Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée
47
48
FLORENCE (CONCILE DE)


et seplem sacramentis. Tour à tour le pape donne aux Arméniens le symbole de Nicée-Constantinople avec le Filioque, symbole qu’ils devront dire à la messe les dimanches et jours de fête ; un enseignement fondé sur les conciles ayant pour objet les deux natures et les deux volontés en Jésus-Christ, l’explication de la conduite de Léon le Grand dans les affaires théologiques de son temps et par là la nécessité d’accepter le concile de Chalcédoine comme IVe concile œcuménique et l’obligation de recevoir avec vénération les décisions des conciles célébrés sous l’autorité du pape ; la doctrine catholique sur les sacrements, Denzinger-Bannwart, n. 695-704 ; le symbole dit de saint Athanase ; enfin le décret du concile de Florence et une liste de certaines fêtes que désormais les Arméniens devront célébrer à la façon des latins.

Ce décret, appelé Exullale Deo, n’eut en ses applications pratiques aucun lendemain. Quand les délégués rentrèrent chez eux, le patriarche Constantin était mort, l’Arménie livrée à ses conquérants et l’unité hiérarchique pour longtemps détruite. Voir Arménie, t. ii, col. 1904. C’en était fait de l’union.

b) Les jacobiies. — Le 26 avril 1441, Eugène IV annonça au concile qu’un nouveau succès allait s’ajouter à ceux qu’il avait remportés avec les grecs et les Arméniens. Des envoyés du roi d’Ethiopie arrivaient à Florence pour y recevoir la foi romaine. Eugène IV, en effet, avait envoyé, le 28 août 1439, Albert de Sarziano (voir Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. i, col. 1554) à « l’empereur des Indes » Thomas et à « l’empereur d’Ethiopie » le prêtre Jean, pour les amener à l’union. Albert était chargé d’un semblable message pour les coptes. Après s’être rendu à Jérusalem, il passa en Egypte et ramena à la foi les jacobites, tandis que d’autres religieux mineurs allaient dans le même but aux Indes et en Ethiopie. Ce fut par l’intermédiaire d’Albert de Sarziano qu’André, abbé du monastère de Saint-Antoine en Egypte, accompagné du diacre Pierre, se présenta au concile de Florence, le 31 août 1441, où il lut, en séance publique, la lettre de soumission de son patriarche, Jean d’Alexandrie, qui reconnaissait sans discussion la primauté de juridiction du pape. Le 2 septembre, ce fut le tour de l’envoyé de l’abbé de Jérusalem, Nicodème, chef des jacobites de Palestine, d’être solennellement reçu. Il se présenta comme délégué de Nicodème et du roi d’Ethiopie, lut, au nom de son souverain, un discours, remit, au nom de l’abbé de Jérusalem, une lettre pour le pape et, le 4 février 1442, l’union fut solennellement conclue à Santa Maria Novella avec les jacobites. Le décret Cantate Domino, destiné à sceller cette union, est, lui aussi, un véritable traité de théologie auquel on a ajouté les décrets d’union avec les grecs et les Arméniens, puis un paragraphe sur les paroles de la consécration achevée avec les paroles de Jésus-Christ qu’on inséra, parce que, « dans le décret pour les Arméniens, on ne parle pas de la forme de la consécration. « Voir Épiclèse, t. v, col. 258-260. Enfin le pape déclare que les quatrièmes noces ne sont pas interdites. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 703-715. Le décret fat lu en latin et en arabe et signé d’Eugène IV et de douze cardinaux. Voir t. v, col. 941-942.

3. Translation du concile à Rome.

Indépendamment

de ces grands événements qui l’occupèrent, le concile avait assisté, le 18 décembre 1439, à la création de dix-sept cardinaux, parmi lesquels Bessarion, Isidore de Kiev et Torquemada, et vu avec effroi l’élection de Félix V au souverain pontificat. Moins que jamais il ne pouvait être question à cette heure, en présence d’actes schismatiques aussi graves, d’une séparation. Il fallait de toute nécessité que le concile continuât à siéger. Il le fallait d’autant plus que les

souverains occidentaux se montraient très froids à l’égard de l’antipape, se rapprochaient d’Eugène IV et demandaient un nouveau concile qui se tiendrait soit en Allemagne, soit r en France. Or, de cela Eugène IV ne voulait pas entendre parler et le meilleur moyen d’éviter une nouvelle reprise du concile de Bâle était incontestablement de maintenir le synode de Florence. Avec raison il pensait qu’il n’y avait aucune question de droit ou de fait, aucune affaire doctrinale que le concile ne pût résoudre. Il était à même de répondre à tous les doutes, à tous les désirs de la chrétienté.

C’est probablement pour donner plus d’autorité au concile et étouffer dans l’œuf le « concile-arbitre » qu’on voulait lui imposer que, profitant des circonstances, libre de retourner à Rome et d’y jouir des revenus de l’Église, Eugène IV annonça dès le 26 avril 1441, en session générale, qu’il allait, avec le consentement des Pères, transférer le concile au Latran. Parmi les raisons qu’il alléguait, la première était la dignité du lieu. Le pape avait, en outre, l’intention de lancer un solennel appel à tous les évêques et à tous les princes de la catholicité.

III. Rome (26 avril 1443-7 août 1445). — Eugène IV quitta Florence, le 7 janvier 1443, pour Rome, suivi des Pères assemblés en concile. Nous sommes très mal renseignés sur ce qui se passa durant les deux années pendant lesquelles le concile continua à siéger. Nous ne connaissons, en effet, que deux sessions solennelles, l’une du 30 septembre 1444, l’autre du 7 août 1445 ; nous ignorons comment le concile fut dissous et tout ce que les documents nous apprennent c’est que les Pères reçurent encore dans l’union quelques communautés orientales qui, un peu par esprit d’imitation, beaucoup par nécessité devant l’imminence du péril turc, vinrent faire leur soumission.

l°jLes Bosniens. — La Bosnie était depuis longtemps travaillée en tous sens par le schisme oriental et l’hérésie manichéenne des pauliciens ou bogomiles. Voir t. ii, col. 1043. En 1443, le roi Etienne envoya à Rome un ambassadeur annoncer au souverain pontife qu’avec sa famille et nombre de magnats il se rangeait sous l’obédience romaine et demandait pour lui et son peuple l’union. Là, du reste, comme ailleurs, l’union fut sans durée. Les Turcs envahirent le pays et dispersèrent les chrétiens. Au surplus, nous ne savons rien des détails qui marquèrent cet événement. Le fait seul de l’arrivée d’un ambassadeur nous est attesté par une lettre datée du 1 er octobre 1442 (1443), écrite à Rome par le secrétaire du roi de Chypre, le chancelier Benoît degli Ovetarii deVicence, que Martène nous a conservée, et par la mention que fait des Bosniens Eugène en avril 1444, dans sa lettre encyclique à la chrétienté, quand il dit : Post graves exspensas diulinosque labores a nobis perpessos, in Grœcorum unione primum, et posiea in Armenorum, Jacobilarum, Maronitarum, Ethiopum, BOSHBNSIUH et aliorum…

Les Mésopotamiens.

 Dans une autre lettre

datée du 30 septembre 1444, Eugène IV rapporte que l’archevêque d’Édesse, Abdala, vint à Rome comme légat du patriarche syrien Ignace, pour sceller l’union au nom des peuples habitant entre le Tigre et l’Euphrate. Ces Orientaux erraient sur trois points : ils avaient la même doctrine que les grecs touchant la procession du Saint-Esprit ; ils étaient, en outre, monophysites et monothélites. Abdala, en présence d’une congrégation de cardinaux et de théologiens, accepta la foi romaine et adhéra aux décrets concernant les grecs, les Arméniens et les jacobites. L’union fut ensuite proclamée solennellement en séance conciliaire. C’est à l’occasion de cette nouvelle victoire qu’Eugène IV publia la lettre Mulla et