Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée
651
652
FRANCE. ÉTAT RELIGIEUX ACTUEL


conseiller prud’homme contre l’un des meneurs de la Confédération générale du travail. Le Syndicat s’occupe de promouvoir en province l’existence de sections ou de syndicats nationaux, pouvant être le noyau d’une fédération des syndicats d’employés catholiques français.

L’organisation dite de l’Aiguille, association professionnelle de patronnes et d’ouvrières de la couture, eut la première initiative de la création de certains restaurants pour ces ouvrières.

Les syndicats d’ouvrières, d’employées, d’institutrices, de gardes-malades, et le Syndicat du ménage, dont les trois premiers datent de 1902, forment l’Union centrale des syndicats professionnels féminins de la rue de l’Abbaye ; ils englobent, d’après le rapport du 19 janvier 1913, 5 514 travailleuses ; l’Union a fondé 44 sections syndicales dont 25 à Paris ; elle a un organe qui s’appelle la Ruche syndicale. Les syndicats féminins fondés en novembre 1908 à l’impasse Gomboust, à Paris, comptent déjà 400 syndiquées et ont organisé un réchaud pour 50 jeunes ouvrières. Les tentatives de syndicalisme catholique féminin essayées à Lyon par Mlle Rochebillard, à Grenoble par Mlle Poncet, ont pris une importante extension. Enfin un essai tout récent, fait à Paris par des initiatives catholiques pour syndiquer les ouvrières travaillant à domicile, paraît appelé à une sérieuse efficacité.

XIV. L’action sociale de l’Église par les organisations d’enseignement social. — Depuis le début du xxe siècle, deux institutions se sont organisées, où les catholiques de France trouvent lumière et force pour leur action sociale. D’une part, l’Action populaire de Reims, fondée au début de 1903, multiplie les brochures sur les questions économiques ; elle publie annuellement un Guide social et, depuis 1910, une Année sociale internationale ; elle édite un Manuel social pratique, des recueils de monographies d’œuvres sociales ; elle a inauguré en 1907 des Feuilles sociales destinées à la propagande populaire ; elle publie des feuilles volantes : Plans et documents, destinées aux cercles d’études, des revues populaires intitulées : Revue de l’Action populaire, Peuple de France, la Vie syndicale, enfin une revue doctrinale : le Mouvement social. Elle dépêche des émissaires dans les divers congrès diocésains pour entretenir les auditeurs des besognes sociales et religieuses qui sont à accomplir ; il y a là un centre très curieux, très riche d’initiatives, d’où s’essaiment toutes sortes d’idées, et où s’équipent des bonnes volontés, pour se mettre à la disposition des œuvres catholiques. On calculait en 1. Il que les représentants de l’Action populaire avaient déjà paru dans près de 200 congrès. Puis, à partir de 1907, les directeurs de cette œuvre organisèrent eux-mêmes des congrès : congrès généraux de l’œuvre en 1907 et 1911 ; journées sacerdotales de 1909 et 1912 ; journée d’action féminine en 1910 ; journées syndicales ouvrières en 1911 ; semaine de directeurs des œuvres diocésaines en 1912 ; à cette dernière semaine parurent des prêtres de 27 diocèses, qui, huit jours durant, s’éclairèrent et se fortifièrent mutuellement. On peut dire que c’est dans des réunions de ce genre, discrètes mais fécondes, que s’élabore et que se mûrit la vie cachée de l’Église de France et que se concertent les prochaines actions sociales. D’autre part, les Semaines sociales qui, depuis 1904, se tiennent, chaque année, en un coin de France, promènent ainsi, d’un bout à l’autre du pays, l’enseignement de la doctrine catholique sur le problème social, l’enseignement des méthodes catholiques pour le relèvement des masses, et un enseignement plus pratique, plus local, destiné à approprier aux besoins ou aux détresses de la région où se tient la Semaine les principes du catholicisme social. On a vu s’inaugurer dans

i la région de Lyon, en 1911, des semaines sociales agri[ coles, où une soixantaine de jeunes gens, destinés à être, dans leurs villages, les meneurs de l’action sociale et les représentants de l’idée catholique, venaient s’instruire et s’exercer. Les congrès annuels de l’Association catholique de la jeunesse française, qui compte 120000 membres, mettent toujours à l’étude une question sociale : c’était, en 1912, celle de l’organisation professionnelle. Certains congrès diocésains, spécialement à Paris, s’assignent parfois un programme social : la question du logement ouvrier, par exemple, occupa le congrès de 1912. Et la Société immobilière de la région parisienne, grande bâtisseuse d’églises, a, peu de temps après ce congrès, décidé d’augmenter son capital en vue de construire des maisons ouvrières à proximité de deux des églises qui lui appartiennent. Les comités paroissiaux déjà constitués dans un grand nombre de paroisses parisiennes sont invités par l’archevêché à faire l’étude des conditions sociales de leur quartier et à recueillir ainsi, pour leur pasteur, les éléments d’une carte sociale de Paris.

Enfin une institution fort importante, à l’imitation des secrétariats sociaux qui fonctionnent en Belgique, a été inaugurée à Paris en 1908 : c’est le secrétariat social de Paris, dont on peut rapprocher d’autres secrétariats fonctionnant à Arras, Angers, Lyon, Toulouse, La Roche-sur— Yon, Rennes, Marseille, Besançon. Le secrétariat social de Paris est un office de renseignement, un centre de documentation, en même temps qu’un foyer d’initiative à la disposition des œuvres et organisations catholiques de la région parisienne.

Son activité se partage entre divers services : 1. Documents et renseignements : constitution de dossiers sur les questions sociales et économiques, à l’usage des conférenciers et directeurs de cercles d’études ; renseignements bibliographiques ; renseignements sur les diverses œuvres ou organisations sociales et économiques ; 2. Enseignement social populaire : conférences, journées sociales, tracts ; 3. Contentieux des œuvres et institutions sociales : rédaction et revision de statuts ; consultations juridiques pour la création et le fonctionnement des œuvres sociales ; application des lois sociales (réglementation du travail, assistance aux vieillards, retraites ouvrières…) ; 4. Créalion d’œuvres et d’institutions sociales : associations populaires, mutualités, syndicats professionnels, institutions de crédit, etc. ; 5. Propagande pour les réformes sociales ; repos dominical ; protection des femmes et des enfants ; habitations à bon marché, etc.

Le service du contentieux a donné 220 consultations en 1910, 235 en 1911, 159 pendant le premier semestre de 1912.

La section d’Enseignement social a donné 90 conférences en 1910, 150 en 1911, 35 pendant le premier semestre de 1912. Elle a organisé trois journées sociales à Plaisance, à Ménilmontant et aux Grandes-Carrières ; deux autres journées sociales ont été spécialement réservées aux œuvres et organisations féminines. Elle a rédigé et répandu des tracts de propagande sur le repos dominical, les habitations à bon marché, l’organisation syndicale. Chaque mois, elle publie une Correspondance qui procure aux journaux, bulletins, revues des œuvres et associations catholiques, des articles sur les questions économiques et sociales ainsi que des informations sur les divers mouvements sociaux et les initiatives des différents groupements.

Enfin, le Secrétariat social, d’accord avec les organisations féminines existantes, a créé un Office du travail féminin, centre spécial de renseignements pour ces organisations professionnelles.

XV. Conclusion. — Les pauvres curés isolés au fond des campagnes, qui ont le droit de s’attrister en