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FORNICATION — FORTUNAT (SAINT)

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un empêchement dirimant du’mariage, celui-ci deviendrait impossible. Par exemple, si le séducteur venait à contracter mariage avec une autre. La solution changerait si l’empêchement était prohibant ; le coupable devrait en demander dispense, attendu qu’il est obligé de réparer sa faute, en recourant, du moins, aux moyens ordinaires. Il n’est nullement tenu de réparer sa faute par le mariage, malgré sa promesse, si les parents de l’un ou l’autre parti s’y opposent : si, en contractant cette union, il a à redouter des haines, des rixes, de graves dangers. Ce qui est suffisant pour rompre la promesse des fiançailles suffit à dégager de cet engagement d’épouser semblable personne. Les auteurs ne sont pas d’accord pour dévider si l’homme, lié par vœu simple, est tenu d’en demander dispense, pour remplir la promesse matrimoniale faite à une personne séduite. Il lui suffit de réparer le mal qui en résulterait pour cette personne, de la meilleure façon possible. Dans le cas où un enfant serait né de ces relations volontairement consenties, le père doit pourvoir à ses besoins, sinon pendant les trois premières années, du moins après, jusqu’à ce que l’enfant puisse se suffire à lui-même. Si la mère ne peut soigner l’enfant même durant le premier triennat, ou bien si elle a été violentée, le coupable est obligé, en conscience, de pourvoir à tous les frais, depuis le premier jour.

S. Thomas, Sum. theol. II’.II", q. cliv ; Billuart, Cursus theol., tr. De temperanlia, diss. VI, De speciebus luxuriæ ; S. Alphonse de Liguori, Theol. moralis, 1. III, De sexto et nono preecepto, n. 432 sq. ; Sanchez, De sancto matrimonii sacramento, 1. I, disp. IX, n. 42, 4.6, 49, 55, 70 ; 1. VII, disp. XIIIXV ; 1. IX, disp. XV ; Sceller, In sextum Decalogi prteceptum ; Bouvier, Disserlatio in sextum ; Esehbich, Disputationes phys.-theol. ; Vincent, Tractatus de peccatis lixuriæ ; Dagorne, Tractatus de castitate et luxuria ; Craisson, De sexto ; Mayol, Summa moralis circa decem Decalogi prœcepia ; Bonacina, De matrimonii sacramento, q. iv ; Ncël Alexandre, De peccatis ; Cajétan, In S. Thomse Summum ; Opusc, CLIV, De mollitie ; Marc, Inslitutiones morales alphonsianæ, 9e édit., Borne, 1E08, t. i, p. 529-532 ; Ballerini-Palniieri, Opus Iheologicum morale, Pralo, 1890, t. ii, p. 707-712 ; A. Lchmkuhl, Theologia moralis, 5e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1883, t. ii, p. 520, 620.

B. DOLHAGARAY.

    1. FORSTAL Marc##


FORSTAL Marc, religieux augustin, né en Irlande, appartint à la province autrichienne^ de l’ordre et mourut évêque de Kildare en 1683. On a de lui : Gratiee Dei enchiridion ad sex ultimas quæstiones I x II J S. Thomas, Prague, 1658.

Ossinger, Bibliotheca augustiniana, Ingolstadt, 1768, p. 363, 364 ; Lanteri, Postrema sœcula sex religionis augustinianæ, Borne, 1860, t. iii, p. 173 ; Hutler, Scriptores ordinis eremitarum S. P. Augustini germani, dans Revisia agustiniana, 1884, t. vii, p. 1138 ; Hurter, Nomenclator, t. iv, col. 374 ; Belkshîim, Geschichle der kaih. Kirche in Irland, t. il. p 6-6.

A. Palmieri.

    1. FORTI Jean-Bernard##


FORTI Jean-Bernard, augustin, né à Savone, mort en 1503. On a de lui : 1° Vocabularium ecclesiasticum coadunatum et dispositum a paupere sacerdote Christi, Mayence, 1470, qui a eu un grand nombre d’éditions et a été traduit en italien, Venise, 1541, 1615 ; 2° Fons charitatis, Milan, 1496 ; c’est un commentaire du Cantique des cantiques ; 3° Rccollectorium de verilale conceplionis B. V. Mariée.

Giustiniani, Gli scrittori liguri, Borne, 1667 ; Hurter, Nomenclator, t. ii, col. 1139.

A. Palmieri.

    1. FORTUNAT (Saint)##


1. FORTUNAT (Saint). — I. Vie. II. Œuvres. I. Vie.

Venantius Honorius Clementianus Fortunatus, l’un des poètes les plus admirés au vie siècle dans la Gaule, naquit vers 530 près de Ceneda, dans le Trévisan, à l’est de la HauteItalie. Ce fut à Ravenne qu’il reçut son éducation littéraire ; avec

la grammaire et la rhétorique, il y étudia le droit ; mais la philosophie et la théologie n’étant pas apparemment de son goût, il ne s’y adonna point, et jamais il ne sera très au fait ni de l’une ni de l’autre de ces sciences. Par contre, sur les bancs mêmes de l’école, il s’essaiera déjà dans la poésie. Menacé par une ophtalmie de perdre la vue, Fortunat fut guéri par l’intercession de saint Martin de Tours, en frottant l’œil malade de l’huile d’une lampe qui brûlait devant l’image du thaumaturge, dans une église de Ravenne. Aussi, vers 565, peu avant la grande invasion des Lombards et la désolation du nord de l’Italie, par reconnaissance sans doute, il résolut d’aller vénérer le tombeau glorieux de saint Martin. Il nous apprend lui-même, d’une manière très exacte et très détaillée, quelle fut la direction de son itinéraire ; c’est plus le voyage d’un touriste que celui d’un pèlerin. D’abord, franchissant les Alpes, Fortunat s’avança, on ne sait trop pourquoi, vers les bords du Danube ; puis, il traversa le pays alémannique, c’est-à-dire la Souabe, et s’arrêta en Austrasie, auprès du roi Sigebert I er, qui, nonobstant sa barbarie native, se piquait, comme la plupart des rois mérovingiens, d’apprécier et de protéger les lettres. On était à la veille du mariage de Sigebert et de Brunehault, fille du roi des Visigoths d’Espagne, Athanagild. L’épithalame enthousiaste, où l’émigré italien célébra les deux époux, lui valut d’emblée, avec la faveur de Sigebert, la réputation d’un grand poète ; il fut le poète attitré de la cour, voué à en célébrer les aventures et les plaisirs. Un an ou deux après, soit lassitude, soit inconstance naturelle, Fortunat quittait l’Austrasie et descendait jusqu’à Tours lentement, à petites journées, se plaisant à frapper d’étape en étape à la porte des personnages considérables, évêques ou laïques, se ménageant auprès d’eux, à force de souplesse et de savoirfaire, un accueil empressé, payant son écot à ses hôtes avec les flatteries de ses vers. Au terme de son voyage, à Tours, il se lia d’une étroite amitié avec l’évêque de cette ville, Euphronius. Mais ni Euphronius ni le tombeau de saint Martin ne purent longtemps le retenir. Il reprit le bâton du voyageur, et, pendant plusieurs années, on voit Fortunat, à la façon des troubadours du moyen âge, parcourir de foyers en foyers tout le midi de la Gaule.

Une visite qu’il fit, à Poitiers, au célèbre monastère de Sainte-Croix, fondé plus de quinze ans avant par sainte Radegonde sous la règle de saint Césaire d’Arles, et gouverné par sa fille adoptive Agnès, décida du reste de sa vie. L’accueil de Radegonde et d’Agnès, les égards, les soins et surtout les louanges dont Fortunat se vit comblé par elles, eurent raison de son humeur vagabonde et le déterminèrent à s’établir définitivement à Poitiers. Fortunat était alors laïque ; à la prière de ses deux pieuses amies, qu’il appellera du nom de mère et de sœur, et auxquelles il témoignera parfois une affection passionnée, il prit les ordres et devint prêtre. Il vécut désormais d’une vie tranquille à côté du monastère de Sainte-Croix. chapelain, conseiller, agent de confiance, intendant, secrétaire de la reine et de l’abbesse, exerçant, à tout prendre, sur les affaires et sur les âmes du cloître une influence presque absolue. Il était aussi en correspondance fréquente et familière avec tous les grands évêques, les Grégoire de Tours, les Félix de Nantes, les Germain de Paris, les Avit de Clermont, les Lcontius de Bordeaux, avec tous les hommes d’esprit de son temps. Sept ou huit ans après la mort de sainte Radegonde, il fut élevé sur le siège épiscopal di tiers, où il ne fit que passer, et y mourut en odeur de sainteté, au milieu des regrets universels, le 14 décembre 600.

II. Œcvres. — Poète à la fois et prosateur, c’est