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FLORENCE (CONCILE DE)


voulu voir là, bien à tort, une falsification de la cour romaine. Voir, à ce sujet, Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. xi, p. 473 sq. ; Tunnel, Histoire de la théologie positive depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, t. ii, p. 377. La bulle se termine par la confirmation du rang et des privilèges des patriarches.

Après la proclamation de l’acte d’union, les grecs ne songèrent plus qu’à quitter Florence le plus rapidement possible. L’empereur et sa suite partirent le 26 août par Venise. Beaucoup l’avaient précédé. Dans l’espace de temps qui sépara la proclamation du départ, les latins essayèrent de reprendre sur des points secondaires la discussion avec les grecs. Outre quelques questions d’ordre liturgique sans importance, ils demandèrent la raison pour laquelle les grecs acceptaient le divorce et la raison pour laquelle ils n’élisaient pas leur patriarche à Florence. Le pape aurait voulu, en réalité, obtenir un triple résultat : 1° l’abolition du divorce ; 2° la punition de Marc d’Éphèse ; 3° l’élection sous ses yeux du futur patriarche. Ce fut en vain. Les évêques répondirent au pape que les mariages n’étaient dissous que pour des raisons sérieuses ; que Marc d’Éphèse devait uniquement se justifier ; que c’était la coutume que le patriarche fût élu par tout le patriarcat et fût sacré à Sainte-Sophie. L’empereur, du reste, fit défense aux évêques de discuter ces questions, ce qui fit qu’Eugène IV et les latins ne revinrent pas à la charge. Enfin on se quitta après avoir, à l’amiable, tranché la question des évêques grecs et latins dans les diocèses grecs. Il y avait, en effet, en divers pays des diocèses de langue, de tradition, de rite grecs, qui cependant avaient, outre l’évêque grec, un évêque latin. C’était, entre autres, le cas pour Venise qui avait sous sa domination de ces évêchés-Ià. Les grecs auraient voulu l’abolition pure et simple de l’évêché latin, ce que le pape refusa ; il fut décidé que, dans ces diocèses gréco-latins, si l’évêque latin mourait le premier, le siège passerait à Constantinople ; si c’était le grec, le siège passerait à Rome. Ce fut la dernière affaire qui se discuta avant le départ des grecs.

2° Le concile de Florence du 26 août 1439 au 26 avril 1442. — Le concile, avec le départ des grecs, n’était pas pour cela terminé. On se rappelle que la bulle de translation du concile de Bâle à Ferrare indiquait que h ois questions devaient être traitées en Italie : l’union, la réforme de l’Église, le rétablissement de la paix parmi les peuples chrétiens. Il en résultait donc, d’abord, que le concile n’avait point achevé sa tâche, la question grecque tranchée, ensuite que, même après le départ de l’empereur, le concile de Florence représentait toujours la continuation de celui fie Bâle et de Ferrare, tous n’en faisant qu’un. C’esl pourquoi, aussi, il faut maintenir à la seconde partie du concile de Florence son caractère d’eccuménicité, malgré l’avis contraire de quelques théologiens. Deux affaires Importantes oerupèrent le concile dînant les deux ans et demi qu’il résida sur les bords de l’Arno : le schisme de Bâle et l’union avec itn i ii orientales.

1. I.c schisme de Hâte. — Depuis l’ouverture du Il de Florence, le concile de Bflle avait rapidement marché dans la voie du schisme. Le 25 juin 1439, Il avait d( r et l’avait déclaré hérétique

obstii Bali (Concile de), t. n. col 123 sq

nov< mine, n allaii faire un pas de plus en élisant tmédée de Savoie, qui fut reconnu le 17 novembre dans la xxxix’session, Défa Au souci grec,

ida alors à agir énerglquement

I 139, il annula toutes les décisions prises à Bâle depuis la publication de la bulle ])<< l/cntium et le i septembre, dans la première réunion

conciliaire qui se tint à Florence après le départ des grecs, le pape publia la constitution Moyses pour flétrir « l’impiété bâloise » et réfuter les trois prétendues veritales fidei calholicæ votées le 16 mai. Nettement il condamnait la théorie du concile supérieur au pape et s’élevait avec vigueur contre la « violence diabolique qui avait poussé quelques évêques à déposer le souverain pontife. » Tous les participants au « nouveau brigandage d’Éphèse > étaient déclarés hérétiques et excommuniés. Malgré tout, cependant, et jusqu’à Florence en la personne du cardinal Cesarini, la théorie de la suprématie du concile sur le pape avait des adhérents. Aussi Eugène IV. avant de condamner formellement la phrase : « La supériorité du concile sur le pape, déclarée à Constance et à Bâle, est une vérité de foi, » phrase que contenait le décret de Bâle du 16 mai 1439, voulut-il instituer à ce sujet une conférence contradictoire. Cette conférence eut lieu en septembre ou octobre. Cesarini représenta et défendit la thèse théologique qui lui était chère. Comme les Bâlois, il affirma que la proposition discutée et le décret de Constance de 1415 étaient connexes, que condamner l’un, c’était condamner l’autre. Le coup allait directement contre la bulle Moyses qui avait expliqué que ces fameux décrets du 30 mars et du 6 avril 1415, postérieurs à l’évasion de Jean XXIII, œuvre au surplus d’une seule des trois obédiences, n’ayant pas de sanction pontificale, étaient de valeur contestable. Voir Constance (Concile de), t. iii, col. 1205, 1220. Torquemada, dans sa réponse, se borna à développer cet argument que la constitution Moyses lui fournissait pour en arriver à cette conclusion : la théorie conciliaire formulée dans les décrets de Constance peut être vraie dans les cas de schisme, lorsqu’il y a plusieurs papes et qu’ils sont douteux ; la théorie de Bâle, au contraire, est fausse et impie dans sa forme générale comme « vérité de foi » . Le pape régulièrement élu et regardé comme pape indubitable est au-dessus du concile. Quelques mois après cette dispute, le 20 avril 1441, Eugène IV adressait aux universités, aux rois et aux princes sa fameuse bulle Etsi non dubilemus, dans laquelle il défendait la primauté du pape sur les conciles et expliquait que les décrets de 1 115 étaient l’œuvre des partisans de Jean XXIII, qu’ils avaient soulevé de violentes récriminations même dans le parti et qu’ils avaient été votés quand le synode n’était point encore œcuménique. N. Valois, Le pape et le concile, t. ii, p. 208-210. Cette reprise énergique et cette défense véhémente de la thèse romaine sous la plume d’Eugène IV était, à n’en pas douter, un des effets les plus certains des triomphes que le souverain pontife avait remportés par laite d’union « les Églises. Ces triomphes, du reste, se poursuivaient et se fortifiaient par l’union qui se scellait à la même époque entre le pape et les autres Eglises orientales.

2. Les Églises orientales.

a) V Église arménienne.

— Invité à se rendre au concile par Eugène IV dès 1434, le patriarche arménien Constantin V avait envoyé à Florence en t 138 quatre députés pour qu’il

y scellassent en son nom l’union telle qu’elle avait autrefois existé. Malheureusement ils arrivèrent mi Italie au moment ou les grecs allaient en partir. Ce ne fut donc que le 22 novembre 1 139 que les Pères

purent lire et solennellement adopter en séance

publique le décret spécial qui consacrait l’union des Arméniens avec Rome. Ce décret, après un préambule

OÙ le pape dit sa joie du retour des Arméniens a

l’Église et comment il s’est enquis, par l’intermé dièdre du concile, de la foi des Orientaux, reproduit

dans ses grandes lignes un OpUSCUle de saint Thomas arrangé a l’usage des Arméniens, le Dr ftdii articulis