont devenus les « curés de la séparation » .

XVL Les missions catholiques. — La charité française subvient à l’entretien des missions avec une sollicitude digne d’être relevée. La Propagation de la /oi, fondée à Lyon en 1822, recueillait en 1911, sur les 7274 226 francs de son budget, 3025 788 francs en France. La Sainte Enfance, œuvre d’origine française, elle aussi, destinée au salut des petits Chinois, avait, en cette même année, un budget de 4029333 francs, dont 834. Il francs venaient de France ; l’Œuvre des Écoles d’Orient, un budget de 308841 francs dont 281726 fournis par la France. Le Séminaire des missions étrangères a organisé une Œuvre des partants, qui fournit des trousseaux et des objets de culte aux jeunes missionnaires en partance ; une œuvre pareille existe pour les Pères du Saint-Esprit. L’Œuvre apostolique, dont le siège social est à Paris, a secouru en 1912 2000 missionnaires. Si l’on se reporte à certains chiffres budgétaires antérieurs, on voit qu’en 189X la France donnait, pour la Propagation de la foi, 1077085 francs, soit plus de 1 million de plus qu’aujourd’hui et, pour la Sainte Enfance, 1094O02 francs, soit prés de 200 001) francs de plus qu’aujourd’hui On constate Inversement que, dans la seule’l, l’Allemagne (y compris l’Alsace-Lorrainc) a donné à l’œuvre de la Sainte Knfance une somme de I 557077 francs.

chiffres, obligeamment communiqués par le secrétaire général 0c la Propagation de la foi, M. Guasco, montrent que les sacrifices Imposés aux catholide France par la séparation des Églises et de ! oui eu, fatalement, une répercussion fâcheuse sur le montant des générosités destinées aux missions. .1 effet néfaste, pour les missions, lois antireligieuses publiées au début Ou w lu..il en iooi a 7 7 1.-, i, . nombre des rell Ole nombre des religieuses ayant dévoué leur res françaises fie missions. Le* loi

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caractère, au plus grand détriment de l’influence française.

Le recrutement des missions est d’ailleurs assuré, dans une certaine mesure, par quelques œuvres fondées à cette fin : l’Œuvre des écoles apostoliques, fondée à Avignon en 1865 par le P. de Foresta, de la Société de Jésus, entretient 3 écoles pour la formation de missionnaires ; les assomptionnistes, pour assurer leur recrutement, ont formé l’Association de Notre-Dame des vocations ; les missionnaires du Sacré-Cœur, la Petite œuvre du Sacic-Cœur pour les vocations sacerdotales et apostoliques, actuellement établie à Fribourg (Suisse). Mais ce qui importe pour que le recrutement demeure français et pour qu’aucun changement ne se produise dans la direction même de certaines missions, c’est que ces grandes sociétés d’actif dévouement qui rayonnent, pour la France, hors de la France, retrouvent, en France même, des garanties de liberté et d’équité.

Les Missions étrangères, les lazaristes, les Pères du Saint-Esprit, et les Pères blancs ou missionnaires d’Alger ont encore en France, par décret du conseil d’État, une existence légale.

La Société des Missions étrangères françaises, fondée en 1663, ne tomba pas sous le coup de la loi contre les congrégations : elle évangélise la Birmanie septentrionale et méridionale, le Cambodge, la Cochinchine, le Laos, leTonkin, Coïmbatour, Mayssour, Pondichéry, Kumbakonam, le Siam, la Malaisie, le Japon, la Corée, le Kouang-Si, le Kouang-Tong, le Kouy-Tchéou, le Su-Tchuen, le Yunnan, le Thibet, la Mandchouric. Le dernier recensement quinquennal de l’état de ces missions et des résultats qu’elles’ont obtenus date de 1910. L’ensemble des populations parmi lesquelles elles s’éparpillent est approximativement de 230 732 000 habitants, sur lesquels il y a 1500522 catholiques, parmi lesquels les missionnaires avaient enregistré 3 282 600 confessions et 4 752 300 communions. Les Missions étrangères possédaient, en 1910, 5 688 églises, 39 évoques, 1354 missionnaires, 839 prêtres indigènes, 3185 catéchistes, 45 séminaires, 2174 séminaristes ; dans les territoires relevant de leur apostolat, il y avait 31 communautés d’hommes contenant 345 religieux, et 228 communautés « le finîmes groupant 4 170 religieuses. Ce recensement accusait pour l’année 1910 : 32550 baptêmes d’adultes païens, dont 8492 in articula mortis ; 138551 baptêmes d’enfants païens in arliculo mortis, 57 7 10 baptêmes d’enfants de chrétiens, et 331 conversions de chrétiens venus du protestantisme. Dans leurs I 53 I écoles, les Missions étranélevaient 139 128 élèves. Elles possédaient aussi 361 crèches ou orphelinats avec 15512 enfants, 104 ouvroirs et ateliers avec 3091 enfants, 497 pharmacies ou dispensaires, 120 hospices, hôpitaux, léproseries.

Les lazaristes, fondés en 1632, dont l’influence à Constantinople est très propice aux intérêts français, ont des missions en Abyssinic. au Kiang-si, au Tché-Ly septentrional et sud-ouest, au Tché-Kiang, en Perse. au sud de Madagascar.

Les Pères du Saint-Esprit et du Saint-Cœur de-Marie, congrégation formée en ISIS par la fusion des du Saint-Esprit, fondés en 170 : t, et îles l’eres du Cœur de Marie, fondés en 1841, évangéUsent la Cimbébasie supérieure, le Pas Congo, le Congo français, le

Gabon, la Guinée française, le Bas-Niger, le Sénégal

cl la Sénégambie, Sierra-Leone, Bagamoyo, l<- Zanguebar septentrional, Madagascar-Nord, Mayotte,

N’ossi-Pé. les Comores. Us avaient, en 1007. dan

diverses régions, 90684 fidèles, 294 prêtres ci a élèves.

Missionnaires d’Alger dits Pères blancs, fondés en 1868, évangélisent Ghardaia, le Soudan français, le Haul Congo, le Victoria Nyanza, l’Ounynn-